On l'attendait toutes griffes dehors prêt à rugir à la trahison et à se jeter sur le cadavre encore fumant de la pellicule incriminée. On était prêt à le réduire en charpie cet énième reboot qu'un Hollywood cynique nous jette au visage comme c'est devenu la norme au royaume des stars et des paillettes. Même le nom de Steven Spielberg qui apparait en tant que producteur exécutif n'atténuait pas nos interrogations et la perspective que Colin Trevorrow ne soit qu'un tâcheron qui replongerait la franchise Jurassic Park au rayon de la préhistoire était bien là. On était sceptique comme avec tous ces projets qui tentent de ressusciter un lustre d'antan et puis on a vu Jurassic World. Et si nos certitudes n'ont pas toutes volées en éclat, loin de là, si ce quatrième volet n'arrive pas à égaler la magie inaltérable du premier épisode, force est de constater que l'on a pris du plaisir là où l'on s'attendait à souffrir. Restituant avec efficacité une recette éprouvée par trois épisodes de qualité inégale (sommairement un chef-d'œuvre, une suite réussie et un troisième film en très grande partie raté), Jurassic World réussit un mix plutôt honnête et bien foutu, techniquement à la hauteur, parfois drôle et sachant capitaliser sur des scènes d'action à grand spectacle dont certains parviennent à être ébouriffantes et à emporter tout sur leur passage. Arrêtons là les dithyrambes le film n'est pas exempt de défauts, mais il faut bien avouer que sa mission de divertissement haut de gamme est réussie et que c'est déjà pas mal du tout, dès lors que nos craintes étaient gigantesques.
Jurassic World, à grand coups d'œil au premier film se donne comme alibi de faire dans l'hommage respectueux. Ce n'est pas totalement faux puisque l'on retrouve de nombreux éléments qui firent le triomphe du chef-d'œuvre de Spielberg, mais rendre hommage par ci par là c'est très bien, mais quand ça devient trop systématique, le cynisme et l'opportunisme ne sont pas loin. De fait, le film est clairement adapté pour rentrer dans les cases des blockbuster actuels, et donc n'hésitant pas à aligner les surenchères. A titre d'exemple, cette fois-ci le parc est ouvert et le public y est nombreux, multipliant par conséquent le nombre d'innocentes victimes potentielles. Question originalité on repassera donc, mais le film est clairement de son époque, en s'étant doté d'un héros qui n'usurpe pas ce statut, interprété par un bon Chris Pratt. C'est pourtant aussi là que Jurassic World trouve sa limite, car en mettant un héros invulnérable au centre de son intrigue, dont on ne doute pas un instant qu'il sera le plus fort, la magie de l'incertitude du sort des protagonistes principaux s'estompe conséquemment. Après une mise en place un brin longuette et un poil trop explicative, cela fonctionne pourtant. Dès lors que tout part en sucette et que les dinosaures sont lâchés aux trousses de tout ce qui est à leur portée, le film devient par moments carrément haletant et même si Vincent D'Onofrio ou Omar Sy n'apportent rien à des personnages insuffisamment caractérisés et si leur présence est plus anecdotique que réellement intéressante, même si les deux enfants sont stéréotypés à l'extrême et assez agaçants (surtout le plus jeune), le duo Chris Pratt/Bryce Dallas Howard tient la route et toutes les scènes avec les dinosaures sont plutôt réussies. Colin Trevorrow fait le job et s'il n'est clairement pas un auteur de la trempe de Spielberg (mais qui l'est? ), il ne démérite pas dans sa mise en scène relativement astucieuse. Jurassic World ne marquera évidemment pas comme Jurassic Park en son temps, mais si vous voulez voir un film fun entre copains en vous gavant de pop corn, vous pouvez y aller sans craintes.
Titre Original: JURASSIC WORLD
TRÈS BIEN
Catégories: Critiques Cinéma
Tagged as: bd wong, BRYCE DALLAS HOWARD, chris pratt, colin trevorrow, critique jurassic world, Judy Greer, jurassic park, JURASSIC WORLD, Omar Sy, steven spielberg, vincent d'onofrio