"- Si Cora D s'échappe, je me ferais un plaisir de vous arrachez le cœur via l'anus et de vous le remettre en place par la gorge.
- Pas très hygiénique tout ça !"
Pour des raisons presque évidentes, "Barb Wire" fait partie de ses films qui ont marqué mon adolescence. Pas forcément dans le bon sens du terme car je dois admettre que si je me souvenais de quelques scènes, l'histoire en elle-même (dont je me moquais à l'époque) n'était pas resté dans ma mémoire. Du coup, quand je suis tombé sur le Blu-ray de ce film pour deux euros, j'ai eu envie de lui laisser sa chance et de le regarder de façon un peu plus "sérieuse" en laissant de côté mon âme d'adolescent.
Et au final, le résultat n'est pas aussi catastrophique que ce que je craignais. Le scénario écrit par Ilene Chaiken, Chuck Pfarrer et Chris Warner est certes risible en tout point tant il s'avère médiocre mais puisque j'étais en condition, je l'ai regardé comme un nanar et c'est passé assez facilement. Avec son monde apocalyptique très sous exploité qui sert uniquement de prétexte pour faire exister notre héroïne, je me suis vraiment marrer à suivre ses aventures qu'il est impossible de prendre au sérieux.
On y met de l'action bas de gamme, un humour très léger, de l'action approximatif qu'une série B ne renierait pas le tout avec une ambiance sexy façon années 90 à une époque où le téton de Pamela Anderson faisait encore fureur et on obtient ce résultat complétement abracadabrantesque. Entre répliques qui me font sourire et situations totalement loufoque, j'ai laissé mon cerveau de côté et même si j'ai conscience que l'ensemble est très mauvais même pour une série B, sans en abuser, je peux me marrer (mais bon, je ne suis pas une référence, j'admets que je suis un public très facile).
De son côté, Pamela Anderson fait le boulot. En Barb Wire, la comédienne propose ce que l'on attend d'elle. Son jeu est catastrophique, elle ne possède aucune crédibilité mais tout est misé sur sa plastique et c'est surtout ça qui fait vendre ce film on ne va pas se mentir, film qui va surfer sur le fantastico-érotique gentillet. J'ai alterné à de nombreuses reprises entre la version française et la version originale, que ce soit le jeu de Pamela Anderson ou celui de sa doubleuse française, le résultat est si mauvais que ça en devient drôle et du coup, je dois avouer avoir eu un faible pour la version française qui accentue le côté nanar. Pamela Anderson semble y croire en tout cas et force est de constater que sa conviction doit se ressentir un minimum puisque c'est vrai que ce long métrage vient assez vite à l'esprit (du moins je trouve) lorsque l'on évoque la filmographie de l'actrice.
Derrière, tout le monde fait de la figuration. Barb Wire et son physique prennent tout le devant de la scène mais cela n'empêche pas que les rôles secondaires s'intègre dans cette ambiance loufoque à commencer par un Xander Berkeley en Alexander Willis qui domine sans doute les autres rôles grâce à sa présence à l'écran mais aussi à son personnage totalement décalé que j'avoue avoir bien aimé. Autre acteur qui a une présence naturelle, Udo Kier en Curly est lui un peu plus effacé, son potentiel n'est sans doute pas suffisamment exploité mais il réussit à ne pas être trop ridicule dans ses échanges.
En meneurs de la résistance qui vont tenter de nous faire adhérer à leur cause, j'ai trouvé que Temuera Morrison et Victoria Rowell, respectivement Axel Hood et Cora D, sont un peu plus effacé et transparent dans leurs caricatures. On devrait se soucier de leurs sorts, espérer qu'ils mènent à bien leur mission... mais on ne s'en préoccupe pourtant jamais. Peut-être trop pris par le comique du jeu d'actrice de Pamela Anderson et de son personnage, ce couple de rebelle peine vraiment à exister dans cette intrigue.
Pour le reste, même si on ne l'exploite pas beaucoup, j'ai bien apprécié Jack Noseworthy en Charlie Kopetski. Grâce à l'acteur, malgré le portrait peu glorieux de son personnage, j'ai eu envie de sympathiser aimant bien son humour noir et son regard cynique. Le cliché du Colonel dictateur avec ses méthodes expéditives interprété par Steve Railsback en Colonel Pryzer m'a fait sourire aussi tout comme Clint Howard en Schmitz même si je suis un peu plus habitué à voir ce dernier jouait ce genre de rôle à l'écran.
La mise en scène de David Hogan joue beaucoup aussi sur l'aspect nanar de ce film. Ce n’est pas spécialement mal filmé, c'est assez lisible et simpliste à suivre mais l'ensemble est si anecdotique qu'il n'y a pas de grands plans remarquables. On se souvient principalement des scènes sexy avec Barb Wire, dont la scène d'ouverture assez mémorable, mais ce souvenir est plus dû au fait de la présence de Pamela Anderson dans des positions lascives plutôt que du fait de la réalisation assez plate.
Après, je dois avouer que retrouver cette ambiance années 90 dans ce long métrage a contribué à mon plaisir également. Ce monde de chaos et de destruction déjà vu des centaines de fois avec ce sable rouge et ce soleil étouffant qui entoure nos personnages de poussière n'est pas très original mais je ne m'attendais pas non plus à autre chose. Globalement, que ce soit la photographie, l'exploitation des décors, les costumes ou le montage, il n'y a rien de bien exceptionnel ni de nouveau mais c'est rythmé et c'est déjà ça.
Visuellement, malgré mon Blu-ray dont l'image me paraissait d'être de bonne qualité pour ce genre de film, le film souffre quand même de ses années. Mais c'est aussi cela qui fait son charme. J'ai aimé l'action qu'on nous offre, ce côté sexy qui nous donne juste ce qu'il faut pour ne pas aller plus loin, la chorégraphie très simpliste et grossière de l'action ainsi que ses différents effets visuels qui jouent dans la surenchère. Quant à la bande originale composée par Michel Colombier, elle propose des sonorités musicales assez classique pour ce genre de divertissement qui ne se prend pas la tête.
Pour résumer, je comprends que "Barb Wire" ait mauvaise presse. Cinématographiquement, c'est très mauvais mais devant ce nanar, au-delà de mes souvenirs de jeunesse, je m'amuse quand même un peu tant l'ensemble est ridicule et assume son côté décalé. Très mal écrit, joué de façon assez plate et mis en scène de manière très classique, ce long métrage m'a fait passer un bon moment où je n'ai pas eu à réfléchir pour suivre l'aventure. C'est bourré de maladresses et d'erreur, c'est surtout un énorme prétexte pour jouer avec le physique de son actrice principale mais le film possède quand même son charme je trouve, il sent bon les années 90 et en condition, je peux le regarder sans soucis sans toutefois en abuser. Un petit nanar du samedi soir sympathique en bref de mon côté.