Chronique : « XIII Mystery (T8) Martha Shoebridge »
Scénario de Giroud, dessin de Wilson, couleurs de Bérangère Marquebreucq,
Public conseillé : Adultes/adolescents
Style : Polar
Paru aux éditions Dargaud, le 5 juin 2015, 56 pages, 11.99 euros
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L’Histoire
Martha, jeune et brillante médecin accoucheuse, se rend dans une soirée mondaine chez les Fitzsimmons. Un peu perdue dans ce monde bourgeois, elle est abordée par William Sheridan, le jeune député progressiste.
De sortie en sortie, Martha tombe amoureuse du beau politicien, mais rien de plus concret ne semble arriver… Sur les conseils de sa meilleure amie, Martha met les bouchées doubles. A la soirée dansante, sa présence est mal vue par Cordula, l’assistante de William, car la demoiselle a des vues sur son patron. Mais même sans connaître les danses de salon en vogue dans ce milieu « friqué », Martha s’en sort remarquablement bien et prend l’avantage…
Ce que j’en pense
Ah, qu’il est sympa, ce spin-off de XIII ! Toujours dans la ligne du parti (duo de scénariste / dessinateur qui n’a jamais travaillé ensemble + reprise d’un personnage secondaire de la série), ce nouvel épisode n’est pas mal du tout.
Après du très bon (“La mangouste” de Dorison et Meyer; “Colonel Amos”, de Boucq et Alcante, Betty Barnowsky de Callède et Vallée, “Bily Stockton” de Cuzor et Bollée…) et du moins inspiré, ce 8e tome “Martha Shoebridge” est un bon cru.
Aux commandes, nous retrouvons deux “vieux de la vielles” qui ont un sacré métier derrière eux et ça se voit ! Colin Wilson (dessinateur de ”La jeunesse de Blueberry”, “Du plomb dans la tête” et récemment “Wonderball”…), et Frank Giroud (auteur, entre autre, des séries concept “Le décalogue”, Destins”, “Quintet”, Secrets”…) rentrent dans le moule en gardant leurs spécificités.
S’intéressant à la psychologie des personnages, Giroud développe le personnage qui découvre XIII a moitié mort, dans le premier épisode de la série. Il est donc tout à son aise pour inventer le parcours de ce personnage avant la série, sans s’encombrer de références.
La “Martha” de XIII est assez négative (médecin alcoolique rayée de l’ordre), et à la recherche d’une seconde chance. Giroud s’interroge sur son passé et lui invente une vie de une jeune femme brillante, brisée par la vie. Partant de ce principe, il nous raconte chronologiquement 10 années de la vie amoureuse de la jeune et jolie Martha.
Intéressé par les changements émotionnels de ses personnages, il construit un personnage complexe, au passé douloureux. Même dans le carcan codifié de la série “XIII”, il joue sa carte perso, avec franchise et maîtrise.
Le résultat est très plaisant, même s’il risque de déstabiliser les aficionados de la série Mère. Certes, Frank Giroud raccroche les wagons à la fin de l’album, mais c’est avant questions de sentiments (plus ou moins partagés) et de mésalliance dont il est question.
Coté dessin, Colin Wilson joue sa partition avec sérieux. Son dessin très classique (pas vraiment étonnant après avoir repris “La jeunesse de Bluebery“) est servi par un découpage solide et sobre (4 bandes par cases). Pas de grands cases immersives, mais une foule de détails qui ne perturbent pas la lisibilité. Le Gars Wilson connaît son boulot !
Si les dialogues de Giroud se font parfois un peu trop denses, il arrive à gérer l’ensemble et “disparaît” presque derrière le récit. C’est bon ou mauvais ? A vous de choisir.
Enfin, petit coup de pouce aux couleurs de Bérangère Marquebreucq, toujours impeccables. Ambiances sobres, rehaussées de quelques effet de lumières, c’est « juste comme il faut ».