Sur l’île de La Réunion, des élus et les compagnies Bouygues et Vinci veulent construire une route ruineuse pour désengorger la voie actuelle. Mais les dégâts sur l’environnement et le coût pour les finances publiques seraient immenses, alors qu’une alternative existe.
Manuel Valls, qui doit se rendre à la Réunion du 11 au 13 juin, est attendu de pied ferme par les opposants à la nouvelle route du littoral. Ceux-ci lui demanderont d’engager un débat sur le coût économique, environnemental et sociétal de ce projet porté par Didier Robert, le président (UMP) du Conseil régional et soutenu par son gouvernement. « Nous attendons de lui qu’il commandite un audit financier et qu’il clarifie sa position sur ce projet pharaonique qui hypothèque gravement l’avenir de l’ile », dit Jean-Pierre Marchau, élu EELV responsable des transports à la mairie de Saint-Denis.Samedi 30 mai, ils étaient plus de 400 à manifester aux Avirons, la commune concernée par le projet, contre l’ouverture de la carrière de Bois Blanc, d’où il est question d’extraire plus de 17 millions de tonnes de matériaux destinés au futur chantier. « Près de cinq ans après le lancement du projet, on touche désormais directement la vie des Réunionnais et la mobilisation prend enfin forme sur le terrain. Nous espérons qu’ils seront encore plus nombreux dimanche 7 juin pour la prochaine manifestation. Certains ne seraient d’ailleurs pas contre passer à la vitesse supérieure, jusqu’à faire du site de Bois Blanc une nouvelle ZAD (Zone à défendre), à l’instar de Sivens ou de Notre-Dame-des-Landes », prévient l’élu.La « NRL », comme on l’appelle à La Réunion, tient une place de choix sur la liste des grands projets inutiles. De quoi s’agit-t-il ? Du projet de remplacer l’actuelle route côtière, qui va de la préfecture de Saint-Denis au Port, par une route à deux fois trois voies. Construite sur pilotis par Bouygues et Vinci, cette prouesse technique a un coût exorbitant : 1,66 milliards d’euros pour ... 12,5 kilomètres, soit 138 millions le kilomètre, selon le budget initial. Du jamais vu, alors qu’un kilomètre de route coûte en moyenne 6,2 millions d’euros.
- Vue informatique du projet
Une alternative existe : le tram-train
L’Alliance est d’autant plus fermement opposée au projet de nouvelle route du littoral que Paul Vergès, son leader, qui a été président de Région de 1998 à 2010, avait lancé un projet de tram-train entre Saint-Denis et Le Port. Des travaux de sécurisation de l’actuelle route exposée à des chutes de pierres depuis la falaise étaient également prévus.Personne ne conteste en effet la nécessité de trouver une alternative à l’actuelle route du littoral. Construite en 1976 et empruntée par 10 000 véhicules à l’époque, cette voie est aujourd’hui fréquentée quotidiennement par 60 000 automobilistes. Résultat, les accidents ou pannes de véhicules allongent significativement les bouchons récurrents de l’entrée ouest de Saint-Denis.Michel Dubromel, responsable Transport et mobilité durable à la France Nature Environnement, connaît bien le projet de tram-train que son association avait soutenu lors du Grenelle de l’environnement en 2007. « Il faut arrêter le ’tout bagnole’ et développer les transports en commun à la Réunion. C’est une obligation si on veut éviter le ’coma circulatoire’ qui menace l’ile. Et sur le plan environnemental, la NRL est une catastrophe ! », s’insurge-t-il.- Les eaux de la Réunion abrite des espèces remarquables, tel le corail Acropora hyacinthus
- La Ravine du Trou, où pourrait se creuser la carrière du Bois Blanc
Lire aussi : Un projet pharaonique d’autoroute à La Réunion
. Chapô : vue informatique du projet par le cabinet d’architectes Lavigne Cheron
. Autre vue informatique : Lavigne Cheron
. Corail : Philippe Bourjon/Wikipedia
. Ravine du Trou : ipreunion.com