genre: action (interdit aux - 12 ans)
année: 2009
durée: 1h33
l'histoire : Un jeune désoeuvré, aigri par les frustrations quotidiennes, entre en rébellion contre la société. Il entreprend de se confectionner une armure et de rassembler un arsenal de guerre. Son but: une fusillade en pleine rue grâce à laquelle il réglera ses comptes. Qui pourra l'arrêter ?
La critique :
La carrière de Uwe Boll, réalisateur, scénariste et producteur allemand, remonte au début des années 1990. Pourtant, ce n'est qu'à partir du début des années 2000 que Uwe Boll va commencer à se faire connaître. Pas forcément de la meilleure des manières. En effet, le cinéaste se distingue avec des nanars grotesques et ridicules, la plupart du temps, tirés de jeux vidéos.
Que ce soit Bloodrayne, House of the Dead, Alone In the Dark ou encore King Rising, tous ces films sont brocardés, admonestés et vilipendés par la critique et la presse cinéma. Pourtant, le phénomène Uwe Boll est en marche. Taxé de pire réalisateur de tous les temps par certains médias, Uwe Boll rencontre néanmoins son public en vidéo.
En effet, certains fans parlent même d'un artiste incompris et pétri de talent. Prolifique, Uwe Boll sort des films à la pelle. En 2007, il se distingue avec Postal, un film d'action humoristique, qui séduit des sites et des médias plus indépendants. Parallèlement, Uwe Boll continue de s'atteler à la tâche. Visiblement, le réalisateur se contrefout de la critique et de ses anathèmes.
La consécration arrivera à la fin des années 2000, plus précisément en 2009, avec Rampage, Sniper En Liberté. Pour certains fans et même certains sites de cinéma, ce film d'action est une véritable bombe. Certains évoquent même le ou l'un des meilleurs films de Uwe Boll.
Au niveau de la distribution, le long-métrage réunit Brendan Fletcher, Shaun Sipos, Matt Frewer et Michael Paré. Au moment de sa sortie en vidéo, Rampage déclenche une petite polémique. Beaucoup y voient un film nihiliste, brutal, d'une rare violence et aux intentions douteuses. En tout cas, avec Rampage, Uwe Boll s'éloigne de l'univers du nanar et réalise un film sérieux, torturé et désespéré.
Pour l'anecdote, Uwe Boll reconnaît avoir écrit les premières ébauches du scénario quand il était encore étudiant à la faculté. A l'époque, le cinéaste est un jeune homme en colère et en plein marasme. Rejeté et vitupéré par ses pairs, Uwe Boll est en quête de revanche.
Il peaufine son script au fil des années et s'inspire de différents films et faits divers. En effet, Rampage fait inévitablement penser au massacre perpétué par deux adolescents dans le lycée de Columbine aux Etats-Unis. En ce sens, les thèmes de Rampage ne sont pas sans rappelés ceux du film Elephant, de Gus Van Sant. Néanmoins, la comparaison s'arrête bien là et Rampage n'a pas du tout les mêmes ambitions. Attention, SPOILERS ! Bill est un adolescent perturbé et foutrement nihiliste très loin d’être en phase avec la société et son entourage.
Petit génie de l’électronique et de la mécanique vivant encore chez ses parents, il se construit une sorte d’armure en Kevlar résistant aux balles et s’en va faire un massacre dans sa ville en dégommant tout ce qui bouge.
Clairement, Rampage n'a presque aucune revendication sociale, même si le film explore, à sa manière, les effets néfastes d'une société en crise et anomique sur les classes moyennes et populaires. En l'occurrence, le film se concentre presque exclusivement sur le point de vue de son tueur principal. On suit donc la longue descente en enfer d'un adolescent replié sur lui-même, en apparence apathique, influencé en partie par une idéologie fascisante prônant la loi du Talion.
Uwe Boll nous décrit alors un jeune homme en colère, en proie au chaos et qui décide, du jour au lendemain, de prendre les armes et de mener sa propre guerre. A partir de là, Bill dézingue tout ce qui bouge. En résumé, le jeune éphèbe ne fait pas de prisonniers. C'est une véritable bombe à retardement.
Hommes, femmes, vieux et enfants, tout le monde se fait massacrer sans ambages. Sur ce dernier point, Rampage n'est pas sans rappeler l'univers du jeu vidéo. En effet, tuer, assassiner, annihiler et exterminer la population locale devient un jeu enfantin. C'est à la portée de main de n'importe quel psychopathe révolté par notre société en déliquescence.
Encore une fois, sur ce point précis, Rampage fonctionne presque comme un jeu vidéo. Certes, Bill sera poursuivi par la police, mais sans être jamais réellement inquiété. Paradoxalement, c'est aussi la simplicité de ce jeu qui rend la situation à la fois aussi grotesque et violente.
La force du film repose essentiellement sur son personnage principal, admirablement interprété par Brendan Fletcher. Néanmoins, Rampage pâtit tout de même de nombreux défauts. Même si on perçoit bien les enjeux du film, Rampage n'en reste pas moins qu'un gros film d'action bourrin. Ne réalise pas Elephant qui veut. Les thèmes de Rampage auraient mérité un peu plus de pertinence, de recul et d'analyse. Par exemple, la transformation de Bill en tueur psychopathe flinguant tout le monde est un peu trop rapide et soudaine pour être totalement crédible.
Même remarque pour les personnages secondaires, qui ne présentent aucun intérêt. Ce sont tous de vulgaires quidams destinés à servir de menu fretin à notre nouvelle terreur de la ville et de la gâchette. Enfin, même si la durée du film est relativement courte (à peine une heure et demie de bobine), Rampage finit par perdre de son souffle et de son impact dans ses dix dernières minutes.
Dans l'ensemble, cette pellicule furieuse, violente et surréaliste manque (encore une fois) de pertinence et de profondeur. Mais ne soyons pas trop sévères, malgré ses défauts, Rampage délivre bel et bien l'uppercut annoncé.
Note: 13.5/20
Alice In Oliver