Mes chers petits anges,
C'est un véritable drame qui s'est joué ce lundi 2 juin 2008 en Haute-Savoie. Un drame dont vous avez été les premières victimes. Vous étiez si jeunes et plein d'avenir. Mais le destin en a voulu autrement, au hasard d'une route, dans les griffes impitoyables d'un passage à niveau, dans la cage impénétrable d'un monstre d'acier. Vous avez été victimes de l'inconscience d'un seul homme qui se croyait assez fort pour vous emmener vers Yvoire, un site où vous deviez faire votre classe d'histoire. Mais maintenant c'est vous qui faites partie de l'histoire. C'est terrible comme la vie peut basculer en quelques secondes.
Vos familles sont et seront inconsolables et on les comprend. On peut crier son impuissance, sa colère et son désarroi. On peut accuser un chauffeur de ne pas s'être arrêté quand il fallait, on peut accuser la suppression pas assez rapide de ces installations ferroviaires, on peut accuser le collège d'avoir organisé cette sortie, on peut accuser la famille d'avoir autorisé leur enfant à y participer, bref on peut accuser tout le monde face à une telle tragédie irréparable. Comment ne pas culpabiliser ?
Et si… Et si c'était à refaire, le referait-on ?
Et si j'avais su ? Non, on ne savait pas.
La confiance régnait. C'était impensable. Comment prévoir l'imprévisible ?
C'est pourtant si simple de stopper au feu rouge clignotant, si enfantin.