Mao Xiao vit une enfance paisible dans le sud de la Chine, au sein d'une famille adoptive qui cultive les fleurs. Mais Mao Xiao, aussi appelé Petit Mao, n'est pas un enfant comme les autres. Il est en réalité le fils de He Zizhen et de Mao Zedong, élu Président de la première République Soviétique Chinoise en 1931. Abandonné par ses parents qui lui ont préféré la lutte armée, il ne cessera de s’interroger sur ses origines et tentera de retrouver ses parents pour donner un sens à son existence.
C'est un pan de l'Histoire qui m'était inconnu que Jacques Baudouin a choisi de développer dans ce roman. Evidemment, on s'interroge sans cesse sur la part accordée à la vérité par rapport à la ficton mais là n'est pas l'essentiel. Par ses connaissances approfondies et son sens de la pédagogie, l'auteur nous raconte la montée au pouvoir de Mao Zedong et du parti communiste de façon très claire. C'est en compagnie de Petit Mao que nous avancons petit à petit dans la compréhension des événements de cette époque, sur une période allant de sa petite enfance à l'âge adulte.
Dans ce roman, le décorum occupe une place capitale. Jacques Baudouin nous plonge dans la Chine des années 1930, marquée par la pauvreté et les guerres successives qui obligent la population à se déplacer en masse pour échapper aux conflits. Nous assistons à la montée au pouvoir de Mao Zedong, initialement chef du parti communiste mais qui, notamment grâce à l’appui de Staline, va devenir le personnage incontournable de la Chine, faisant régner la terreur sur son pays.
En tant que lecteur, nous vivons ces différents événements avec les yeux de Petit Mao, qui tente de comprendre le monde dans lequel il vit. Enfant solitaire et réservé, il évolue au milieu des livres grace à son père adoptif, lettré et enseignant. Devenu adulte, c'est avec beaucoup d'intelligence et de réalisme qu'il critique les décisions politiques de son père et qu'il observe leurs conséquences sur la population chinoise. C'est aussi un homme profondément blessé que l'on cotoie tout au long du roman, constamment tiraillé entre l’envie de connaitre ses véritables parents et celle de rester auprès de son père adoptif dont il est très proche. Qu'il s'agisse de ses traits de caractère ou de l'évolution de sa personnalité au fil de ses expériences, c'est avec beaucoup de justesse que Jacques Baudouin nous dresse le portrait de cet homme habité par un sentiment de rejet permanent, provoquant un grand élan d'empathie pour Petit Mao.
Un récit captivant qui témoigne d'une grande maitrise de l'écriture ainsi que d'une connaissance approfondie de la Chine. Un roman dont on sort grandi.
Petit Mao – Jacques Baudouin – Editions JC Lattès – 2010
Du même auteur:
- Le silence des vivants