Un film de Alejandro Gonzalez Innaritu (2000 - Mexique) avec Gael Garcia Bernal, Vanessa Bauche, Emilio Echevarria, Goya Toledo, Alvaro Guerrero
Sombre, douloureux, désabusé.
L'histoire : Un jeune homme, d'un milieu populaire, est amoureux de sa belle-soeur, et ne supporte pas le traitement que lui inflige son frère. Il s'engage dans des combats de chiens pour gagner de l'argent et s'enfuir avec elle. Un directeur de presse quitte sa femme pour vivre avec sa jeune maîtresse, célèbre mannequin. Un vieil homme crasseux, ex guerillero, tueur à gages à ses heures, donne tout son amour à des chiens abandonnés ou blessés, tout en observant de loin sa fille, qu'il n'a pas revue depuis des années, se demandant s'il doit ou non reprendre contact... Toutes ces personnes verront les espoirs qu'ils nourrissent soudainement bouleversés par un accident de voiture qui les place en quelques secondes sur le même carrefour au même moment.
Mon avis : J'aime beaucoup Innaritu et je voulais depuis longtemps me refaire ce film, dont je n'avais pas vu la fin, car nous avions mal programmé le magnétoscope. Je n'ai pas été déçue, j'ai même adoré et bien que le film soit long (2h30), je n'ai jamais décroché (certaines scènes sont hallucinantes). Bien sûr, avec cette façon "puzzle" autour d'un accident de voiture, on pense immédiatement à Collision de Paul Haggis ; sauf que ce dernier, c'était en 2005 tandis qu'Amours chiennes date de 2000. Et toc.
Les thèmes principaux s'emmêlent prodigieusement : les amours malheureuses, les destins brisés, les tentatives de rédemption ; la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Et les chiens dans tout ça ? Il y en a partout et leur rôle est important. Tous les personnages ont des chiens, chiens de combat, chien de salon, et ils se retrouvent tous un jour ou l'autre chez le SDF, le seul qui les aime juste pour ce qu'ils sont. Et ce message-là est une des clés du reste : le secret de l'amour, c'est d'aimer sans en attendre un quelconque avantage. Tous se fourvoient dans des relations destructrices et impossibles. Et tous se retrouvent prostrés lorsque le destin bouleverse leur vie, d'une façon on d'une autre. Moralité : n'attendre rien, ni des autres, ni de l'avenir ; prendre les gens et les choses comme ils viennent.
Les combats de chiens sont extrêmement durs. Rottweilers contre pitbulls. Féroce, sanglant, inutile. Ils illustrent à merveille les relations des hommes entre eux ! La nature humaine est tout aussi bestiale, mais avec plus de "raffinements" divers et variés, et la ville une jungle inextricable, crue et poisseuse. Le titre célèbre magnifiquement le concept !
Sauf erreur, ce film fait partie des premiers à introduire cette technique du puzzle : des gens qui ne se connaissent pas et se retrouvent par hasard au centre d'un événement commun. Ici, il n'y a que trois histoires qui se téléscopent mais Innaritu a récidivé dans le sublime Babel, peaufiné jusqu'à la perfection (selon moi) où ils multiplient les personnages et nous apprend au fur et à mesure que tous ont des liens entre eux d'une manière ou d'une autre. Idem d'ailleurs pour 21 grammes.
Critiques élogieuses de la part de la presse et engouement du public... sur Internet. Car en France, il n'a fait que 150.000 entrées ; normal, un film mexicain, d'un réalisateur inconnu ! Il a depuis prouvé maintes fois son talent.
C'était la première fois que je voyais Gael Garcia Bernal (son premier rôle au cinéma, du reste)... ensuite, et bien que je n'avais pas vu le film en entier, je n'ai plus jamais lâché sa carrière ! Excellente interprétation de tous les autres comédiens.
Là où réside un grand mystère, c'est qu'Innaritu déclare avoir voulu montrer la violence de sa ville, Mexico, l'une des plus grandes du monde, mais aussi sa paradoxale beauté. M'ouais... je n'ai rien vu de très engageant en ce qui me concerne ! Ca ne donne pas envie d'y aller, alors qu'elle doit effectivement regorger de trésors !