« Voyager sans rencontrer l’autre n’est pas voyager mais se déplacer » A.D. NEIL
Comme vous le savez, je suis rentré en France le 7 mars 2015 après 2ans et demi autour du monde.
Au cours de ce périple, se sont :
- 76 personnes locales m’ayant accueilli pour écouter mes récits d’aventures
- 83 personnes m’ayant pris en auto-stop
- 12 métiers différents
- 350 000 vues sur Google+,
- 4170 photos organisées par album avec un petit article pour les situer dans le contexte et géolocalisées sur FlickR pour les plus belles
- 40 vidéos sur YouTube,
- 80 tracés GPS téléchargeables pour être visionnés en 3D sur Google Earth
- 125 articles Français/Anglais sur mon Blog
- Cinq Sponsors sportifs
- 3 récompenses au concours « Racontez votre Expérience Outdoor » 2013 et 2014
- 382 pages sur Word retraçant avec détail ce voyage et chaque personne ayant partagé un bout de ma route
Pour tous ce fut une surprise (pour ne pas dire un choc) allant parfois jusqu’à penser que le rêve du voyageur solitaire avec son petit sac de 12gk prenait fin. Je vais maintenant vous expliquer les raisons de ce choix stratégique pour mon avenir.
« Le mouvement est principe de toute vie » Léonard de Vinci
Lorsque je suis rentré pour la première fois en France le 19 décembre 2014 depuis mon départ le 22 Novembre 2012, j’ai réalisé ce que j’avais quitté et pris conscience de ce que j’étais devenu. Pendant mes deux semaines en France, tout le monde était heureux et curieux de me revoir afin d’écouter ce que j’avais à dire face à leurs interrogations.
Repartir après cela pour le Pérou fut bien plus difficile que la première fois où j’annonçais à mes proches que je partais pour l’Australie sans billet retour. Heureusement cette sensation est familière depuis mes 20 ans lorsque je faisais mes études à Bayonne. Une fois l’embrassade et le signe de la main effectués, mon regard intérieur visualisait des rêves que j’avais bien l’intention de transformer en réalité au Pérou.
Néanmoins il semblerait que l’amour que je porte aux montagnes n’est pas chose courante ici. En effet vivre au milieu des sommets Péruviens à un coût que peu de voyageurs peuvent s’accorder. Il faut d’abord s’acclimater à l’altitude si l’on souhaite dépasser les 4000m. D’ailleurs je n’en rencontre aucun voulant se joindre à mes aventures plus ou moins extrêmes auto-organisées. Je mène donc chacune de mes expéditions en solitaire. Bien que les locaux m’apportent une richesse unique, authentique et mémorable, ils ne me permettent pas de combler l’absence du partage au présent.
Cette absence limite la prise de risque et rend l’épreuve plus difficile car on ne peu pas partager la souffrance ressentie avec quelqu’un d’autre. Cette absence de partenaire limite également les activités auxquelles je peux m’adonner seul. Le Pérou est le deuxième pays le plus pauvre d’Amérique du Sud. Ici, pas question de faire de descente de rivière ou du VTT seul car personne ne viendra vous secourir faute de moyens (et faute de couverture réseau). Ces activités ne sont possibles qu’en rejoignant des sorties organisées en groupe avec un guide mais le plaisir ressenti est bien trop limité car la liberté de décision n’existe plus. Je me cantonne donc à faire des treks (dont le dernier fut très dangereux) et après 2 mois je m’en lasse.
Je n’apprécie plus mon voyage, il me faut un nouvel objectif qui continue à m’apporter une richesse intérieure et me fasse sentir vivant. Déjà en Nouvelle-Zélande une sensation intérieure commençait à se faire sentir concernant l’héritage que je souhaitais transmettre: Je veux offrir aux gens la possibilité d’accéder à la nature et y être connecté sans aucune interférence générée par un équipement mal pensé ou induisant un effort supplémentaire consommateur de temps et d’énergie.
Après avoir perdu de vue cet objectif pendant plusieurs mois de Juin à Décembre, voilà que cette sensation intérieure explose à l’intérieur de moi lorsque je me retrouve seul en pleine nature dans des décors à couper le souffle entre Huarin et Baños au Pérou à l’approche de la Cordillère Huayhuash. Une sensation de chaleur et un dégagement d’énergie très fort provenant du ventre se produit et fait frissonner mon corps tout entier lorsque mon mental est concentré sur ces produits que je souhaite développer. C’est la première fois que je dis à haute voix « Bon Julien, tu dois monter ta propre boîte. C’est sûr maintenant tu le sais ».
Ma dernière expérience au Pérou au bord du cratère du Volcan El Misti portera un coup décisif en me faisant réaliser que voyager ainsi ne m’apprendrait rien de plus et que je dois passer à autre chose rapidement pour mettre à profit mes connaissances, mes compétences et mes moyens financiers encore disponibles pour lancer mon entreprise dans les sports Outdoor.
Lorsque je retourne sur Arequipa chez la dame où je séjournais et où j’avais laissé une partie de mes affaires pour faire mon ascension, je fais la rencontre de son fils Roy. Il se trouve qu’il est agent de voyage et il me propose un billet Aller/Retour Lima-Paris pour 1600 Soles valable un an (environ 453€ en Mars, le simple billet aller coûtant 400€). Je n’hésite pas une seconde. Dix jours plus tard (dont trois consacré au Canyon de Colca), me voici de retour en France.
AmbitionOutdoor: L’équipement ultime sans équivaux
L’ambition est un désir ardent de parvenir à quelque chose. Ce mot symbolise aussi bien ce que je suis que ce qui anime tous les sportifs Outdoor : la recherche d’un projet, sa visualisation et les moyens mis en œuvre pour permettre la réalisation de celui-ci afin de se connecter à notre élément naturel, portail vers l’atteinte d’un Nirvana éphémère.
Ce mot a un sens si fort qu’on lui attribue souvent une connotation négative. Cependant les sportifs outdoor sont des personnes profondes et complexes, très sensibles aussi bien envers l’environnement qu’envers la vie elle-même.
Derrière le mot AMBITION je vois une conquête éphémère qui se mérite, source d’un combat intérieur nécessitant toutes mes ressources à la fois physiques et mentales me faisant souffrir, trembler, crier.
L’atteinte de ce sommet, franchir cet obstacle, se retrouver dans ce tube, défier la gravité, admirer un paysage dont peu de mortels connaissent l’existence… ce temps de pause d’une seconde où nous ne sentons plus notre corps et sommes à la fois déconnectés du monde et connectés au tout. Jamais nous ne nous étions sentis aussi vivants. Tant de souffrance pour cette seule seconde libératrice nous remplissant d’énergie positive. Cette intensité ressentie est si plaisante que nous sommes prêts à replonger de plus bel en enfer pour espérer l’atteindre à nouveau.
C’est ainsi que je considère les sports de pleine nature. Mon but n’est pas de démocratiser leur pratique mais plutôt de permettre à ceux qui les pratiquent de se concentrer pleinement sur leur objectif final sans interférence provenant d’un matériel nécessitant des gestes parasites.