Critical // Saison 1. 13 épisodes.
BILAN
Critical est une série médicale assez ambitieuse dans le sens où son but est de raconter des opérations risquées en véritable temps réel. Il y a donc rapidement à chaque nouvel épisode un patient à sauver et un timber commence à compter le temps qui passe. Décrite comme le 24 des séries médicales, c’est bel et bien le cas. C’est rapidement devenu une série impressionnante mais aussi très peu ragoutante. En effet, les scènes d’opérations, se voulant très réaliste, usent et abusent d’hémoglobine et de scalpels, écarteurs et tout autre instruments chirurgicaux. Je ne vais pas devenir chirurgien en regardant Critical et je ne pense pas que je serais capable de ne faire qu’une ouverture dans la trachée pour permettre à quelqu’un de respirer (j’aurais trop peur de me louper avec cette histoire de stylo bille que tout le monde a déjà vu des dizaines de fois dans des séries médicales). Mais ce que Jed Mercurio apprécie et aime le plus ce sont les petits détails. C’est d’ailleurs eux qui font le succès de cette série à mon humble avis. Avoir avoir développé une série sur la corruption (Line of Duty) dans le registre policier, le créateur reste attaché au genre médical comme le suggère ses précédentes oeuvres Cardiac Arrest ou encore Bodies. Rapidement, au fil des épisodes on se rend compte qu’il y a plus que des cas médicaux.
En effet, Critical veut aussi développer l’histoire des personnages et les relations qu’ils peuvent entretenir les unes avec les autres. Lors du lancement de la série, le créateur a lancé « I like realism in drama and I like writing realism » et sa passion transpire à chaque nouvel épisode qui passe. On sent qu’il a envie de nous montrer ce que c’est que d’opérer quelqu’un dans un centre traumatique dans l’urgence. Et l’urgence veut même parfois dire faire des opérations à coeur ouvert en plein milieu de la route, comme cela va être le cas dans le dernier épisode. Il faut avoir le coeur solide et ne pas être trop hypocondriaque ou hémophile car Critical veut nous montrer des opérations avec des mains plongées dans le corps de patients qui sont presque sur le point de mourir. On a déjà mal pour les patients par moment, surtout quand ils doivent faire des ouvertures qui font la taille du corps, casse des côtes afin d’accéder à des endroits particuliers, etc. La série n’a justement de cesse de faire des choses de ce genre là, de créer même de l’attente d’un point de vue médical. Car on finit presque par devenir accro à ces aventures (attention cependant à ne pas être en train de manger votre repas, c’est un coup faim assuré à consommer si vous être en période de jeûne sinon c’est la sale digestion assurée).
En tout cas, rapidement dans cet épisode on découvre que Critical veut nous raconter des choses complètement différentes de ce que l’on avait probablement imaginé au départ. Le pilote est déjà une mise en bouche assez efficace dans le genre et les épisodes suivants sont assez souvent beaucoup plus crus dans leur façon de montrer la chair, les organes que l’on peut sortir d’un corps rien que pour aller cautériser une plaie ou une (petite) fuite de sang qui est en train de faire perdre la vie à quelqu’un). Les personnages secondaires ont eu aussi un rôle à jouer et pas seulement lors du grand cas de la semaine. Il y a d’autres choses pour les occuper, comme une trachéotomie ou bien d’autres choses qui les laisse même parfois en roue libre. Mais c’est la meilleure façon d’apprendre des choses, même si ce n’est pas toujours bien vu. Lennie James incarne le chef du centre traumatique de façon assez intéressante. Son personnage est aussi sombre, stoïque que vraiment passionné par son métier. Je suppose que le créateur a voulu présenter le rôle d’un chirurgien qui n’a rien à faire des autres, juste de ses patients. Il y a donc un peu de Gregory House dans ce personnage, ce qui reste assez intéressant mine de rien. C’est aussi une série qui a besoin de sang frais et c’est pour cela qu’il y a Kimberley Nixon, un personnage important par rapport à l’apprentissage que tente de faire la série.
Jed Mercurio, le créateur est comme je le disais dans ma critique du pilote de la série, un ancien docteur qui connaît donc très bien l’univers médical et l’urgence dont il faut parfois faire preuve afin de sauver la vie des gens. C’est ce sur qui il veut mettre l’accent. C’est une occasion pour la série de développer aussi l’importance du travail, surtout de ces gens qui sauvent des vies et que l’on ne met peut-être pas assez souvent en avant. Par ailleurs, Critical est peut-être la série la plus graphique qu’il soit. En plus de montrer ouvertement des scènes de corps que des chirurgiens mutilent dans l’espoir de les sauver, cette série compte justement sur le téléspectateur pour découvrir ce que c’est que d’être chirurgien et que ce n’est pas rose comme dans Grey’s Anatomy, que lors d’une opération ce n’est pas toujours comme quand deux médecins rigolent de leurs relations sexuelles, etc. En tout cas, c’est quelque chose qui comme ça fonctionne plutôt bien dans son ensemble et que Critical exploite à sa façon (et de façon intelligente je dirais même). Chaque épisode se concentre sur une opération dans l’unité des traumas critiques. C’est même encore plus spécifique que ça étant donné que Critical se concentre sur la fameuse « Golden Hour », la première heure d’une opération où il y a le plus de choses en jeu.
Critical veut alors nous montrer en détails ce qui se passe réellement et pourquoi cela se passe. Les relations entre les divers membres du staff et des patients (normalement au centre d’une série médicale et c’est même encore le modjo de la plupart des séries médicales actuelles) a disparu en grande partie afin de laisser de la place au détail de l’opération et de celui ou celle qui sera sauvé grâce à ces médecins. Je ne serais pas surpris de voir une chaîne américaine acheter le concept afin d’en faire une adaptation (encore plus si le médical est vraiment de retour cette saison). Celle-ci est une vraie alternative au genre. C’est certes très cru mais cela fonctionne justement en grande partie pour ça, car la série n’a pas peur de montrer le sang et de mettre les mains dans le cambouis.
Note : 7/10. En bref, dans sa tentative de dépeindre l’univers médical sous une façon ultra réaliste, Jed Mercurio réussi son opération, de sueur et de sang.