Je suis une touriste
dans ma propre vie,
contemplant les formes exotiques
des fleurs
comme si c’était quelqu’un d’autre
qui les avait plantées ;
séparée
de la pénombre des chambres
des enfants
par un invisible
cordon de velours.
Les vêtements dans mon placard
sont des accoutrements
destinés à une autre femme
bien que ce soit moi qui me cache
dans leurs soyeuses textures.
C’est l’homme qui dort
dans mon lit
qui me connaît le mieux
dans le noir.
*
I am a tourist
in my own life
gazing at the exotic shapes
of flowers
as if someone else
had planted them;
barred
from the half-lit rooms
of children
by an invisible
velvet rope.
The dresses in my closet
are costumes
for a different woman,
though I hide myself
in their silky textures.
The man asleep
in my bed
knows me best
in the dark.
***
Linda Pastan (née à New York en 1932) – Une semaine en Avril (Recours au poème éditeurs, 2015) – Traduit de l’anglais par Raymond Farina