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[Éphéméride de l’Histoire n°2] Le Sacre de Louis XIV

Publié le 07 juin 2015 par Antoine Dubus @Ashendir
[Éphéméride de l’Histoire n°2] Le Sacre de Louis XIVC'est le 7 juin 1654 que le bien nommé Roi Soleil, Louis XIV, fût sacré et couronné Roi de France par l'évêque de Soissons, Simon Legras, en la cathédrale de Reims. Revenons ensemble sur cet événement qui marqua le début du règne du " plus grand roi du monde ".

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Après 11 ans de régence (de la mort de Louis XIII en 1643 au sacre de Louis XIV), la reine-mère Anne d'Autriche et son fidèle cardinal Mazarin doivent laisser gouverner le jeune Louis-Dieudonné, âgé de seize ans. Cependant, ce dernier, préférant s'exercer à l'art de la guerre, laisse, malgré son couronnement, le champs libre à Mazarin de continuer à gouverner la France encore quelques années. Il n'en reste pas moins que le sacre à Reims est une étape obligatoire dans la vie d'un roi de France, et qui plus est, un événement pleine de majesté, de grandeur et d'extravagance.

A peine apprend-t-on la date du sacre que la ville de Reims contracte deux emprunts l'un après l'autre, le premier de 18 000 livres et le second de 4 000 livres. Cela afin de satisfaire aux besoins d'une telle cérémonie. Il s'agit en effet de décorer l'intégralité de la cathédrale avec d'immenses tapisseries et de grands tapis de Turquie, des centaines et centaines de cierges (ils valaient un certain prix à l'époque) ainsi que des décorations dans toute la ville, sur les entrées, sur le chemin qu'allait emprunter Louis XIV, etc. Reims allait subir de lourd travaux, on allait notamment repaver certaines rues, consolider les ponts, installer de grandes estrades en bois. Tout cela sans oublier les frais d'hébergement des seigneurs et les nombreuses victuailles qui allaient être servies lors du banquet d'après-sacre. Le vin allait couler à flot, la viande allait recouvrir les tables. Rien n'était assez beau et grand pour le futur Louis XIV.

" Tu dois être sacré le roi
[Éphéméride de l’Histoire n°2] Le Sacre de Louis XIV
Non pas de France mais du monde " A grand événement, programme conséquent ! Avant le 7 juin devait se dérouler tout un tas d'événements (religieux principalement) auxquels le roi se devait d'assister, toujours dans la cité de Reims, et sur lesquels nous allons revenir.

Des musiciens et poètes étaient également attendus pour célébrer la gloire du roi de France et galvaniser le peuple qui, après des années de Fronde, était soulagé de pouvoir assister au sacre du jeune Louis. Ce moment était aussi là pour réaffirmer la stabilité monarchique. Droit divin et légitimité dynastique étaient les maîtres mots de cette cérémonie devenue ancestrale.

Avant le sacre

C'est donc il y a précisément 361 ans que Louis XIV entra dans la cathédrale de Reims pour s'y faire sacrer et couronner roi de France. Revenons en détails sur cette journée toute particulière.

Le 3 juin, le roi et sa suite entre dans la cité, accueilli par les autorités de la ville et des centaines d'habitants montés à cheval. Deux milles arquebusiers, des évêques et des prélats l'attendent sur le chemin qui sépare la porte de Vesle et la cathédrale. Les cloches sonnent, des tirs de canons retentissent pour annoncer l'arrivée du cortège puis le roi se dirige vers le palais archiépiscopale où ses appartements l'attendent tandis que sa suite est hébergée chez l'habitant. Le lendemain, il assiste à la cérémonie de la Fête-Dieu au cours de laquelle une grande procession religieuse est organisée dans toute la ville. Puis, le 5 juin, il est accueilli à la Basilique Saint-Remi (le même qui a baptisé Clovis en 498) accompagné d'évêques et de seigneurs de sa cour. Dans la même journée il se rend également à l'abbaye Saint-Pierre-les-Dames. Enfin, la veille du sacre, il assiste à une messe en l'église Saint-Nicaise.

