Marcel Duchamp (né à Blainville-Crevon, Seine-Maritime, le 28 juillet 1887 et mort à Neuilly-sur-Seine, Hauts-de-Seine, le 2 octobre 1968) est un peintre, plasticien, homme de lettres français, naturalisé américain en 1955. Ne se réclamant d'aucun mouvement, il est aujourd'hui souvent classé dans le dadaïsme.
Considéré par beaucoup comme l'artiste le plus important du XXe siècle, il est l'inventeur des ready-made, et sa démarche artistique exerce une influence majeure sur les différents courants de l'art contemporain. C'est ainsi qu'il est vu comme le précurseur et l'annonciateur de certains aspects les plus radicaux de l’évolution de l'art depuis 1945. Il est considéré comme un des premiers ou même le premier à pouvoir qualifier « œuvre d'art » n'importe quel objet en accolant son nom à celui-ci.
Son père est notaire à Blainville-Crevon, et sa mère une musicienne accomplie. Son grand-père, courtier maritime et artiste, enseigne l'art à ses petits-enfants. Marcel est le troisième enfant d'une famille qui en compte sept. Durant l'été 1902, il entame ses premières toiles en s'inspirant des paysages de Blainville et ne jure que par Monet.
Il poursuit brillamment ses études à l'école Bossuet de Rouen, décrochant à quinze ans la première partie de son baccalauréat avec un 1er prix de dessin. L'année suivante, il décroche la deuxième partie (Lettres-Philosophie) et la médaille d’excellence des « Amis des Arts ».
1911 - Nu (peinture)
En octobre 1904, avec l'accord de son père, il part s'installer à Paris, vivant chez son frère devenu le peintre Jacques Villon. Il s’inscrit à l'Académie Julian, mais n'y reste qu'une année, abandonnant à cause des cours théoriques. Il ne cesse de dessiner, de jouer au billard et assiste aux numéros de cabaret humoristiques.
Après avoir échoué au concours d'entrée des Beaux-Arts de Paris, Marcel est appelé à faire son service militaire. Il obtient en quelques semaines un diplôme d'imprimeur de gravures dans le but unique de réduire autant que possible son passage sous les drapeaux (restreint pour les ouvriers d'art). Nommé caporal le 11 avril 1906, Marcel est libéré le 3 octobre.
N'ayant finalement fait aucune école d'art, il est considéré comme un autodidacte. Pour gagner sa vie, Marcel, comme son frère, tente de proposer des caricatures satiriques à des journaux. Après quelques refus, dix-huit dessins sont enfin publiés entre novembre 1908 et octobre 1910. Marcel hésite désormais entre deux carrières : humoriste ou peintre. Il propose ses dessins au Salon des Humoristes en mai-juin 1907 mais sans grand succès.
Il commence à exposer des tableaux au Salon d'Automne de 1908, très marqué par les impressionnistes. Au printemps 1909, il expose au Salon des Indépendants deux paysages dont l'un sera vendu : pour Marcel, c'est une première. Il continue d'exposer, rencontre Francis Picabia, Fernand Léger, Guillaume Apollinaire...
Entre 1910 et 1912, le style de Duchamp va considérablement évoluer, passant par différentes phases. De 1911 à 1912, Duchamp élabore des dessins énigmatiques et de minutieux tableaux travaillés à l’ancienne. Il compose alors une iconographie hermétique, déconcertante de complexité, relevant d’une forme de maniérisme arcimboldesque.
1917 - Fontaine
Il se lance à partir de 1913 dans les premiers ready-made, objets « tout faits » qu’il choisit pour leur neutralité esthétique : Roue de bicyclette (1913), Porte bouteilles (1914), Fontaine (1917), un urinoir renversé sur lequel il appose la signature « R. Mutt ». Cet objet est refusé par les organisateurs de l'exposition de la Société des Artistes Indépendants de New York.
Réformé en 1914, il part à New York et entretient des liens avec Man Ray, Arthur Cravan, Alfred Stieglitz et Francis Picabia avec qui il fonde la revue 391.
Au moment où il travaille sur les esquisses du Nu descendant l'escalier (1911-12), il découvre les expériences protocinématographiques de Étienne-Jules Marey, entre autres. Sa Roue de bicyclette (1913) peut également s'inscrire dans les prémices de ses travaux sur le mouvement poético-sculptural, ce ready made est en effet considérée comme à l'origine de l'art cinétique. La phase suivante entretient un rapport entre moteurs électriques, disques transparents ou recouverts de motifs géométriques (1920-1923), et qui culminera avec les Rotoreliefs, dont il déposera le brevet (1935).
En 1926, il réalise un court-métrage expérimental intitulé Anemic Cinema, d'une durée de 7 minutes qu'il signe du pseudo Rrose Sélavy, avec la complicité de Man Ray et du réalisateur Marc Allégret. Des disques en mouvement sont filmés sur lesquels sont parfois inscrits des phrases où l'absurde, l'humour noir et l'allitération sont de mise. Par la suite, il apparaît dans quelques films d'artistes, mais aussi des documentaires.
Il fut un excellent joueur d'échecs, participant à des championnats.
Vie privée
Marcel Duchamp est le père d'une enfant naturelle, Yvonne, née le 6 février 1911 de Marguerite Chastagnier, son modèle. L'artiste ne découvrira l'existence de cette enfant qu'en 1922.
Roue de bicyclette
En 1924, Duchamp entame une liaison avec Mary Reynolds née Hubachek, qui exerce le métier de relieur d'art. Cette liaison dura plus de vingt ans.
Le 8 juin 1927, Duchamp épouse Lydie Sarazin-Levassor. Ils divorcent six mois plus tard. Duchamp dit à sa femme qu’il ne peut plus supporter les devoirs du mariage et son enfermement. Peu après, il s'affiche publiquement avec Mary Reynolds.
Entre 1940 et 1944, il vit à New York, à Greenwich Village, vivant avec Mary, entouré d'intellectuels français en exil, dont André Breton et Robert Lebel avec lesquels il restera très proche.
Entre 1947 et 1951, il entretient une liaison avec la sculptrice brésilienne Maria Martins.
En 1954, il épouse en deuxièmes noces Alexina, dite Teeny.
1947 - Prière de toucher
Le samedi 15 mai 1965, Duchamp organise un « dîner Rrose Sélavy » au restaurant Victoria (Paris) et s'entoure d'une trentaine de convives, tous membres de l’Association pour l'Etude du Mouvement Dada. Au cours du dîner, il dépose dans un récipient les cendres d'un cigare et à la fin, celles du procès verbal attestant du contenu dudit récipient baptisé L'Urne, laquelle, véritable ready-made, est ensuite scellée et signée.
Postérité
Marcel Duchamp a révolutionné la conception académique de l’art qui, jusqu'alors, ne jugeait la valeur d'une œuvre qu'à l'aune des efforts et du travail dispensés pour une finalité édifiante. L'hétérogénéité de ses moyens d'expression et la complexité de ses œuvres, de la peinture, à l'installation plastique la plus hermétique en passant par les détournements d'objets « tout fait » décrétés œuvres d'art par sa seule volonté associées à sa constante revendication du « droit à la paresse », ne permettent de le classer dans aucun des mouvements artistiques du XXe siècle. Duchamp a traversé le cubisme, le futurisme, Dada et le surréalisme en s'excluant lui-même de tout courant.
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