L’histoire post-coloniale de la RDC a commencé avec un dialogue politique. En effet, au mois de janvier 1960 les leaders d’opinion de l’époque ont pris rendez-vous à Bruxelles pour ce qui fut appelé la Table ronde, conférence au terme de laquelle l’indépendance fut proclamée.
Depuis lors on ne compte plus les dialogues et conciliabules ayant réuni l’élite de notre pays. D’après certaines estimations de 1960 à nos jours il s’en est tenu pas moins d’une centaine.
À ce point les Congolais passeraient pour un peuple absolument génial qui réglerait les différents par la recherche de conciliation des idées. Cependant il n’en est rien. Outre le fait que la RDC est un pays en guerre depuis 50 ans, la plupart de ces grands-messes politiques ont un bilan mitigé.
Le tout premier dialogue nous a certes apporté l’indépendance, mais la joie de se sentir maître de son destin fut de courte durée. Quelques semaines après ce fut le chaos (sécession de Katanga et du Sud-Kasaï, assassinat de Patrice Lumumba…).
La conférence nationale souveraine de 1990 a permis l’ouverture démocratique d’un pays dirigé d’une main de fer par le maréchal Mobutu. Mais ce conclave-là est l’un des catalyseurs des maux dont souffre aujourd’hui le géant au pied d’argile qu’est le pays de Joseph Kabila (alliés d’un jour, qui deviennent ennemis le lendemain, création de centaines des partis politiques par des personnalités farfelues, radicalisation des protagonistes…).
Tandis qu‘un autre dialogue est en train de poindre à l’horizon une question émerge dans ma tête: dans quel esprit les politiciens congolais s’accordent-ils pour se rendre à la table de négociation?
Vraisemblablement la cohorte d’éminents leaders, qui vont négocier quand les circonstances l’exigent, est animée par une même pensée. Et cette pensée est résumée par cette phrase: « je veux négocier moi non plus ».
En tout cas la période de négociation ressemble à un moment de trêve avant la reprise des hostilités. Une période où les partis en présence vont se mettre d’accord, qu’ils ne pourront jamais tomber d’accord.
Du point de vue de la sociologie politique à la congolaise, le dialogue correspond à l’argument des faibles. Quand un camp le réclame à cor et à cri, c’est qu’il se trouve vraiment au pied du mur. On se rappelle qu’avant les événements de janvier dernier c’est l’opposition qui en appelait à la communauté internationale pour que s’ouvrent des concertations entre belligérants. Aujourd’hui, c’est le camp présidentiel qui invite les uns et les autres à des pourparlers de peur de perdre la partie.
Le très respecté cardinal Mosengwo a déclaré au sortir d’une entrevue avec le chef de l’État que le dialogue est une bonne chose à condition de savoir ce que l’on cherche. Je dirais que chaque chef de parti sait ce qu’il cherche: la part du lion.
Ainsi va la vie politique dans mon pays.