2 288 personnes ont trouvé la mort et près de 10 000 autres ont été blessées depuis le début du conflit. Si une partie de l’aide humanitaire parvient jusqu’à Sana’a, l’accès reste cependant très limité dans des zones affectées comme Aden ou encore Lahij, au sud du pays.
Le conflit et le blocus ont fait cesser l’importation de nourriture et de pétrole, qui étaient importés dans le pays respectivement à hauteur de 90% et 50%. « Associé à la pénurie de carburants, le manque d’approvisionnement en biens de première nécessité est toujours problématique. Rien ne s’est amélioré depuis maintenant plus de 3 mois » souligne Franck Lepaul, directeur des opérations d’ACF au Yemen. Une équipe d’urgentistes a été envoyée au Yemen lundi 25 mai afin de soutenir et renforcer les programmes sur place, notamment à Sana’a et Hodeida. « Les hôpitaux et les ONG font face à des ruptures de stocks de médicaments de plus en plus fréquentes, mais heureusement pas encore à grande échelle. Le personnel soignant manque à l’appel, faute de carburant pour se déplacer et à cause des bombardements » continue Franck Lepaul.
Si certains aliments restent encore accessibles pour une partie de la population, de façon inégale selon les zones, le prix du blé – aliment de base au Yémen – connait une inflation galopante qui le rend inabordable pour les plus pauvres. « A Sana’a, les 50 kilos de farine sont passés de 20 à 50 US dollars dernièrement » explique Gwenaelle Garnier, coordinatrice nutrition et santé de l’équipe d’urgences envoyée au Yemen. A Aden, certains aliments dont le blé ne sont quasiment plus disponibles : une détérioration très rapide de la situation alimentaire des personnes prises au piège dans la ville est inéluctable.
Les déplacements de population continuent dans le nord, notamment dans les gouvernorats d’Amran et Hajjah, ainsi que dans les zones de Sa’ada et Harad. Au total, environ 1 million de personnes seraient déplacé sur le territoire yéménite.
Dans ce contexte, ACF continue son intervention d’urgence auprès de la population, déplacée ou non, dans dix districts de Hodeida et Hajjah. 71 enfants atteints de malnutrition aigüe sévère ont été pris en charge. 217 autres ont reçu des soins médicaux pour des affections respiratoires, des diarrhées et des infections de la peau. Dans ces deux districts, ACF a distribué des kits d’hygiène et des filtres pour le traitement de l’eau à domicile à 1 000 familles. Plus de 50 000 personnes ont reçu une aide alimentaire.
« Le blocus doit être levé »
A l’occasion de la prochaine tentative de pourparlers de paix provisoirement fixée au 14 juin à Genève, Action contre la Faim réitère sa demande à la coalition menée par l’Arabie Saoudite et soutenue entre autres par la France et les Etats-Unis, de lever immédiatement le blocus naval, terrestre et aérien, dont les civils sont les premières victimes. Le blocus empêche l’entrée des produits de première nécessité et la libre circulation de l'aide humanitaire.
En entérinant la mise en place d’un embargo sur les armes, la résolution 2216 des Nations Unies a entraîné un blocus quasi-total du pays. Face à la crise humanitaire créée notamment par cet embargo, celui-ci doit être revu ou a minima les dispositions de sa mise en place : la population civile yéménite ne doit pas payer collectivement le prix d’une décision du Conseil de sécurité.
L’aide humanitaire, déjà limitée, ne peut pas répondre aux besoins de base de 25 millions de Yéménites. Des alternatives permettant l’entrée des produits de première nécessité doivent être mises en place de façon urgente. « Ce blocus continu du pays fait de plus en plus penser à une stratégie d’asphyxie des populations : c’est inadmissible tant d’un point de vue humanitaire que du point de vue du Droit International, et extrêmement dangereux. Une très forte augmentation de l’insécurité alimentaire dans les semaines et mois à venir, avec des poches de famine, est aujourd’hui une hypothèse crédible » affirme Franck Lepaul.
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