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La sélection de la semaine : Alvin, Rin, Emprise, A boire et à manger, 220 volts, Chauve(s), A silent voice, Le petit Christian, Mon histoire, Marion Duval, My teen love, Myrmidon sur l’île des pirates, Kamarades, Nains, the ancient magus bride, Comics...

Par Casedepart @_NicolasAlbert

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Alvin – de Régis Hautière et Renaud Dillies (Dargaud)

Pour ce premier samedi du mois de juin, Case Départ vous propose une petite sélection. En vous ouvrant sa bibliothèque, le blog met en lumière de très bonnes bandes dessinées. Nous passons au crible, les albums suivants : le premier tome de la très belle série Alvin de Hautière & Dillies, le nouveau manga des éditions Delcourt : Rin, le formidable thriller d’Aurélien Rosset : Emprise, le troisième tome d’A boire et à manger, 220 volts : un roman graphique angoissant, Chauve(s) : le carnet de bord de Benoît Desprez sur la maladie de sa compagne, le troisième volume de l’excellent manga A silent voice, la réédition en intégrale du Petit Christian, le sixième volet de la saga romantique Mon histoire, trois histoires de Marion Duval d’Yvan Pommeaux, le premier opus du manga My teen love, Myrmidon sur l’île des pirates : une nouvelle aventure muette du petit garçon, le premier tome de la fresque historique Kamarades, le premier volet de la saga de fantasy Nains, le premier volume de The ancient magus bride, un album de coloriages pour adultes Comics coloriage, un très beau recueil sur le couverture des éditions DC : Cover girls et un album pour adultes : La Blonde. Bonnes lectures.

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Gaston se morfond ; il est inconsolable depuis la mort de son compagnon de voyage Abélard. Pourtant son existence va être bouleversée par l’arrivée inopinée dans sa vie d’Alvin, un petit garçon tout juste orphelin. Agréablement surpris par le succès de Abélard, Régis Hautière et Renaud Dillies proposent une suite à cette belle série, Alvin édité par Dargaud.
Résumé de l’éditeur :
Régis Hautière et Renaud Dillies signent la suite d’Abélard avec le nouveau diptyque Alvin. Son ami disparu, l’ours mal léché Gaston traîne son désespoir à New York. Mais rien à faire ! Son karma doit être d’aider les petits êtres aux mille questions ! Alvin, un jeune orphelin revêche, profitera de sa belle âme. Les voilà sur les routes, accompagnés, pour ne rien arranger, d’un prédicateur fou !

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Disons-le tout de suite, le lecteur peut tout à fait comprendre Alvin sans avoir lu la série Abélard. Entre poésie et dureté de la vie, Régis Hautière a réussi son pari ; il dévoile un formidable, excellent et passionnant premier tome de la série, L’héritage d’Abélard. L’univers qu’il avait imaginé lors de la série-mère, il le développe encore un peu plus dans cet excellent opus du diptyque. Sous ses faux airs d’album jeunesse (c’est la partie graphique faite d’animaux qui veut cela), les adolescents et les adultes apprécieront d’ailleurs beaucoup plus.

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Habitué aux succès grâce à des récits polar (Périco), de science-fiction (Aquablue) ou thriller (Contraires), le scénariste prouve encore une fois son grand talent de conteur. Il dévoile une histoire où les thématiques variées et fortes intéressantes émaillent l’album : l’enfance brisée, la perte d’un être cher, le souvenir et la nostalgie, la solitude ou l’ostracisme mais aussi l’entraide. Tout cela flirte avec l’arrivée d’un enfant dans une vie peu stable. Ode à l’amitié, ce récit simple entre ombre et clarté mise sur des personnages anthropomorphes très réussis et à la psychologie complexe : deux êtres dont la vie est brisée en plusieurs morceaux, qui essaient de s’apprivoiser, se reconstruire malgré leur passé si lourd.

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D’un côté, Gaston, ours bourru, solitaire, qui travaille sur les poutres de chantiers de buildings à des centaines de mètres du sol et qui dilapide son salaire chez Georges, un café miteux où les prostituées ont leurs habitudes. Parmi elles, Purity, est celle qu’il fréquente le plus souvent. Cette femme laisse derrière elle, Alvin, lorsqu’elle décède. Le petit garçon, laissé en garde dans une famille d’accueil doit partager la vie de Gaston qui avait fait le serment à sa mère de ne jamais l’envoyer à l’assistance publique. De l’autre, forte tête, colérique et avec un sens de la répartie, Alvin doit composer avec son nouveau compagnon.

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Découvert par Case Départ grâce à l’excellent album Saveur Coco (Dargaud), Renaud Dillies envoûte le lecteur par son dessin précis et ô combien poétique. Les animaux zoomorphes, il sait admirablement bien les dessiner. Le talentueux dessinateur sait jouer avec un découpage original, fait de moments de silence bienvenus.
Alvin : un petit bijou narratif et graphique, porté par deux personnages à la personnalité torturée et tourmentée.

  • Alvin, tome 1/2 : L’héritage d’Abélard
  • Scénariste : Régis Hautière
  • Dessinatrice : Renaud Dillies
  • Editeur: Dargaud
  • Prix: 13,99€
  • Sortie: 12 juin 015

Rin

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Après Beck, le manga culte, Harold Sakuishi revient avec le premier volume de la nouvelle très bonne série éditée par Delcourt, Rin, mettant en scène Norito, futur mangaka et Rin qui développe un don de médium.
Résumé de l’éditeur :
Jeune adolescent timide de 16 ans, Norito n’a qu’un rêve : devenir mangaka ! Ses débuts sont assez laborieux, mais pour plaire à la belle Asune, il redouble d’efforts. Rin, 16 ans, a été repérée par une agence de jeunes Idoles. Même si ses talents de médium font parler d’elle, elle refuse la célébrité. Bien qu’improbable, leur rencontre semble inévitable et pourrait bien bouleverser leur avenir.

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Le nouveau seinen d’Harold Sakuishi démarre admirablement bien. De nature plutôt classique (un jeune garçon voulant réaliser ses rêves, une jolie jeune fille qu’il croise…), l’auteur réussit à nous emporter avec lui grâce à une mise en scène, une histoire agréable mais avant tout grâce à des personnages très recherchés, simples, attachants et à la psychologie très maîtrisée.

