Vous connaissez cette sensation de bien-être quand vous ouvrez le dernier livre d’un auteur que vous appréciez. Un avec qui vous n’êtes quasiment jamais déçu. Il reste toujours un petit frisson de « et si celui-là ne m’embarquait pas autant, ailleurs, à un notre moment… » Mais les premières lignes le chassent vite, surtout dans L’instant présent où le premier chapitre bref est d’une efficacité redoutable. On ramasse sa mâchoire dès la 2ème page. On se dit que Guillaume ne devrait pas attaquer si fort, il risque de ne pas tenir la longueur. Et pourtant, après l’uppercut, c’est tout au long des 24 chapitres, qu’il nous travaille au corps et à l’âme sans jamais rien lâcher.
Arthur, jeune médecin de Boston, entretient des relations conflictuelles avec son père. Celui-ci lui fait pourtant un cadeau : un phare et sa maison attenante. Il accompagne ça de révélations surprenantes sur la disparition inexpliquée de son grand-père. Arthur pousse la porte de trop et se retrouve happé dans le labyrinthe du temps et les méandres de sa vie…vingt-quatre voyages. Une vie en vingt-quatre jours, un par an, avant de disparaître à nouveau…
Je ne vous en dis que très peu, tellement la découverte de chaque rouage de cette histoire m’a attrapé le cerveau, les tripes et le cœur. Dévoré en quatre jours, la force de ce livre est le défilement du temps et ses fameux vingt-quatre voyages à travers un quart de siècle de la Grande et de la petite histoire. Guillaume Musso a extrêmement bien dépeint chacune des années qu’Arthur traverse, du début des 90’s à 2015, traçant à travers tous les détails (vêtement, musique, film, objets) les mutations de notre société de ces vingt-cinq dernières années.
L’histoire d’amour qui se noue entre le personnage et une jeune comédienne à la dérive, Lisa, peut paraître centrale au premier abord, avec cette urgence à vivre, comprendre, ressentir les choses. Un concentré de vie en vingt-quatre heures. J’y ai retrouvé les questions que l’on se pose quand on se dit : « Et si aujourd’hui c’était le dernier jour ? ». Et puis, la trame de fond ressort par petites brides et vient prendre le pas dans notre réflexion quand on ferme le livre : la paternité, les liens du sang, la famille… Ça touche d’autant plus quand on a des enfants et qu’on se demande quelle relation on construit avec eux au jour le jour. On pense souvent à l’avenir, on prépare toujours le terrain pour après. Mais qu’en est-il de « maintenant, tout de suite » ? La fin de cette histoire clôt cette réflexion magnifiquement, un peu comme dans l’Odysée de Pie, où le dénouement vous fait revenir sur chaque étape avec un œil neuf et une nouvelle compréhension des choses… Double lecture, j’adore ! Et on en ressort avec l’envie simple du Carpe Diem, du « ici et maintenant » qui fait énormément de bien actuellement.
Il y a peu, Mélanie me faisait la réflexion suivante concernant les livres de Guillaume Musso : ils sont ces bons plats nourrissants, simples et réconfortants des semaines difficiles. Et ça fonctionne aussi très bien en vacances, détendu, sur une plage ou allongé dans l’herbe, mi-ombre, mi-soleil.
L’instant présent de Guillaume Musso, XO Editions, mars 2015.
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