Le midi LIbre vient de faire une découverte !

Publié le 04 juin 2015 par Particommuniste34200

L es plus touchés sont les familles monoparentales et les personnes seules, les centre-villes et communes isolées.

Le Languedoc-Roussillon se paupérise toujours plus. Un habitant de la région sur cinq vit en dessous du seuil de pauvreté. Certes, ce n'est pas une révélation. Mais ces dernières données, livrées par l'Insee, sont tirées d'une étude effectuée avec un nouveau paramètre : le fichier localisé social et fiscal. Il permet une lecture de la carte des revenus - déclarés par les foyers en 2012 -, des inégalités, de la pauvreté monétaire en France au plus près des territoires. C'est-à-dire qu'il fournit une analyse plus poussée de chaque commune.

"Quand on parle de pauvreté dans le cas qui nous intéresse ici, c'est une approche relative, monétaire. Ça n'a, par exemple, pas de lien avec la privation d'un certain nombre de biens et de services comme se vêtir, se loger", indique Pierre Girard, responsable du service études et diffusion en Languedoc-Roussillon. Pas non plus de rapport avec ce qui est du ressenti, "avec le fait de se dire ou de s'estimer pauvre".

La moitié des ménages situés en Languedoc-Roussillon disposent de revenus plus faibles que le reste de la France. Le niveau de vie médian mensuel est en effet estimé à 1 500 € tandis qu'il culmine à 1 650 € au national (1 620 € si on exclut Paris). Notre région dispose de moins de revenus salariaux et de plus de pensions et retraites que le reste du territoire hexagonal. "C'est le signe du surchômage, d'un chômage prégnant sur la longue durée, et le reflet d'une population un peu plus âgée", souligne Roger Rabier, du service études et diffusion.

Quant au seuil de pauvreté selon la composition familiale, il est de 990 € pour une personne seule, 1 485 € pour un couple sans enfant et une famille monoparentale avec un enfant de plus de 14 ans et de 2 080 € pour deux parents et deux enfants de moins de 14 ans. Face à ce constat peu réjouissant, il faut noter que la redistribution de l'impôt via les aides diverses a le mérite de réduire assez considérablement cette pauvreté, et ce de 30 %.

"En ville, on trouve une concentration plus grande de logements sociaux et de personnes seules"

Les cinq départements régionaux sont parmi les plus impactés de France par la pauvreté monétaire. L'Aude est troisième en partant des plus sinistrés ; les P-O, 4e ; le Gard, 6e. L'Hérault occupe la 10 e place et la Lozère la 23 e alors qu'elle a le plus faible taux de chômage au national. "La pauvreté y est essentiellement rurale, le niveau de vie moyen très faible", observe Roger Rabier. Les communes isolées, les plus rurales, ainsi que les hyper centres des villes, sont très fragilisés. "En ville, on trouve une concentration plus grande de logements sociaux et de personnes seules." Les périphéries - les premières couronnes - semblent plus protégées. "C'est là où s'installent en général les ménages moyens ou plus aisés."

Lorsque l'on classe les 230 grandes aires urbaines de France en fonction de leur taux de pauvreté, on constate que celles de la région sont malheureusement en tête du peloton. Beaucaire détient la première place, Béziers la 4e, Bagnols-sur-Cèze la 8e. Les petites et moyennes aires urbaines ne sont pas en reste : Lézignan-Corbières, Lodève et Pézenas dépassent allègrement les 25 % de taux de pauvreté. Les communes lozériennes de Mende, Marvejols et Saint-Chély-d'Apcher ont un taux deux fois moins élevé.

Les informations sur cette étude sont consultables librement sur le site de l'Insee : www.insee.fr/languedoc-roussillon A lire demain : environ 900 maires, parlementaires et chercheurs, sont attendus à Nîmes, ce jeudi et vendredi, pour les 10es Assises nationales du centre-ville. Commerces, rénovation urbaine et tourisme dans les centres historiques seront au cœur des débats.

La future grande région toute en contrastes

Lorsque l'on observe, face aux chiffres de 2012, la grande région formée par le Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, on note de fortes disparités entre les deux territoires. Le taux de pauvreté est moins prégnant dans la seconde. Toulouse culmine à 18 % mais ses périphéries lointaines sont plus protégées que celles que l'on trouve près de Montpellier. Pau, Rodez et Agen sont également moins impactées, l'Ariège et le Tarn plus fortement touchés.

Alors que Montpellier occupe la 52e place des 230 grandes aires urbaines les plus pauvres de France, Toulouse se classe 168e. Rappelons qu'actuellement le chômage touche 14,3 % de la population active en Languedoc-Roussillon, 10,4 % en Midi-Pyrénées (10 % en France). Pour ce qui est du territoire national dans son ensemble (données 2012), le taux de pauvreté est plus important dans le Nord, le Sud-Est ainsi qu'en Seine-Saint-Denis.

La part de la population dont le niveau de vie est en deçà du seuil de pauvreté est plus élevée en Corse, en Languedoc- Roussillon, dans le Nord, le Pas-de-Calais (autour de 20 %). Il est plus faible en Bretagne et Pays de la Loire (moins de 11 %). L'Île-de-France est le département qui a à la fois le plus fort et le plus faible taux de pauvreté : 9 % dans les Yvelines et 27 % en Seine-Saint-Denis. Sur l'ensemble de l'Hexagone, 14,3 % de la population a un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté. 77 % de la population pauvre réside dans les 230 grandes aires urbaines.