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D’un côté Norito, lycéen timide, peu sûr de lui, incapable de discuter avec une fille, qui ne veut pas se démarquer et qui ne souhaite pas que ses camarades sachent qu’il dessine. Son rêve : devenir un grand mangaka et être pré-publié dans Taurus, le célèbre magazine éditant tous les meilleurs mangas du Japon. Reçu une première fois pour montrer ses planches, il est sèchement raccompagné par l’un des auteurs. Démoralisé, il se met à travailler tous les jours des vacances estivales afin de s’améliorer.

De l’autre, Rin : jeune adolescente de 16 ans et qui possède le don de divination. Cette jeune médium est repérée par une agence qui souhaite exploiter son don. Loyale et d’une grande honnêteté, elle ne souhaite pourtant pas. Les deux vont se croiser lors d’une cérémonie de remise de prix.

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Au-delà de cette future romance, Harold Sakuishi dévoile à ses lecteurs, un univers souvent méconnu qu’est le manga. Ce monde de l’art extrêmement populaire et développé au Japon est souvent verrouillé de l’intérieur et il est difficile d’y pénétrer. Les plus chanceux (ceux qui remportent des concours de jeunes talents) doivent travailler sans relâche pour y arriver. D’ailleurs cette notion de l’effort dans le travail est une valeur centrale de ce premier volume. En plus de cela, il y a aussi le processus créatif qui est remis en lumière, la peur de la page blanche et la réussite à tout prix. Ce premier volet, qui met en place l’histoire augure d’une suite intéressante (qui fera des étincelles?) quand les deux auront tissé des liens.

  • Rin, volume 1
  • Auteur: Harold Sakuishi
  • Editeur: Delcourt manga, collection Seinen
  • Prix: 7.99 €
  • Parution: 20 mai 2015

Emprise

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Premier album chez Akileos et première vraie réussite ! Emprise, signé Aurélien Rosset est tout simplement formidable ! Ce thriller très original dans sa construction narrative et dans son traitement graphique va ravir les amateurs du genre. Policiers à la dérive, crimes hyper sanglants, suspens à son zénith et une dose de fantastique ; tout est réuni pour happer le lecteur jusqu’à la fin de cet excellent roman graphique.
Résumé de l’éditeur :
1996, Shelter’s Lot, Maine, 3 200 habitants. Alors que le Dr Mark Walewond, doyen de la communauté s’apprête à rendre l’âme, une violente tempête s’abat sur les environs, occasionnant de considérables dégâts. Peu de temps après sa mort, d’inquiétantes disparitions, ainsi que des actes de violence extrême commis par des personnes jusqu’ici sans histoire, font basculer peu à peu la petite ville dans l’horreur.

Les investigations du lieutenant Obson et de ses deux jeunes coéquipiers vont alors faire resurgir le sombre passé de Shelter’s Lot et mener les enquêteurs aux frontières de la déraison, au plus proche d’une vérité macabre dont personne ne ressortira indemne.

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Après l’excellent Le roy des Ribauds (Vincent Brugeas & Ronan Toulhoat), les éditions Akileos ont le nez creux pour proposer de nouveau un excellent album avec Emprise d’Aurélien Rosset. Décidément, la ligne éditoriale de la structure est cohérente, innovante et met en lumière le talent de nouveaux auteurs. Né en 1985, le jeune dessinateur-scénariste qui fut diplômé de l’ESMI (arts graphiques) en 2008, propose ici son deuxième album (il a participé aux dessins de Histoire(s) de Bordeaux, éditions Grand Sud, 2012) et il parvient admirablement à son but : livrer un thriller angoissant et prenant.

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Le récit fort et très dense d’Aurélien Rosset joue merveilleusement les équilibristes, entre polar et horreur. Très original dans ses thématiques (dossier secret d’un vieil homme juste décédé à 104 ans, ésotérisme et cobaye), le lecteur est accroché dès les premières pages (une immersion rapide dans cette ville isolée) et ne lâche plus l’album jusqu’à la dernière planche. On le sent tout de suite, l’auteur est influencé par les comics américains, tels Walking Dead ou les albums de Richard Corben qui mettent toujours en scène des moments de tensions fortes, des personnages à la psychologie souvent trouble et un lieu mystérieux (ici, Shelter’s Lot, dans le Maine, petite bourgade de 3200 âmes). Cet endroit confère une atmosphère lourde, comme un huis-clos angoissant.

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Les animaux et les hommes semblent possédés et se muent en véritables assassins sanguinaires ne répondant de rien. Au milieu de ces cadavres qui se multiplient, des policiers souvent perdus dans ces enquêtes très délicates. Se posant de nombreuses questions, ils doivent composer avec leurs armes et leur intelligence parfois limitées.
L’originalité de ce roman graphique réside dans les pauses entre chaque chapitre intitulées : Les dossiers de Shelter’s Lot où l’auteur nous fait découvrir des lettres, des articles de presse, des rapports d’autopsie concernant les affaires en cours. Différemment traités en terme d’illustrations, ils apportent un véritable complément à l’histoire. Le découpage et les cadrages très cinématographiques impriment un rythme fou à l’album. Le trait nerveux et les sublimes couleurs d’Aurélien Rosset lui permettent de livrer des planches très abouties.

  • Emprise
  • Auteur: Aurélien Rosset
  • Editeur: Akileos
  • Prix: 19 €
  • Parution: 21 mai 2015

A boire et à manger

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A boire et à manger est un joli succès de librairie. Au départ, Guillaume Long avait ouvert un blog du même nom, hébergé par le site du Monde.fr et depuis il l’a décliné en albums édités par Gallimard. Du pain sur la planche est le troisième opus de cette formidable série qui mêle les deux passions de l’auteur : la cuisine et la bande dessinée. A déguster sans modération !

Résumé de l’éditeur :
Comment faire du poireau le héro de l’apéro? Quel mystère recèle la fabrication du cidre normand? Où déguster un homard en toute simplicité? Comment poussent les noix de cajou? Peut-on sauver la quenelle des préjugés universels? Comment préparer le vrai gratin dauphinois? Et le Taboulé libanais?

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A travers 150 pages de ce beau recueil de cuisine, Guillaume Long décline en dessin 25 recettes plus ou moins faciles à réaliser. Véritable livre de cuisine, l’auteur avec beaucoup de malice et d’humour livre aux novices comme aux experts, des plats succulents à lire et vraisemblablement à déguster. Des entrées (du beurre aux sardines aux tomates cerises caramélisées au sésame, en passant par des makis de poireau), des plats (du Carré d’agneau mariné avec des lentilles aux Tagliatelles à la truffe et au foie gras, en passant par une Raie au beurre noir) et de desserts (Crumble aux pommes, muffins et Tatin de mangue), tout est fait pour nous allécher.