La Sainte Ampoule, " ce précieux trésor envoyé du ciel au grand saint Remi pour le sacre de Clovis et des rois ses successeurs "

Le jour du sacre

[Éphéméride de l’Histoire n°2] Le Sacre de Louis XIV

La cérémonie commence à l'aube, vers cinq heures et demie. Louis XIV ne souhaitait pas que le festin royal de midi soit retardé, il fallait donc commencer le sacre de bonne heure. Les premiers invités arrivent à trois heures du matin et il n'y a plus aucune place dès cinq heures ! Prélats et chanoines sont installés dans le choeur de la cathédrale de Reims, les châsses de Saint-Remi et de Saint-Louis sont disposées délicatement sur l'autel et vont être rapidement rejoints par la Sainte Ampoule qui est accueillie solennellement à l'entrée du bâtiment par les responsables religieux (elle se trouvait auparavant à la Basilique Saint-Remi). Les évêques-comtes de Beauvais et de Châlons partent chercher Sa Majesté. Celle-ci est conduite jusqu'au choeur, précédée par des musiciens vêtus de blancs ainsi que les cent-Suisses et entourée par des dignitaires de la Couronne. Monseigneur Legras l'invite à prendre place devant l'autel pour recevoir l'onction.

Avant d'être oint, le roi doit prononcer les serments du sacre. Dans un premier temps il s'engage à conserver à l'Eglise ses libertés et ses privilèges. Puis, l'évêque de Soissons demande aux seigneurs présents et au peuple s'ils acceptent le futur Louis XIV comme roi, ceux-ci témoignent leur consentement par un respectueux silence. Le jeune Louis prononce alors à haute voix le serment du royaume qui le lie à son peuple, il jure sur l'Évangile de maintenir la paix et la justice. Aux sons des chants et prières, les hauts dignitaires de la Couronne viennent tour à tour revêtir le roi de quelques atours : bottines de velours, éperons d'or, épée sacrée de Charlemagne. Une fois cela fait, l'évêque de Soissons utilise des aiguilles d'or et d'argent pour recueillir un peu de mélange du saint chrême et de la Sainte Ampoule qu'il vient déposer sur la tête, l'estomac, la poitrine, les deux épaules, et dans le creux des bras du roi prosterné. Sept onctions en tout, et à chacune d'elles, Monseigneur Legras prononce : " Je vous sacre roi avec cette huile sanctifiée, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit " . Pendant ce temps, les évêques chantent des litanies afin d'accentuer encore plus la religiosité autour du sacre. Enfin, Sa Majesté est revêtue de sa tunique et de sa dalmatique par le grand chambellan qui dépose, pour finir, le manteau fleur-de-lysé sur les épaules du jeune Louis. Deux nouvelles onctions sont faites sur ses mains avant de passer au couronnement.

On donne au futur roi deux éléments indispensables à la fonction royale : les gants, l'anneau béni, mais surtout le sceptre et la main de justice. La couronne de Charlemagne, en or pur et incrustée de rubis, de saphirs et d'émeraudes, trône sur l'autel. Monseigneur Legras la prend avant de la déposer, avec les pairs de France, sur la tête du roi. Celui-ci est ensuite conduit jusqu'à son trône, placé au sommet du jubé. Les pairs lui rendent hommage puis l'évêque de Soissons proclame à haute voix : " Vivat rex in aeternum ! ". A ce moment précis les portes de la cathédrale s'ouvre et on entend de toute part, à l'intérieur, comme à l'extérieur, des " Vive le Roi ! " accompagnés de coup de canons, d'arquebusiers, de musiques militaires, de cris de joie et de chants religieux. Des centaines d'oiseaux sont lâchés et des pièces d'argent distribués à tout va.

Après cet intermède, on célèbre le Te Deum, un hymne chrétien d'origine latine, puis la messe pontificale au cours de laquelle le roi reçoit l'absolution et communie sous les deux espèces. C'est enfin l'heure du banquet, le roi descend du jubé, on lui retire la couronne de Charlemagne qui est extrêmement lourde. On lui en met une plus légère puis on l'accompagne jusqu'à la salle du Tau où on l'attable sous un dais, signifiant sa nouvelle nature sacrée, en compagnie de tous ses convives.

" Le roi de touche, Dieu te guérit "

Le lendemain

Ce n'est pas tout à fait fini puisque, comme vous le savez peut-être, les rois de France étaient thaumaturges, ils étaient censés avoir la faculté de soigner les écrouelles (caractérisées par des fistules purulentes au niveau des ganglions). Le lendemain du sacre, après la messe matinale, le désormais nouveau roi se rend donc dans les jardins de l'abbaye Saint-Pierre-les-Dames pour y toucher les visages des malades, venus en masse, en prononçant à chaque fois la phrase suivante :


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