L'insécurité est grandissante dans nos pays. Or, sans sécurité, il n'est point de liberté. La solution de facilité, inefficace, est de s'en remettre à la seule puissance publique pour l'assurer et, autrement, de s'en laver les mains.
Dans Self-sécurité, Pierre-Olivier Drai montre, a contrario, que la sécurité est une affaire trop sérieuse pour ne la confier qu'au public, qu'en fait elle est l'affaire de tous et que plus les individus s'impliquent dans leur propre sécurité plus il y a de chance que l'insécurité générale diminue.
Dans son introduction, Pierre-Olivier Drai reproduit un schéma à partir duquel son livre se développe:
Dans ce schéma, figurent les trois acteurs et demi d'une société, représentés par des cercles. Ce sont:
- la l'individu, " communauté dont l' particule irréductible" de la société, non seulement protège lui-même son habitation ou son ordinateur, mais il se défend lui-même de plus en plus et, de plus en plus, défend les autres; et il le fait conformément aux droits naturels, " consubstantiels à la personne", que sont, entre autres, la sûreté et la résistance à l'oppression, qui, traduits en droit positif, ont donné les articles du code pénal sur la légitime défense, le droit d'appréhension, l'obligation d'assistance et de secours, la mise en danger d'autrui, la propriété, etc. individu est un sous-ensemble:
- la puissance publique (police, gendarmerie etc.)
- le secteur privé de la sécurité (gardiennage, vigiles, gardes du corps, détectives privés etc.)
Ces acteurs agissent indépendamment les uns des autres, mais ils interagissent également entre eux. Ce sont ce que l'auteur appelle:
- la community policing: " l'ensemble des actions organisées par la police en lien avec la communauté ", via auxiliaires de police, adjoints de sécurité, indics, témoins...
- l' externalisation entre la puissance publique et le secteur privé de la sécurité
- la pâquisation entre la communauté et le secteur privé de la sécurité: les commerçants du quartier des Pâquis à Genève " pour qu'elle effectue des patrouilles la nuit sur la voie publique", la grande novation étant de permettre au secteur privé de la sécurité de " faire [son] travail dans la rue" ont obtenu de pouvoir louer les activités d'une société de gardiennage
L'ensemble de ces sept actions et interactions constituent la résilience d'une société aux chocs internes et externes. Le livre de Pierre-Olivier montre ainsi qu'il existe des moyens pour que chaque individu prenne en main sa juste part de sa sécurité, seul, en interaction avec la puissance publique ou avec le secteur privé de la sécurité:
" On dénonce l'individualisme contemporain alors que le problème est justement que la société s'est détournée de l'individu pour obéir à des intérêts de groupes qui nécessitent pour exister une adhésion exclusive [...]. En retombant sur l'individu et sa compétence, le ciment social peut à nouveau prendre."
Il conclut: " De même que la bonne sécurité est celle qu'on ne remarque pas, la vraie sécurité est celle que nous exerçons inconsciemment, par la prudence, le bon sens et le sens de la responsabilité qui nous porte."
Francis Richard
Self-sécurité, Pierre-Olivier Drai, 90 pages, Les Belles LettresDans la même collection des Insoumis, dirigée par Patrick Smets:
D'or et de papier de Benoît Malbranque
Libérons-nous de Pascal Salin
Le silence de la loi de Cédric Parren
Prohibitions de François Monti
Petit traité d'anti-écologie de H16