Passionné de cuisine grâce aux talents culinaires de sa maman, Guillaume Long a imaginé A boire et à manger avant même de faire de la bande dessinée. Il confie d’ailleurs : « Je me disais qu’un jour je publierai un grand livre de mille page qui regrouperait tout ce qu’il fait savoir sur la cuisine ». Il met de coté ce projet trop ambitieux, se lance dans la bande dessinée (Tétine Man, chez Didier Jeunesse) et en 2009, rencontre l’équipe du site du Monde.fr qui souhait étoffer leur rubrique culinaire et donc crée le blog A boire et à manger.

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Alors qu’il n’a jamais pris de cours de cuisine, il s’appuie avant tout sur les recettes et les petites confidences maternelles. Dans cet album comme dans les précédents, il donne beaucoup de conseils (ici une fiche détachable sur les épices et les plantes aromatiques) sur les ustensiles et les modes de cuisson très particulières. Le lecteur croise aussi Joël Robuchon qui délivre des anecdotes sur l’histoire de la cuisine mais aussi Monsieur Gallimard qui harcèle l’auteur (ce qui apporte énormément d’humour et d’auto-dérision).

Des nombreux albums reprenant des recettes dessinées, A boire et à manger reste la référence, tant par les plats présentés que par la très grande qualité des histoires racontées. Un vrai régal !

  • A boire et à manger, volume 3
  • Auteur: Guillaume Long
  • Editeur: Gallimard
  • Prix: 21€
  • Parution: 21 mai 2015

220 volts

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Le précédent roman de Ramon fut un très gros succès en librairie. En panne d’inspiration, sa femme Margot lui propose une mise au vert à la montagne. Ses angoisses vont se transformer en cauchemar. Sylvain Escallon adapte le roman de Joseph Incardona 220 volts chez Sarbacane qui met en scène cette longue plongée aux enfers.
Résumé de l’éditeur :
Ramon Hill est un écrivain à succès. Mais depuis plusieurs mois, rien. Panne sèche. Son roman est en retard, la page reste blanche et avec sa femme, le courant ne passe plus. Margot prétend qu’un séjour en montagne, dans le chalet familial, leur ferait le plus grand bien. Le bon air, dit-on, régénère les corps fatigués et apaise les esprits anxieux. Mais l’isolement devient parfois une prison et l’autre, une menace…

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Ce qui aurait pu être un récit classique romantique se transforme au fil des page en une histoire extrêmement noire et accroche véritablement le lecteur jusqu’au bout. Efficace et concise, l’adaptation de Sylvain Escallon est fidèle au très bon roman de Joseph Incardona. Il faut souligner que le polar de l’auteur américain joue admirablement avec les codes de ce genre littéraire. Petit à petit, les surprises et les rebondissements émaillent l’album. Le gros point fort de l’histoire réside dans les héros du récit, les personnages troubles et à la double vie.

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Il y a d’abord Ramon dont le succès de son précédent roman l’a littéralement bloqué. Harcelé par son éditeur, en proie à de grandes névroses, au somnambulisme et à de nombreuses peurs et angoisses, il ne gère plus rien. Ses démons le hantent de nouveau. Suspicieux et jaloux, il met de la distance avec Margot, enceinte et qui le pousse à réussir.

Le décor de chalet montagnard est un véritable élément de l’album permettant un huis-clos angoissant et glaçant. Loin de l’horreur et du thriller, le frisson peut parfois parcourir l’échine du lecteur.

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Le dessin en noir et blanc de l’auteur des Zombies n’existent pas (Sarbacane) confère à cette atmosphère pesante et oppressante. Influencé par Tardi, Bilal, Comès ou Schuiten, il livre un excellent album.

  • 220 volts
  • Auteur: Sylvain Escallon, d’après le roman de Joseph Incardona
  • Editeur: Sarbacane
  • Prix: 22 €
  • Parution: 6 mai 2015

Chauve(s)

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Case Départ vous présentait, il y a 15 jours, L’année du crabe, le formidable album d’Alice Baguet, édité par Vraoum, où le lecteur découvrait la jeune auteure dans son quotidien face à Jean-Pierre, son cancer, avec une vraie malice et un grand humour. A l’instar de ce très beau carnet de bord, La boîte à bulles propose Chauve(s) de Benoît Desprez, un album sur la même thématique. Cette fois-ci, l’auteur nous fait partager sa vie avec Olivia, l’amour de sa vie ayant, elle aussi, une sale maladie.
Résumé de l’éditeur :
Lorsque Benoît et Olivia entament leur relation amoureuse, ils sont bien loin de se douter du coup de massue qui les guette.

Un jour, le sein gauche d’Olivia se met à faire des siennes. Le diagnostic est sans appel : c’est un cancer. Cependant, il n’est pas question pour Benoît de faire l’autruche et de laisser tomber celle qu’il aime. Pour surmonter cette épreuve, il vient s’installer chez elle, s’empare de ses crayons et de son humour et raconte, depuis son poste de spectateur « privilégié » mais impuissant, le combat d’Olivia contre la maladie. Un combat que celle-ci surmonte la tête haute mais surtout, la tête nue. Ce qui vaut à ce désormais « couple de chauves », de vivre moultes anecdotes propices à l’autodérision…

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Il en faut un sacré courage pour dévoiler de façon si intime son quotidien face au cancer. Ce récit, avant d’être un carnet de bord face au gros crabe, est surtout une très belle histoire d’amour, comme on les apprécie : deux êtres qui sont ensemble dans les bons comme dans les mauvais moments, surmontant à deux l’épreuve qui leur a été mise au travers de leur route.

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Sous forme de strips sur une page et grâce à un dessin d’une belle simplicité, il dévoile une grande sensibilité et une énorme tendresse pour celle qui se bat comme une lionne dans une arène. Quotidien vécu par de nombreuses femmes et de couples, il n’érige pas le pathos en arme de destruction massive pour faire uniquement pleurer le lecteur mais use de l’humour, met de la distance et cela fonctionne à merveille.

