De précédentes études ont suggéré un lien entre la dépression postnatale chez la mère et la dépression plus tard chez l’enfant, mais c’est l’une des premières études à évaluer le lien avec la dépression de la mère pendant la grossesse. Une étude a néanmoins invoqué des facteurs épigénétiques, entre les troubles de l’humeur et le stress de la mère et les troubles du comportement chez le nourrisson.
L’étude a porté sur les données de 103 femmes enceintes, participant à la cohorte South London Child Development Study, recrutées à 20 semaines de leur grossesse et dont la santé mentale a été suivie pendant la grossesse et jusqu’au 16è anniversaire de l’enfant. Les enfants ont également renseigné par entretien et évaluation leurs résultats de santé mentale à l’âge de 25 ans. Les chercheurs ont également pris en compte l’incidence des » mauvais traitements » subis durant l’enfance.
L’analyse montre que,
· le risque de dépression chez l’enfant une fois à l’âge adulte, issu de mère dépressive est 3 fois supérieur à celui des autres enfants (OR : 3,4).
· Ces jeunes adultes dépressifs ont aussi » subi » une incidence double de mauvais traitements (pas nécessairement de la part de la mère) (OR : 2,4).
· Cette maltraitance accrue contribue à expliquer le lien entre la dépression maternelle et la dépression chez son enfant, une fois adulte.
2 explications : un lien
- entre dépression maternelle et risque accru de maltraitance de l’enfant et
- entre dépression maternelle, augmentation des niveaux d’hormones de stress dans l’utérus avec impact sur le développement de l’enfant. L’étude cependant ne démontre pas la relation de cause à effet.
Bien évidemment, l’étude incite à la détection des symptômes de dépression chez les femmes enceintes, d’autant que, sur cet échantillon, 34% des participantes ont connu la dépression pendant la grossesse et 35% ont développé une dépression postnatale. Enfin, une maltraitance a été signalée pour 35% des enfants…
Enfin, rappelons que l’utilisation d’antidépresseurs chez les femmes enceintes est une question largement débattue, en raison des effets possibles sur le développement du bébé. Il existe d’autres thérapies, non médicamenteuses, dont l’efficacité a été démontrée.
Source:British Journal of Psychiatry June 4 2015 DOI: 10.1192/bjp.bp.114.156620Maternal depression during pregnancy and offspring depression in adulthood: role of child maltreatment
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