Hannibal // Saison 3. Episode 1. Antipasto.
Un « antipasto » en italien est un amuse bouche, en somme ce que l’on mange avant de passer aux choses sérieuses. Et c’est un peu ce à quoi sert cet épisode d’Hannibal, à nous mettre en bouche une saison qui promet d’être différente des précédentes. D’une part car nous sommes dans cet épisode en Europe. On commence par Paris oui nous passons à Florence en Italie. Cet épisode est aussi l’occasion de donner à Gillian Anderson un rôle bien plus important alors qu’elle se retrouve aux côtés d’Hannibal et tente de comprendre ce qui se passe dans sa tête. Ce qui m’a fasciné avant tout dans cet épisode ce n’est pas forcément ce qu’il raconte, mais la façon dont visuellement tout est organisé. Bryan Fuller a un goût prononcé pour les visuels atypiques et pour le coup, Hannibal poursuit cette tradition avec l’un de ses épisodes les plus rêveur, ajoutant une notion différente de temporalité, histoire de nous permettre de nous plonger dans quelque chose que l’on ne cerne pas totalement pour le moment. C’est un épisode magnifique, voire même magique, qui permet aussi de cerner un peu mieux la relation entre Bedelia et Hannibal. C’est un choix judicieux que de s’être concentré là dessus de cette façon car cela permet aussi de comprendre le personnage de Bedelia. Cette dernière est aux côté d’Hannibal et pourtant, on la sent à la fois perdue, fascinée et prête à passer le pas.
Il y a tellement de notions différentes dans ce premier épisode. Bien entendu, après le cliffangher de la fin de la saison précédente, il fallait poser de nouvelles bases afin de questionner le personnage d’Hannibal (au delà de Bedelia qui n’est qu’une sorte de vaisseau pour la vérité). L’une des questions les plus pertinentes de Bedelia à Hannibal durant cet épisode est le moment où elle lui demande ce que ça lui fait d’être exposé au monde, que les autres sachent ce qu’il a fait. Mais après la fin de la saison précédente, la série ne veut pas tout de suite nous donner de nouvelles des personnages, juste de Bedelia et Hannibal, dans un univers différent et beaucoup plus proche de ce que l’on peut attendre de leur part. Au delà de ça, c’est un épisode qui permet aussi à Eddie Izzard de revenir dans le rôle du tueur en série qu’il a incarné pendant un sacré bout de temps dans cette série. Je trouve intéressant la façon dont ce personnage s’inscrit dans l’univers de cet épisode alors que Hannibal et lui parlent de ses membres qui sont un à un ôtés par un Hannibal qui prend le soin de garder sa proie en vie, tout en le tentant de goûter à sa propre chair, ses propres membres. L’une des scènes les plus terrifiantes est probablement celle des escargots que Hannibal cultive autour d’un bras du personnage.
C’est aussi un épisode terrifiant non pas dans sa narration mais dans sa façon de présenter les choses. C’est comme si ce sentiment de fatalité qu’il y a derrière cet épisode ne pouvait amener que de la fatalité. C’est aussi terrifiant par rapport au sexe. La relation entre Bedelia et Hannibal est différente des autres et c’est aussi ce qui permet de créer de l’horreur psychologique qui me fascine tout autant. Tout au long de l’épisode nous allons aussi tourner autour de Bedelia et de la proie que cherche à intercepter Hannibal. Jusqu’à ce que la série prenne enfin le courage d’aller au bout (et que Hannibal demande à Bedelia si elle veut observer ou participer… créant un sentiment de terreur d’autant plus présent). C’est un thriller angoissant que Bryan Fuller a su créer. Cela passe en grande partie par des jeux de regards (Mads Mikkelsen est parfait), la terreur dans le regard d’une Gillian Anderson parfaite du début à la fin, sans parler de la mort qui rode tout le temps (ne serait-ce que de voir un Zachary Quinto jouer le rôle d’un patient de Bedelia que cette dernière a dû tuer pour se libérer). Il y a aussi un visuel absolument fabuleux, que cela soit une goutte d’eau, une goutte de sang qui coule, le visage de Mads Mikkelsen qui donne l’impression de voir une statue, etc.
« Antipasto » est donc un amuse bouche particulièrement bon qui rappelle que la série sait faire des choses merveilleuses.
Note : 9/10. En bref, l’un des épisodes les plus fascinants avec la structure la plus intelligente.