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Cette belle autobiographie de celui qui a tout quitté pour aller s’installer avec Olivia afin de l’aider au mieux dans cette terrible épreuve et la réconforter (alors que parfois c’est elle qui est la plus courageuse), semble souvent impuissant mais met toute l’énergie nécessaire pour que cela se passe le mieux possible. Entre clarté et ombre, entre rire et pleurs, Chauve(s) raconte simplement la vie de ce couple de chauves pour le meilleur et … pour le meilleur ! A méditer !

  • Chauve(s)
  • Auteur: Benoît Desprez
  • Editeur : La Boîte à Bulles, collection Contre-coeur
  • Prix: 12€
  • Parution: juin 2015

A silent voice

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Shoya, jeune collégien, s’ennuie ferme. Son existence va changer avec l’arrivée dans sa classe de Shoko, une jeune sourde. Les éditions Ki oon dévoilent le troisième volume du magnifique manga A silent voice, un succès éditorial et critique signé Yoshitoki Oima.
Résumé de l’éditeur :
Shoko Nishimiya est sourde depuis sa naissance. Même équipée d’un appareil auditif, elle peine à saisir les conversations, à comprendre ce qui se passe autour d’elle. Effrayé par ce handicap, son père a fini par l’abandonner, laissant sa mère l’élever seule. Quand Shoko est transférée dans une nouvelle école, elle s’emploie à surmonter ses difficultés mais, malgré ses efforts pour s’intégrer dans ce nouvel environnement, rien n’y fait : les persécutions se multiplient, menées par Shoya Ishida, le leader de la classe.

Tour à tour intrigué, fasciné, puis finalement exaspéré par cette jeune fille qui ne sait pas communiquer avec sa voix, Shoya décide de consacrer toute son énergie à lui rendre la vie impossible. Psychologiques puis physiques, les agressions du jeune garçon se font de plus en plus violentes… jusqu’au jour où la brimade de trop provoque une plainte de la famille de Shoko, ainsi que l’intervention du directeur de l’école.

À cet instant, tout bascule pour Shoya : ses camarades, qui jusque-là ne manquaient pas eux non plus une occasion de tourmenter la jeune fille, vont se retourner contre lui et le désigner comme seul responsable…

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Touchant et très sensible, A silent voice est un excellent shônen manga prépublié dans la revue Weekly Shônen Magazine (publication en album par Kodansha), entre août 2013 et novembre 2014. Série prévue en 7 volumes, les éditions Ki oon ont eu le nez creux en achetant la licence. Yoshitoki Oima a imaginé cette histoire au contact de sourds et fut aidée par sa mère, interprète en langue des signes.

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Entre le handicap et la différence, thèmes très fort du manga, il y a aussi le harcèlement, appelé ijime au Japon. Humiliations, brimades, violences physiques et verbales, le pays connaît depuis de nombreuses années de nombreux bizutages. Dans le premier volume, Shoya se fait le chantre de cela envers la pauvre Soko, puis il regrette et essaie de se faire pardonner. En effet, tout ce qu’il entreprend contre la jeune fille, se retourne souvent contre lui, ce qui apporte énormément d’humour à la série. Alors qu’elle essaie au mieux de s’intégrer dans sa nouvelle classe, ses camarades ne l’aident pas et elle essuie des brimades.

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Entre tragédie de la vie et belle romance, le manga oscille admirablement entre les deux. Malgré ce fil tenu, en équilibre, le but est atteint : dénoncer le bizutage et accepter la différence. Ce manga émouvant mais pas du tout dans le pathos est d’une très grande puissance narrative, et il est porté par les deux héros : Soko, attachante, le lecteur fond littéralement lorsqu’elle apparaît ; ainsi que Shoya, pourtant détestable au départ ; son personnage change et son image vis-à-vis du lecteur aussi.

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En plus de l’émotion et la révolte, le lecteur est conquis par la partie graphique. C’est surtout très agréable à l’œil. Le découpage et les cadrages dynamisent parfaitement l’histoire.

  • A silent voice, volume 3/7
  • Auteur: Yoshitoki Oima
  • Editeur: Ki oon
  • Prix: 6.60€
  • Parution: 21 mai 2015
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 Le petit Christian

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Paru initialement entre 1994 et 1996 dans Fluide Glacial ainsi qu’entre 1997 et 1998 dans la revue Lapin, l’excellente biographie fictionnelle Le petit Christian de Blutch fut éditée la première fois en album en 1998 pour le volume 1 et dix ans plus tard, pour le second à L’Association. La maison d’édition a décidé de rééditer ce petit bijou en intégrale en ce mois d’avril.

Résumé de l’éditeur :
Enfin un coffret réunissant le chef d’œuvre de la confession en bande-dessinée de Blutch : Le Petit Christian. On sait grâce à son pseudonyme, Blutch, emprunté au fameux lieutenant des Tuniques bleues, qu’il garde le souvenir chéri de ses lectures de jeunesse et grâce à ces deux tomes, on découvre par le menu, le récit magistral et drôle de son enfance alsacienne à l’époque de Pif Gadget et des drôles de dames avant de plonger, avec tout autant de délectation, dans les affres de son adolescence : le collège , les filles et le premier amour.

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Né en 1967, le talentueux Christian Hincker alias Blutch (en référence au personnage des Tuniques Bleues de Lambil et Cauvin) commence à travailler dans la revue Fluide Glacial à partir de 1988 (Pecos Jim ou Waldo’s Bar) où il démarre la publication du Petit Christian en 1994. Alors que le titre pourrait faire penser que l’album est sa propre biographie ; l’auteur a toujours démenti ce fait et a plutôt expliqué que c’était une auto-fiction (basée sur des faits ayant existé mais énormément romancés). Quoiqu’il en soit, les deux opus qui forment cette intégrale sont formidables.

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Les deux volumes séparés de 10 ans, sont complémentaires même s’ils peuvent se lire séparément. Beaucoup de fantaisie, de décalage, parfois d’absurde mais surtout énormément d’humour, d’auto-dérision et un brin de nostalgie bienvenue. Pour le premier volet, le Petit Christian est à l’école primaire et est âgé de 9/10 ans. Le garçon a une galaxie de héros qu’il admire : les cow-boys, John Wayne, Dr Justice (série publiée dans Pif Gadget signée Jean Ollivier et Raffaele Carlo Marcello), Rahan, Placid et Muzo, Lucky Luke ou Les mystères de l’Ouest. Il joue et rêve d’être l’un d’entre eux. Pour le second volet, Christian a grandi, il est entré au collège et l’une de ses obsessions ce sont les filles. Ses névroses, ses peurs, ses angoisses mais aussi ses désirs, tout est réuni dans cet opus pour le plus grand bonheur des lecteurs et cette fois-ci, Marlon Brandon et Steve McQueen sont ses idoles. C’est rafraichissant, c’est intelligent et c’est très drôle. A (re)lire ou (re)découvrir d’urgence !

