"Ce monde subjonctif de la femme, ce règne de sa présence, était la garantie qu'aucune action entreprise en son sein ne posséderait jamais sa pleine intégrité ; dans chaque action il y avait une ambiguïté qui correspondait à l’ambiguïté dans la personne, divisée entre surveillant et surveillé. La prétendue duplicité de la femme était le résultat de la domination monolithique de l'homme".
"Pour la femme, l'état amoureux était un interrègne hallucinatoire entre deux propriétaires, le fiancé prenant la place du père, ou plus tard, peut-être, l'amant prenant celle du mari".
"Marika fit son entrée cinq minutes après G. Elle marchait comme un animal. Il m'est difficile de décrire sa démarche parce qu'elle évoquait non pas celle d'un animal mais plusieurs. Elle ressemblait à un animal composite, une licorne, mais en même temps il n'y avait rien de mythique en elle. Ce n'était pas une apparition parmi les fleurs d'une tapisserie. Ses jambes étaient osseuses et très longues. Parfois, j'ai l'impression qu'elles partaient des épaules et que, comme les quatre jambes d'un cheval, elles avaient chacune trois articulations. En marchant, elle gardait la tête immobile. Son cou était large et musclé. Elle avait le port de tête d'un cerf ; au-dessus de sa chevelure rousse, il y avait des bois invisibles. Pourtant elle se déplaçait de façon gauche, se balançant d'un côté à l'autre, sa foulée ne paraissait jamais assez sûre pour sa taille et sa corpulence - en cela, elle ressemblait à un chameau". "La fin du monde, quand elle arrive, est plus douce qu'un murmure"