Les incidents qui ont émaillés la visite de François Fillon, Xavier Darcos et Rachida Dati, hier au lycée Paul Bert, étaient plus que prévisibles. Pourquoi les ministres ont-ils choisi cette confrontation virile avec les lycéens ? Faut-il y voir une sorte d'acte d'autorité, une provocation ? La réponse est clairement oui.
Rappelons que l'objet de cette visite était de présenter un énième plan de lutte contre la toxicomanie. M. Fillon a dévoilé les principaux axes de son plan : en gros cela se résume au renforcement des contrôles, des sanctions, et à un discours moralisateur sur l'usage des stupéfiants ! Tout cela n'est vraiment pas sérieux. Je note que la Ministre de la Santé, de la Jeunesse et des sports, Mme Bachelot, n'avait pas été invitée à participer à cette conférence de presse. Il s'agit pourtant d'un sujet, qui normalement, dépend directement de sa compétence ministérielle ! Je note que le rapport Versini, Défenseure des enfants, sur "les adolescents en souffrance" est déjà tombé aux oubliettes.
En venant en cette période de l'année, pendant les révisions, quelques jours après une très forte mobilisation lycéenne et enseignantes contre les coupes sombres du budget de l'Education Nationale, les ministres savaient très bien quelle serait la nature de la réaction. Ils savaient parfaitement que l'annonce de leur plan contre la drogue en milieu scolaire ferait "pschitt" au milieu des dépêches sur les incidents en marge de la visite. C'est effectivement ce qui s'est produit.
Néanmoins, le 1er ministre avait peut-être mal évalué l'ampleur de la confusion. Les lycéens et les collègiens étaient dans l'impossibilité de rentrer dans leur propre lycée ! Plusieurs candidats au bac qui n'ont pas pu effectuer leurs TP de bac, prévus dans l'emploi du temps. Mais aussi des candidats au BEP restauration qui étaient convoqués pour passer des épreuves...
Cette visite devait sonner comme une provocation, il s'agisssait pour le gouvernement de chercher à intimider toute forme de contestation. Pour le moins, cette opération a échoué. Pire, Le Premier Ministre a probablement vécu hier dans le 14e, sa pire visite de terrain depuis 12 mois...