#Grèce #austérité #Syriza
Dans une tribune publiée par le «Financial Times», sept noms prestigieux plaident pour un abandon du sévère programme d'austérité imposé à Athènes.
Manifestation en faveur des Grecs et de Syriza, le 15 février à Paris. (Photo Loïc Venance. AFP)C’est clair et cash : dans une tribune publiée ce vendredi dans le quotidien britannique
Financial Times, sept économistes parmi les plus renommés au monde se positionnent sans détour en faveur de Syriza, le parti anti-austérité au pouvoir en Grèce, en butte depuis six mois à la rigidité de
Bruxelles et du FMI.
«C’est l’avenir de l’Europe qui est en jeu», soulignent pour commencer les signataires du texte, parmi lesquels figurent Thomas Piketty, Joseph Stiglitz,
Marcus Miller ou Massimo d’Alema. Avant d’expliquer qu’il faut distinguer
«les réformes» (le mot préféré mais elliptique des créanciers) de
«l’austérité».Après avoir rappelé les méfaits de l’austérité endurée par la Grèce depuis cinq ans (qui n’a pas réussi à réduire l’endettement du pays, bien au contraire), ils enchaînent :
«C’est un tort de demander à la Grèce de souscrire à un vieux programme [les accords passés entre les créanciers et les précédents gouvernements grecs, ndlr]
qui a manifestement échoué, a été rejeté par les électeurs grecs (lesquels pour la première fois en janvier ont plébiscité un part de gauche dite «radicale») et qu’un grand nombre d’économistes (y compris nous-mêmes) jugent qu’il était mal conçu dès le départ.»Tout en rappelant les risques qu’un défaut de la Grèce feraient courir à toute l’eurozone (contrairement à ce que veulent faire croire certains comme Wolfgang Schäuble, le Ministre allemand des Finances, tête de file du camp des «intransigeants» face à Athènes), nos spécialistes pointent aussi les dangers d’un échec du gouvernement d’Alexis Tsípras pour la Grèce :
«Sans la conclusion d’un accord, c’est la démocratie qui sera minée et conduira à l’émergence de forces bien plus radicales et hostiles à l’Europe», expliquent-ils en substance, faisant allusion au parti néonazi Aube Dorée, qui a multiplié ses voix par sept depuis le début de la crise et est entré pour la première fois au parlement gec en 2012.Enfin, tout en plaidant pour un programme plus orienté vers la croissance et l’emploi, nos économistes concluent en considérant que
«la manière dont la Grèce sera traitée sera un message pour tous les partenaires de l’Eurozone». Et qu’il doit être un message
« d’espoir et non de désespoir».Ce n’est pas la première fois que la plupart de ces économistes réputés signent une tribune en ce sens dans le
Financial Times : ils l’avaient déjà fait en janvier, juste après l’arrivée de Syriza au pouvoir. Mais depuis, le climat s’est sacrément tendu entre la Grèce et ses créanciers et les finances du pays sont au plus mal, alors que la Grèce n’a reçu aucune aide extérieure depuis l’été dernier (sans accès aux marchés) tout en continuant à rembourser toutes les échéances de
la dette. Contrairement à ce que pensaient certainement Bruxelles et le FMI, la Grèce n’a pas cédé. Et ses représentants ont même semblé scandalisés à l’issue de la dernière réunion à Bruxelles, en constatant qu’après six mois de négociations leurs interlocuteurs persistent à vouloir leur imposer ce «vieux programme» d’austérité que dénoncent les économistes dans le
Financial Times.En reportant à la fin du mois le paiement de 300 millions d’euros dus au FMI ce vendredi, Athènes n’a pas flanché mais a montré au contraire une habileté inattendue, en s’appuyant sur un règlement interne au FMI et appliqué une seule fois, en Zambie dans les années 80, qui permet de regrouper en fin de mois plusieurs tranches d’un même remboursement. Même Christine Lagarde, l’intransigeante présidente du FMI, semble avoir été prise de court.Reste à savoir quel économiste ou spécialiste a déniché cet obscur règlement qui a permis au gouvernement Syriza de court-circuiter des partenaires qui se comportent comme des adversaires… Dans la guerre en cours, les économistes du
Financial Times ont en tout cas choisi leur camp.
Maria MALAGARDIS 5 JUIN 2015
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