  • Le petit Christian, l’intégrale
  • Auteur: Blutch
  • Editeur: L’Association
  • Prix: 26.50€
  • Parution: 24 avril 2015

 Mon histoire

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Kana a acquis la licence de Mon histoire en 2014 et le premier volume est paru en avril de cette année-là. Quelle bonne intuition ont eu les décideurs de cette structure ! Il faut souligner que ce manga romantique de Kazune Kawahara et Aruko est agréable, très bien écrit, porté par des personnages bien campés et empli d’humour. Pour ce sixième volet, cela ne se dément pas !
Résumé de l’éditeur :
Six mois après le début de leur histoire, Takéo et Yamato échangent enfin leur premier baiser. Leur relation pleine d’amour avance bon train. Takéo est inquiet de voir sa mère, qui en est à son dernier mois de grossesse, continuer de s’occuper des tâches ménagères avec une grande énergie. Sa mère pensait ne pas encore pouvoir compter pleinement pleinement sur Takéo. Un événement va lui faire réaliser à quel point son fils a grandi.

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Takéo est heureux et l’album s’ouvre sur ce bonheur ! L’immense garçon de 2m et de 120 kg a posé pour la première fois ses lèvres sur celle de Yamato et cela le bouleverse (voir le tome 5). Il vient remercier chaleureusement son ami Suna qui l’a aidé dans cette entreprise. Du côté du jeune garçon amoureux, il est inquiet par l’état physique de sa maman. Enceinte, elle ne se ménage pas dans les taches de la maison. Ce moment très important de la famille permet aussi de revenir sur la rencontre du couple et de connaître quelques éléments de l’enfance de Takéo.

De nouveau, le récit de Kazune Hawahara est réussi. Tous les ingrédients des précédents volumes sont ici pour le plus grand bonheur des lecteurs. Teinté du même humour très appréciable, la scénariste continue de dévoiler les vies très riches de ses personnages, distillant à bon escient des éléments de leur existence. Même en y incluant des obstacles, elle trouve toujours une parade pour que le trio Takéo-Yamato-Suna s’en sorte. Du côté du graphisme, Aruko nous enchante toujours autant avec des planches simples mais d’une grande efficacité. Le trait rond, des éléments exagérés des visages et des corps, et l’on obtient un manga accrocheur et pour lequel on prend toujours beaucoup de plaisir à suivre les nouveaux opus.

  • Mon histoire, volume 6
  • Scénariste : Kazune Awahara
  • Dessinatrice : Aruko
  • Editeur: Kana
  • Prix: 6.85€
  • Parution: 17 avril 2015

Marion Duval

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Le label BD Kids des éditions Bayard dévoile la cinquième intégrale de la très belle série jeunesse Marion Duval, signée Yvan Pommaux et Philippe Masson. Trois histoires sont au menu de cet album : Alerte à la Plantine, Chantier interdit et Enquêtes, parues une première fois en album individuel chez Bayard entre 2003 et 2005.

Résumé de l’éditeur :
Un seul décor pour ce volume : Paris ! Voici Marion aux prises avec la plantaline, un végétal qui enserre la ville entière dans ses tentacules… Ou explorant les profondeurs d’une petite chapelle à la recherche du caveau d’un chevalier disparu. Quant à la troisième histoire, notre Marion y rencontre… sa maman !

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Imaginée en 1983 par Yvan Pommeaux, Marion Duval est une très belle série pour les plus jeunes enfants (23 tomes ainsi que 5 intégrales). L’héroïne de 9 ans est une petite parisienne dont le père Alexandre est journaliste. A aucun moment, les personnages ne vieillissent au fil des albums. Les amis de la jeune fille (Philibert, Egonova et Gaël Faou) l’aident parfois dans ses enquêtes policières (sur une trentaine de pages).

Pour cet album, trois histoires sont réunies, elles sont signées Yvan Pommeaux pour les textes et le dessin, aidé dans cette tâche par Philippe Masson :

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– Alerte à la Plantaline (tome 23 de la série, 2003) : Marion et son père enquêtent sur l’apparition d’une mystérieuse plante qui envahit tout Paris et menace de bloquer la ville. Ils s’aperçoivent que le grand-père d’Aline, une amie de Marion, n’est pas étranger à cette affaire…

– Chantier interdit (tome 24, 2004) : Marion est persuadée que son ami Gaël est le descendant d’Angelot du lac en raison d’une forte ressemblance. En cherchant à retrouver la trace de cet ancêtre, les deux enfants découvrent une chapelle. Lorsqu’ils apprennent que la chapelle va être démolie par un promoteur sans scrupules, ils alertent le service des monuments historiques et vont en subir les conséquences.

– Enquête d’amour (tome 25, 2005) : En fouillant dans de vieux cartons à la cave, Marion tombe par hasard sur… une photo de sa mère. Cette mère dont le papa de Marion n’a jamais parlé, et qui est depuis toujours la zone d’ombre de l’histoire de Marion. Avec la photo, la jeune fille trouve des croquis, des esquisses, faits de la main d’une maman artiste nommée Line Berthelot. Bouleversée, Marion est décidée à retrouver celle qui l’a mise au monde. Une incroyable coïncidence va l’y aider : Marion découvre que Line Berthelot est l’auteur des œuvres singulières qu’elle est allée voir avec sa classe dans un grand musée parisien…

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Ciblée pour le public des 8-10 ans, la série Marion Duval est idéale pour ce lectorat. Entre enquêtes spectaculaires aux intrigues agréables et bien écrites, quête personnelle (la recherche de sa mère), humour, amitié et action, tous les ingrédients sont réunis pour que les plus jeunes passent un agréable moment de lecture. Pas de méchants vraiment désagréables (ligne éditoriale Bayard oblige, mais cela se tient néanmoins), les personnages sont assez attachants et les enfants peuvent s’identifier à l’un ou l’autre facilement.

