Jeune fille plus belle que toutes nos légendes
de retour à la maison que protègent les mères
secrète et enjouée parmi les êtres de l'été
elle aimait bien celui qui cache son visage
sur mon corps il ne reste que bruine d'amour
au loin les songes se rassemblent à sa taille
pour les bouquets d'eau de ses yeux trop beaux
les yeux qu'elle a lui font trop mal à l'âme
jeune fille plus perdue que toute la neige
les ans s'encordent sur mes longueurs de solitude
et toujours à l'orée de ta distance lointaine
tes mille essaims de sourires encore m'escortent
j'en parle à cause d'un village de montagnes
d'où s'envolent des rubans de route fragiles
toi et moi nous y fûmes plusieurs fois la vie
avec les bonheurs qui d'habitude arrivent
je parle de ces choses qui nous furent volées
mais les voudra la mort plus que l'ombre légère
nous serons tous deux allongés comme un couple
enfin heureux dans la mémoire de mes poèmes
Gaston Miron