Rencontre les habitants du village d’insertion Rrom de Saint-Ouen

Publié le 05 juin 2015 par Asse @ass69014555

Le Collectif de solidarité avec les Rroms de Saint-Ouen en danger continue son travail de fourmi, en vue d'établir un dialogue avec les autorités municipales et préfectorales, tout en maintenant sa vigilance sur le " village d'insertion " Rrom, toujours menacé d'expulsion sans aucune proposition de relogement (appartements, terrain,...) à ce jour.

Une rencontre à la permanence du DAL a permis de relier, sans les confondre, les luttes autour du Cara, du village d'insertion, et de tous les mal-logés, expulsés, menacés d'expulsions de Saint-Ouen, ville qui n'est pas loin d'établir un bien triste record en la matière !

Aujourd'hui, pour que le Village d'insertion ne devienne pas village d'exclusion, le collectif s'organise.

Suite au rassemblement du 23 mai dernier, le DAL Saint-Ouen a demandé une interruption de séance lors du prochain conseil municipal du 8 juin, pour informer sur la situation des habitants du " village d'insertion " Rrom, des habitants des immeubles des 17/19 rue Jules Vallès et des habitants du CARA et demander à l'équipe municipale de clarifier ses positions en matière de logement sur la ville. Cette prise de parole n'a pas été accordée.

Puisque nous ne pouvons prendre la parole dans l'enceinte de la maison du peuple, c'est devant elle, sur le parvis, que nous ferons entendre notre voix, en convergence avec celles des autres audoniens et audoniennes victimes de la politique du logement actuelle.

Le Collectif de Solidarité avec les Rroms de Saint-Ouen en Danger et le DAL appelle donc à un

rassemblement devant la mairie
lundi 8 juin,
avant et pendant le conseil municipal prévu à 20 heures.

Mais le travail du Collectif ne se limite pas aux appels à rassemblements : constitution de dossiers de demandes de logement, travail avec les avocats, échanges avec les associations,... se poursuivent, au quotidien.

Un courrier au Délégué interministériel pour l'hébergement et l'accès au logement des sans-abri (copie à William Delannoy) a été envoyé la semaine dernière, exposant la situation du " village ", soulignant l'absence de réponse et de réaction de la municipalité, pourtant confrontée à l'urgence.

Des médias (presse, radio et télévision) ont été contactés, des articles, des émissions, sont en voie de réalisation.

Le travail en cours est donc d'importance, qui vise à éviter une expulsion brutale, sans solution aucune, cet été.

NE RESTONS PAS A ATTENDRE QUE LE VILLAGE D'INSERTION SE TRANSFORME EN VILLAGE D'EXCLUSION !

Nous avons besoin de vous, d'un peu de votre temps et de vos compétences ... Pour l'heure, nous sommes trop peu nombreux pour faire face aux différentes tâches, et vous êtes, par contre, des dizaines à vous déclarer concernés, solidaires des familles que nous défendons. Ils ont besoin de vous comme nous avons, tous, besoin d'eux.

Pour nous rencontrer et rencontrer les habitants du " village " Rrom :´ RV lundi 8 juin, place de la mairie, 20 heures.

Pour comprendre ce qui s'y passe...

20 minutes - 25 09 2013

Depuis le 15 juillet, l'expérience du village d'insertion de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), ouvert avec 21 familles en 2008 au cœur d'une zone industrielle, n'est plus qu'un lointain souvenir. L'Etat a cessé de payer le 31 décembre 2012 cette expérimentation, lancée sous la présidence Sarkozy, censée favoriser l'insertion des Roms grâce à des accompagnements scolaires et d'accès à l'emploi. Puis ce fut au tour de la mairie, en plein été. Conséquence, l'électricité a été coupée, tout comme l'accès à l'eau. Le propriétaire s'est tourné vers la justice et a demandé l'expulsion des Roms. Leur sort sera scellé le 4 octobre prochain, au tribunal de grande instance de Bobigny.

Aujourd'hui, il ne reste plus que sept familles sur ce terrain bitumé où quelques caravanes sont toujours stationnées, entre deux tas de ferraille. L'Etat s'étant désengagé du programme fin 2012, la ville de Saint-Ouen n'a pas voulu payer "toute seule" les 2 millions d'euros estimés chaque année pour "insérer" les familles. " On a fait l'effort financier pendant cinq ans. On est même allé au-delà", justifie-t-on à la ville. " Il y a 20.000 Roms en France, 10.000 en Ile-de-France, 600 à Saint-Ouen, soit 1% de la population. Il faut une solidarité, au moins régionale ", déplore-t-on dans l'entourage de la maire, Jacqueline Rouillon, apparentée parti communiste.

"Reprendre les financements"

Gagarine Harap, 55 ans, fait partie des Roms installés depuis l'ouverture du village. Il jure vouloir "poursuivre le programme". " Je veux travailler et les enfants veulent retourner à l'école", soupire-t-il. Alors quand on lui demande ce qu'il pense des propos tenus par le ministre de l'Intérieur, un large sourire s'affiche sur son visage rondouillard. " Valls? Ça fait dix ans que j'entends ça. A force, je n'y prête même plus attention ", soupire ce "chauffeur-livreur-plombier.

" Le projet est un échec. D'ailleurs, si c'était vraiment un village d'insertion, pourquoi est-il si éloigné de la ville, en pleine zone industrielle? " s'interroge Samir Mile, président de La voix des Roms. Ce responsable associatif demande à la mairie de reprendre les financements.

Un autre bidonville

Le "village" est gardé par un vigile. Ce sont les propriétaires de terrains voisins, en chantier, qui ont fait appel et payé une société de gardiennage pour empêcher l'installation d'un campement illicite. Mais comble de l'absurde, un bidonville de 500 Roms s'est construit fin juillet à quelques centaines de mètres seulement du "village", sur un terrain privé appartenant à Réseau ferré de France (RFF). Le tribunal de Bobigny doit se prononcer sur une éventuelle expulsion mercredi prochain.

Les expulsions à répétition mettent en difficulté les tentatives d'insertion. " A Sarcelles, où j'avais réussi à convaincre les parents de scolariser leurs enfants, le bidonville a été détruit, après une décision d'expulsion. Je n'ose même pas retourner les voir", lâche Samir Mile. Gagarine prend la parole: " Les Roms ne sont pas tous voleurs et alcooliques. Il y en a, sûrement. C'est bien la preuve qu'on est un peuple, comme tous les autres ", conclut-il.