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Ni surhumaine, ni super-héroïne avec des pouvoirs, Marion est une petite fille comme les autres même si sa curiosité, son esprit d’observation et de déduction font d’elle une excellente enquêtrice même si elle n’a pas toujours le caractère facile.

En ce qui concerne la partie graphique, la ligne claire d’Yvon Pommeaux (même si ici Philippe Masson est aux commandes) permet de fluidifier le récit et d’être d’une belle lisibilité.

  • Marion Duval, intégrale 5
  • Scénariste et dessinateur : Yvan Pommeaux
  • Dessinateur : Philippe Masson
  • Editeur: BD Kids, Bayard
  • Prix: 17,90€
  • Sortie:  06 mai 015

My teen love

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Quelle surprise ! Keita est de retour en ville ! Après trois ans aux Etats-Unis, il revient habiter dans sa ville natale, près de chez Miu sa meilleure amie d’enfance. Les sentiments de l’adolescente ont changé : elle est attiré par lui. My teen love raconte cette belle romance, un manga signé Shizuki Fujisawa, publié par Pika.
Résumé de l’éditeur :
Miu a 17 ans et vit seule avec son père depuis que sa mère a brusquement quitté le foyer. À la maison, elle assume toutes les tâches ménagères et a du mal à se laisser aller à une vie insouciante de lycéenne jusqu’à ce qu’un nouvel élève débarque dans sa classe. Beau gosse ultime, toutes les filles tombent sous son charme, mais quelle n’est pas la surprise de Miu, lorsque la jeune fille réalise que ce garçon est son meilleur ami d’enfance, le petit voisin aux côtés duquel elle a grandi et qu’elle n’a pas revu depuis trois ans…

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Prépublié par le magazine Betsucomi au Japon entre 2008 et 2011, le manga My teen love est une belle romance pour adolescents. De ressorts très très classiques, l’histoire est néanmoins très agréable à lire, très rafraîchissante avant tout grâce aux deux héros : Keita, play-boy du lycée, extrêmement sûr de lui, dont le corps a changé en mieux après son séjour américain. Troublée par le jeune homme, Miu, sa meilleure amie d’enfance, est une jeune fille timide et bonne élève. L’adolescent de retour dans son quartier, réagit comme il le faisait avant de partir : s’amuser et taquiner son amie. Pourtant, son charme opérant et l’adolescente est déstabilisée, elle tombe amoureuse de lui.

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Simple dans sa construction, Shizuki Fujisawa imprime néanmoins beaucoup d’humour et quelques surprises pour rythmer son récit. Les dessins faits de tramages alternent avec quelques dessins kawaï, ce qui donne à l’ensemble une petite folie-douce bienvenue.

  • My teen love, volume 1
  • Auteur: Shizuki Fukisawa
  • Editeur: Pika
  • Prix: 6.95 €
  • Parution: 6 mai 2015

Myrmidon sur l’île des pirates

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Tour à tour indien, puis voyageur de l’espace puis chevalier contre un dragon, le petit Myrmidon s’échoue maintenant sur une île de pirates. Poursuivi par de drôles de squelettes, il doit fuir sur une petite barque. Loïc Dauvillier et Thierry Martin animent de nouveau leur petit héros de papier favori dans Myrmidon sur l’île des pirates, publié par les éditions La Gouttière.
Résumé de l’éditeur :
Après avoir affronté des Indiens, fui un drôle de martien, combattu des dragons, Myrmidon s’apprête à prendre la mer pour échapper à ses nouveaux ennemis : des squelettes. Mais est-ce la bonne solution ? Ne va-t-il pas rencontrer des pirates en chemin ?
Pour sa quatrième aventure, Myrmidon manie cette fois le sabre avec brio afin d’échapper à ses poursuivants.

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De nouveau, le lecteur est enchanté et véritablement absorbé par l’album jeunesse de Myrmidon. L’attachant petit garçon, tout en rondeur, pêche un déguisement de pirate. Le voilà happé dans une autre dimension, celle des flibustiers, des bateaux, du drapeau noir, de trésor mais surtout d’étranges et angoissants squelettes-pirates.

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Le récit muet pour les primo-lecteurs joue de nouveaux sur de belles valeurs : l’imaginaire, la bravoure, l’action et une dose de folie-douce. Pour faire légèrement frémir les petits, Loïc Dauvillier y ajoute des poursuivants tout en os. Très graphique et découpé comme un film, le dessin de Thierry Martin fonctionne de nouveau très bien. Pour chaque page, il dévoile des illustrations pleine page ou deux-trois vignettes, laissant toute la place à Myrmidon et aux personnages.

C’est frais, c’est simple et c’est surtout très beau !

  • Myrmidon sur l’île des pirates
  • Scénariste :  Loïc Dauvillier
  • Dessinateur : Thierry Martin
  • Editeur : La Gouttière
  • Prix : 9.70€
  • Sortie : 22 mai 2015

Kamarades

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Raconter la Révolution Russe de 1917 qui met fin à la dynastie de Romanov, voilà l’ambitieux projet de Kamarades, la nouvelle série des éditions Rue de Sèvres, scénarisée par Benoît Abtey et Jean-Baptiste Dusséaux et mise en image par Mayalen Goust.
Résumé de l’éditeur :
Petrograd, début 1917. Ania et Volodia se sont rencontrés au cœur de l’agitation révolutionnaire qui secoue la ville et sont instantanément tombés amoureux. Mais, en dépit de leurs sympathies communes pour la révolution, tout les sépare. Lui est un simple soldat cosaque sorti du rang, elle est en fait la princesse Anastasia Romanova, fille du Tsar… En ces temps troublées, leur route va croiser celle d’un autre militant, personnage trouble dont ils ignorent qu’il va jouer un rôle décisif dans les événements : Joseph Vissarionovitch Djougachvili, alias Staline.

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Les collégiens et les lycéens connaissent la Révolution russe de 1917, l’implication de ses habitants dans le premier conflit mondial, la fin des Romanov et la mise en place du Communisme d’état. Pourtant, cet événement leur semble lointain et pas si maîtrisé que cela. Pour combler ce manque (à la veille du baccalauréat et du brevet des collèges), Rue des Sèvres propose un survol de cette période. Le récit de Benoît Abtey et Jean-Baptiste Dusséaux est une belle fresque historique mais avant tout une histoire pour présenter la Grande Histoire : une romance fictionnelle entre la belle Anastasia Romanov, la fille du Tsar Nicolas (celle qui a suscité de nombreuses controverses et dont les romanciers ont imaginé des tas de vies) et Volodia, un soldat russe qui a embrassé la cause soviétique et qui aurait même déclenché le début de la Révolution.

