Le Mercredi 3 juin 2015 se déroulait dans les locaux de L’ESCP, une conférence sur l’économie collaborative. Julien Mechin, l’un des fondateurs de Creads était présent comme intervenant. Le rédaction de Creads vous fait un compte rendu des grandes idées partagées lors de ce riche échange.
Les différents acteurs de la conférence.
Economie collaborative : un eldorado pour qui ?
Aujourd’hui, l’économie collaborative prend de plus en plus de place, au point de modifier certains socles que l’on croyait indestructibles. Si le marché mondiale de l’économie collaborative en 2015 représente 15 milliards de dollars, il devrait atteindre 335 milliards d’ici 2025 selon E&Y. L’économie de freelances, appelée aussi freelancisation du marché, induit une évolution du monde de l’emploi et même de la société.
Si l’économie collaborative est un eldorado, il y a lieu de s’interroger : pour qui ? Pour les employeurs ? Pour les travailleurs ? Pour les actionnaires ? Quelles évolutions sont à prévoir ?
Toutes ces problématiques ont été le coeur de la conférence de l’ESCP Europe. Pour répondre à cette problématique « à qui profite l’économie colaborative ?« , 5 entrepreneurs de cette nouvelle économie ont été invités à se pencher sur ces questions :
- Nicolas Faucher: Responsable stratégie chez Cartes sur table
- Diana Filippova: Ecrivaine, activiste et créatrice de Ouishare
- Christian Person: Fondateur et PDG d’Umalis Group
- Romain Lacombe: Fondateur et créateur de Plume Labs
- Julien Mechin: Co-fondeur de Creads
- Franck Dedieu: Animateur de la conférence et rédacteur en chef du magazine L’Expension
“La seule constante de notre monde, c’est le changement”. Romain Lacombe, fondateur de PlumeLabs
Bientôt 50 % de travailleurs indépendants en France
Les chiffres du chômage de mai 2015 indiquent une nouvelle hausse de 10%, 25 % du temps partiel est subit tandis que 13% des personnes à temps plein sont en burn out.
De ce malheureux paradoxe, on constate que le marché du travail et ses valeurs ne répondent plus aux attentes de stabilité et de protection du travailleur. C’est un nouveau mouvement qui est né : celui de l’économie collaborative. C’est a dire une autre manière de considérer le travail.
Romain Lacombe rappelle d’ailleurs que d’ici 15 à 20 ans, 50% des travailleurs seront des travailleurs indépendants. Une mutation non négligeable et à prendre en considération dès aujourd’hui.
Economie collaborative : créatrice ou destructrice de valeur ?
Selon Franck Dedieu, rédacteur en chef de l’expansion et animateur de la table ronde, si nous nous intéressons aux grandes entreprises telles que Uber ou AirBnB alors on constate qu’elles n’emploient que très peu de salariés (1500 salariés pour Uber et 600 pour AirBnB). Uber est valorisé au même niveau que France Telecom mais a 10 fois moins d’employés (1 500 vs 165 000). L’économie colaborative est-elle destructrice d’emplois ?
Ce n’est pas aussi simple, pour Diana Filippova car l’économie collaborative ouvre de nouvelles perspectives en permettant la redistribution du pouvoir économique et prochainement social et politique.
Néanmoins, la fondatrice de Ouishare admet que l’économie collaborative a introduit des bouleversements en créant de nouveaux modes de fonctionnements et donc de nouveaux risques pour les travailleurs. « C’est la même force qui créée et qui détruit, il faut cesser de les opposer de façon manichéenne » et chercher les opportunités dans ce nouveau modèle.
“Je m’intéresse au champion qui est en chaque personne” Christian Person, président d’Humalis.
Economie collaborative : une opportunité pour les moins qualifiés
Cette nouvelle économie redistribue les cartes de la qualification des travailleurs en valorisant les travailleurs moins qualifiés. Le chauffeur d’Uber, par exemple, n’a pas besoin de licence pour exercer son métier contrairement aux Taxis. Tout comme le propriétaire qui loue son logement sur AirBnB n’a pas besoin d’avoir fait une école hôtelière.
Christian Person insiste sur le fait que l’économie collaborative peut aussi être un atout pour les moins qualifiés, elle ne marginalise par certaines franges de la population contrairement à l’économie actuelle.
Le statut du travailleur est en train de muter, puisque les travailleurs ne sont plus voués, ni même désireux d’exercer une seule activité, mais plusieurs. On entre ainsi dans une société de slashers (ce terme désigne les travailleurs exerçant différentes professions comme par exemple un comptable/photographe).
Faut-il avoir peur de ces changements ? Absolument pas pour Diana Filippova, il faut simplement savoir inventer de nouveaux modèles, prendre en compte les nouveaux risques qu’ils créent et vivre avec notre époque.
“On veut le beurre et l’argent d’Uber.” Diana Filippova, fondatrice de Ouishare
Réinventer le modèle de solidarité
Ainsi l’économie collaborative, en créant des opportunités mais aussi des zones « grises » (non encadrées par la législation) et des zones de risques pour le travailleur comme l’entrepreneur, oblige à réinventer le système de protection du travailleur comme celle de l’assurance santé, du chômage mais aussi du transport et pourquoi pas de l’éducation…
Diana Filippova replace d’ailleurs la discussion dans un contexte économique en crise dans lequel le CDI est devenu un graal inatteignable. Progressivement, le salariat pourrait devenir une forme minoritaire du travail. Elle définit les enjeux de la freelancisation à court et moyen terme :
A court terme : le législateur doit encadrer la zone grise créé par cette nouvelle économie pour protéger le travailleur tout en encourageant les entrepreneurs.
A moyen terme : c’est à la société toute entière de se pencher sur la protection sociale des freelances pour ne pas les laisser sur le bord de la route.
Julien Mechin appuie cette idée en expliquant que le CDI est aujourd’hui archaïque et dépassé. De plus, le système du travail est trop complexe et est un facteur d’inégalités en ne s’adaptant pas aux profondes mutations du statut du travailleur.
“La souveraineté c’est de savoir innover” Romain Lacombe
L’innovation : enjeu majeur de l’ économie collaborative
Cette révolution est une conséquence directe de l’évolution technologique. Aujourd’hui, l’enjeu est de savoir relever les défis tout en permettant l’innovation, et d’anticiper les futures révolutions en créant, par exemple, comme l’avait Creads avec le développement d’une plateforme (il y a 8 ans !). C’est indispensable si l’on veut garder la maîtrise de l’économique et du politique. Celui qui sait développer les plateformes et innover technologiquement aura le pouvoir. Il prend comme exemple, la recherche sur le génome. Il y a moins de 10 ans, la recherche sur un génome humain coûtait 3 milliards de dollars, aujourd’hui, des sociétés américaines décode votre génome pour 1000 dollars. Est-ce que nous avons envie que ces informations sensibles soient accessibles si facilement ? Ces évolutions scientifiques questionnent le contrat social. Il est donc impératif de continuer à innover, de conserver un statut de pionnier pour garder le contrôle sur les règles et l’éthique et imposer notre vision sur ce type de découvertes.
Félicitations à une startup de l’économie collaborative !
Différentes startups ont pitché leur concept lors de cette soirée dédiée à l’ESCP. Nous avons été bluffé par la Start up Weproov. Et afin de soutenir leur très belle initiative et l’entrepreuneriat français, nous avons décidé de leur offrir leur futur logo. Encore félicitation à eux !
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