La Chine a prévenu qu'elle n'enverrait en Israël des travailleurs du
bâtiment qu'à condition que l'Etat hébreu s'engage à ne pas les employer
dans des colonies de Cisjordanie occupée, a indiqué lundi à l'AFP un
responsable gouvernemental israélien.
"Nous sommes en cours de négociation avec la Chine pour un accord
portant sur la venue de milliers de travailleurs supplémentaires. Pour
le moment, ces discussions butent sur plusieurs problèmes dont l'emploi
de ces immigrés dans les implantations de Judée-Samarie", le nom donné
par les Israéliens à la Cisjordanie, a affirmé ce responsable qui a
requis l'anonymat. "Pékin demande que nous nous engagions à qu'ils ne
soient pas employés dans cette région, ce qui pose un problème", a-t-il
ajouté sans donner plus de détails. Jusqu'à présent, les travailleurs
chinois arrivaient en Israël dans le cadre de contrats privés conclus
entre des entreprises israéliennes et chinoises. Les deux pays ont
engagé il y a un an et demi des négociations sur un accord officiel
fixant des contrats de travail pour les immigrés chinois.
Le gouvernement de Benjamin Netanyahu, un des plus à droite de
l'histoire d'Israël formé après les législatives du 17 mars, peut
difficilement accepter la condition posée par Pékin alors qu'il ne
dispose que d'une seule voix de majorité au Parlement, ce qui le place
sous la dépendance du puissant lobby des colons. Le responsable a assuré
que la demande de Pékin "n'a aucun rapport avec la campagne mondiale
lancée par BDS" (Boycott, désinvestissements, sanctions) un groupe d'ONG
qui appellent à boycotter Israël pour dénoncer notamment l'occupation
des Territoires palestiniens.
Les constructions dans les colonies, où vivent près de 400.000
Israéliens, représentent 3% de l'ensemble des mises en chantier en
Israël, selon le Bureau central des statistiques. Le désaccord sur les
travailleurs chinois survient dans un contexte tendu: ces derniers
jours, un grand syndicat étudiant britannique a rejoint BDS et les
Palestiniens ont tenté d'obtenir la suspension d'Israël de la Fifa. Une
polémique a également éclaté avec le PDG français du groupe Orange
Stéphane Richard qui a affirmé qu'il souhaitait mettre fin à l'accord de
licence de marque liant Orange à la compagnie israélienne Partner. Ses
propos ont été perçus comme une volonté de quitter Israël ce que M.
Richard a démenti.
Selon le responsable israélien, la demande chinoise "semble plutôt
liée à la position diplomatique de Pékin qui soutient la création d'un
Etat palestinien et s'oppose à la présence d'Israël" en Cisjordanie.
Dans un premier temps, Israël souhaitait, selon le quotidien Haaretz,
augmenter de 8.000 le nombre de travailleurs dans le bâtiment puis de le
porter 15.000 afin d'accélérer la construction de logements et de
provoquer une baisse des prix. Sans un accord avec la Chine, atteindre
de tels quotas semble pratiquement impossible.
Israël a conclu des accords bilatéraux permettant l'emploi
d'immigrés avec la Thaïlande, le Sri Lanka pour l'agriculture, la
Bulgarie, la Moldavie et la Roumanie pour les ouvriers du bâtiment
tandis que des négociations sont en cours avec le Népal et le Sri Lanka
pour les employés des services à la personne.
Source : Lorientlejour