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Le survol trop rapide des événements ne permet pas de les digérer, de les comprendre, puisque le rythme est tellement soutenu (on passe d’un moment important à un autre trop vite) et les ellipses trop fréquentes. Même si l’histoire d’amour impossible des deux tourtereaux est intéressante et plutôt singulière, le lecteur aura un peu de mal à accrocher à la toile de fond. Dommage, il y avait beaucoup à faire et dire. De plus, Joseph Vissarionovitch Djougachvili pas encore connu en tant que Staline et Vladimir Ilitch Oulianov, qui commence à s’imposer comme un vrai dirigeant fort sous le nom de Lénine rythment l’album mais le lecteur a du mal à comprendre qui fait quoi car leurs destins s’entremêlent trop. A souligner que les auteurs font une belle erreur historique, puisqu’ils évoquent le fameux Café Pouchkine qui n’existait pas à l’époque mais fut inauguré qu’en 1999, soit 35 ans après l’évocation de celui-ci dans la chanson Nathalie de Gilbert Bécaud (ou alors c’est un clin d’œil et je ne l’avais pas saisi).

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Si la partie scénaristique est à muscler pour le deuxième volume, la partie graphique nous a enchanté. Le trait simple et très aérien de Mayalen Goust lui permet de livrer de sublimes planches très élégantes. Ses couleurs tout en transparence agrémentent joliment les pages. L’apport d’un rouge vif dans les cases de teintes blanches est formidable. Une jeune auteure à suivre avec attention.

  • Kamarades, tome 1/3 : La fin des Romanov
  • Scénaristes :  Benoît Abtey et Jean-Baptiste Dusséaux
  • Dessinatrice : Mayalen Goust
  • Editeur : Rue de Sèvres
  • Prix : 13.50€
  • Sortie : 13 mai 2015

Nains

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Après la série Elfes imaginée par Jean-Luc Istin et Nicolas Jarry (10 tomes parus depuis 2013), ce dernier revient avec un nouvel univers fantasy Nains, de nouveau édité par Soleil. Cinq albums sont prévus entre juin 2015 et août 2016.
Résumé de l’éditeur :
Redwin, fils d’Ulrog, a grandi auprès d’un père aimant et attentif à son apprentissage de la forge. Mais, autrefois admiré de tous, Ulrog ne veut plus créer d’armes runiques. À compter de ce jour, Ulrog le forgeron est devenu Ulrog le Lâche. Humilié, fou de rage, Redwin est prêt à tout pour s’éloigner de son père et devenir un seigneur des runes : le maître forgeron et maître combattant de l’ordre de la Forge. Contre la volonté de son père, il se rend à la forteresse-état retrouver son oncle, un Vénérable de l’Ordre qui accepte de lui enseigner le combat et la forge d’armes. Pourtant ses victoires ne lui apportent aucune paix, aucun répit, bien au contraire, sa haine envers son père grandit de jour en jour. Dévoré par sa propre colère, Redwin deviendra seigneur des runes. Loin d’être un aboutissement, ce sera le début d’un long calvaire…

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Comme pour la série Elfes, le concept de Nains est sur la même longueur d’onde. A savoir : pourvoir lire les albums seuls, dans l’ordre que le lecteur souhaite mais l’ensemble permettra de mettre en lumière l’intrigue finale. Pour cet univers, c’est de nouveau Nicolas Jarry qui scénarise tous les opus et il s’est adjoint les services de Pierre-Denis Goux pour définir la conception graphique (décors, design, personnages) afin d’unifier le monde de ces êtres fantasy. Les cinq histoires complètes permettront de découvrir cinq peuples nains différents.

Pour Redwin de la forge, Nicolas Jarry installe tout de suite un monde fantastique de haute-volée : quête initiatique, magie, combats et personnages charismatiques. Parmi les 5 peuples nains, ceux de la forge dominent le monde. Redwin fait parti de ce peuple : cet apprenti forgeron assez attachant est en proie à de nombreuses névroses et malaises, notamment vis-à-vis d’Ulrog, son père. Cet opus permet donc de suivre le cheminement psychologique du maître nain.

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La partie graphique de Pierre-Denis Goux est assez réussi, portée par un trait clair, précis et plutôt bien maîtrisé. Le dessinateur de l’autre nouveauté Soleil, Les maîtres inquisiteurs (avec Jean-Luc Istin) livre des planches équilibrés et rigoureuses, à l’image des belles couleurs signées Digikore Studio.

Après Redwin de la forge, arriveront Ordo du Talion (dessinateur Stéphane Créty en septembre 2015), Aral du temple (dessinateur Paolo Deplano en février 2016), Oösram des errants (dessinateur Jean-Paul Bordier en mai 2016) et Tiss du bouclier (dessinateur Nicolas Demare en août 2016).

  • Nains, tome 1 : Redwin de la forge
  • Scénariste :  Nicolas Jarry
  • Dessinateur : Pierre-Denis Goux
  • Editeur : Soleil
  • Prix : 15.50€
  • Sortie : 03 juin 2015
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 The ancient magus bride

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Magie, sorcier, soumission et fantastique sont au cœur de la nouvelle série des éditions Komikku, The ancient magus bride, un manga signé Koré Yamazaki.
Résumé de l’éditeur :
Chisé est prise sous l’aile d’un mystérieux sorcier qui va dépenser une somme colossale pour faire d’elle son apprentie. La jeune fille de 16 ans, qui vivait jusqu’alors une vie tout ce qu’il y a de plus banale, réside à présent chez son maître qui lui présente tout un pan du monde qu’elle ne soupçonnait pas. Chisé commence alors une vie pleine de magie, d’événements merveilleux et paranormaux, puis fait connaissance de nombreuses créatures magiques issues des plus belles légendes.

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The ancient Magus Bride (Mahou Tsukai no Yome) est pré-publié depuis 2013 dans la revue Monthly comic blade au Japon et compte actuellement 3 volumes dans son pays d’origine. La série assez réussie de Koré Yamazaki est un véritable succès critique (la série la plus recommandée par les libraires japonais en 2015) et éditorial (déjà 1,4 millions d’exemplaires vendus).

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Dès les premières pages, le lecteur est plongé dans un univers fantasy très riche mettant en scène des sorciers, des fées et des dragons. Il faut souligner que les personnages sont très intrigants : Elias Ainsworth, le non-humain dont la tête est un crane d’animal est à la fois fascinant et répulsif. Ce sentiment ambivalent est aussi celui de Chisé , entre attirance et répulsion. Cet être fantastique mystérieux est un homme très riche et qui habite une très belle demeure. Quelles sont ses intentions ? Pourquoi a-t-il acheté la jeune adolescente ? Il veut quelle devienne sa femme mais pourquoi elle. Chisé, quant à elle, est une orpheline vendue à Ainsworth, cet étrange sorcier. La jeune adolescente est une slay vega, qui possède un don particulier.

  • The ancient magus bride, volume 1
  • Auteur: Koré Yamazaki
  • Editeur: Komikku
  • Prix:  7.90€
  • Parution: 15 mai 2015

Et pour quelques pages de plus…

Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :

Comics coloriages

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Quelle belle idée ont eu les éditions Hors Collection : publier un album de coloriage ! Et pas n’importe lequel : Comics coloriages, 120 classiques à colorier. Des super-héros aux aliens, des monstres aux héros romantiques, le lecteur est invité à apporter des couleurs sur les couvertures de comics des années 50.

Résumé de l’éditeur :
Apportez votre touche personnelle à plus de 100 couvertures mythiques. Le point de départ parfait pour trouver votre style. Super-héros, extraterrestres, starlettes, monstres et bien plus encore vous attendent !

A l’instar des éditions Hachette qui proposent L’univers des comics à colorier Marvel ou Super-héros DC Comics par Marabout (en juillet), les éditions Hors Collection se lancent dans les albums de coloriage pour adultes (une voie très prisée actuellement). Pour allécher le lecteur et le potentiel acheteur, elles mises sur 120 couvertures de comics des années 50, vieilles illustrations du Golden Age.

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Publié initialement par Michael O’Mara Books Limited, au Royaume-Uni en 2015, l’album dévoile des couvertures de science-fiction (Starling comics, Blue Bolt, Fight Comics…), horreur (Adventures into the unknown ! Out of night…), policier (Brenda Starr…), super-héros (Cannonball, Danger…), humour (Buz Sawyer…).

A garder vierge pour les collectionneurs ou à colorier pour s’amuser !

  • Comics coloriages, 120 classiques à colorier
  • Auteurs : Collectif
  • Editeur : Hors Collection
  • Prix : 10.90€
  • Sortie : 04 juin 2015

Cover girls

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Dans la galaxie DC, les super-héroïnes sont nombreuses, de Wonder Woman à Catwoman, en passant par Supergirl. Toutes ces femmes d’exception sont réunies dans DC Cover Girls, de Louise Simonson, édité par Urban Comics et qui met en lumière ces héroïnes à travers les couvertures des leurs illustrés.
Résumé de l’éditeur :
DC Covergirls se consacre à la femme, qu’elle ait la puissance d’une déesse (Wonder Woman), la volonté d’une héroïne (Supergirl) ou le charme d’une séductrice (Catwoman). Toutes ces facettes, sublimées par les nombreux artistes et scénaristes de la ligne DC Comics à travers les décennies, racontent l’amour que la maison d’édition porte aux personnages féminins. Aux commandes de cet ouvrage, Louise SIMONSON, scénariste et éditrice légendaire (Uncanny X-Men, Superman etc.) qui vécut en direct la grande histoire des comics.

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Editrice chez Warren Publishing ou Marvel et scénariste, Louise Simonson dévoile un imposant mais magistral ouvrage sur les couvertures de super-héroïnes. Découpé en 6 chapitres plus une introduction, il met en lumière le destin de ces femmes d’exception : Wonder Woman, Lois Lane, Supergirl, Les filles de Gotham (Catwoman et Batgirl), Vertigo & au-delà (Tulip O’Hara de Preacher et Nouvelle Génération (Zatanna ou Mia Dearden).

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Les reproductions des illustrations sont magnifiques, notamment grâce au talent des dessinateurs d’exception comme Brian Bolland, Adam Hugues, Jim Balent, Tim Sale, Alex Ross ou Jim Lee. Le plaisir des yeux est augmenté par les analyse de Louise Simonson, l’une des grandes spécialistes des comics américains. Un très beau voyage à travers 75 années de super-héroïnes.

  • Cover girls, les héroïnes de comics
  • Auteure : Louise Simonson
  • Editeur : Urban Comics, collection Urban Books
  • Prix : 29€
  • Sortie : 22 mai 2015

La Blonde

(album pour adultes)

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Les éditions Tabou BD rééditent la série pour adultes La blonde. Pour le deuxième volume, Bondage Palace, Franco Saudelli fait vivre de nouvelles aventures érotiques à son héroïne masquée du côté d’un palace luxueux.

Résumé de l’éditeur : Dans cet album, notre héroïne masquée est à la recherche d’un élixir de jeunesse, dans le monde de Babylonia et de son Bondage Palace. On y rencontre son ennemie jurée, Papesse Crimilde, secondée par Gary et Sue, deux cambrioleuses de bas étage… Un monde délirant où la sensualité est omniprésente et les hommes curieusement absents.

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Publié initialement en 1987, la réédition de la série en trois volumes La Blonde continue son petit bonhomme de chemin. Son côté nostalgique et surtout vintage apportent à Bondage Palace un esprit des plus agréables, notamment par un trait en noir et blanc très juste et précis, agrémenté de grands aplats de gris, de jaunes et de verts. D’ailleurs, Franco Saudelli, l’auteur italien, a mis en couleurs son album uniquement pour cette nouvelle édition Tabou BD et c’est une assez belle réussite.

Aucun homme ne prend le risque de pénétrer Bondage Palace ! Il faut dire que les femmes, très galbées et aux courbes avantageuses, s’amusent en se ligotant et en luttant fortement. Peu de sexe lesbien, mais plutôt de nombreuses cases où les femmes sont encordées et une histoire simple : une grande patronne missionne La Blonde pour aller chercher un elixir de jeunesse qu’elle veut ingurgiter.

  • La Blonde, volume 2/3 : Bondage Palace
  • Auteur : Franco Saudelli
  • Editeur : Tabou BD
  • Prix : 15€
  • Sortie : 12 mai 2015

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