Et si la Fifa de Sepp Blatter était l'équivalent pour le football de l'Irak de Saddam Hussein ?(Slate.fr) : "Pour le magazine en ligne britannique Spiked, il faut cependant également s'intéresser à qui demandait la tête de Sepp Blatter: « Ce rassemblement de policiers occidentaux, de politiciens et de personnages publics peut sembler –si c'est possible– encore moins attirant. Ils ont présenté Blatter comme la dernère incarnation du méchant international, face à qui ils peuvent se placer en figure morale –comme s'il était l'équivalent footballistique de Saddam Hussein ou du colonel Kadhafi, planqué dans son bunker suisse. Cela ressemble à une histoire politique qui se répéterait sous la forme d'une farce footballistique. » [...] Reste désormais à savoir ce qui va se passer après le retrait de Sepp Blatter. Et comme l'écrit le spécialiste du football Simon Kuper dans le Financial Times, tout ne va pas changer du côté de la Fifa avec le simple départ de son président. Avec, là encore, une comparaison avec Saddam Hussein: « Tout comme Saddam Hussein, M. Blatter a été chassé du pouvoir par une patrouille américaine. [...] Mais le départ de M. Blatter ne guérira pas la Fifa, tout comme la capture de Saddam dans son trou n'a pas résolu quoi que ce soit en Irak. [...] Si nous avons appris une chose de la chute de Saddam, c'est que se débarrasser d'un tyran n'est que le début. Le plus souvent, en fait, son départ n'est que le meilleur moment d'une triste histoire. »
Fifa-UEFA: comment Platini a réussi à mettre Blatter dehors(Challenges) : "Si l’UEFA quittait la Fifa, elle s’isolerait potentiellement du reste du monde, au risque de laisser le champ libre aux nations émergentes en termes de jeu et de marketing."Au-delà de cette réalité économique, d’autres facteurs n’incitent pas aux grands bouleversements. Une séparation poserait juridiquement question, les fédérations étant membres à la fois de l’UEFA et de la Fifa, et ferait peser des risques de division. D’autant qu’il n’existe pas de consensus chez les Européens": la France (dont le président de la FFF, Noël Le Graët, a soutenu la réélection de Blatter) et l’Allemagne étaient opposées à l’option la plus radicale. Sortir de la Fifa aurait par ailleurs entraîné un boycott de la Coupe du monde 2018, attribuée à la Russie qui est membre de l’UEFA. Fin politique, adepte du compromis plutôt que du coup d’éclat, Platini n’avait intérêt, d’un point de vue personnel, ni à diviser l’organisation qu’il préside ni à s’attirer les foudres de Moscou et de Poutine. A Zurich, le Nancéen a tenu à rappeler que "l’UEFA était le pilier solide de la Fifa", que cette dernière était "la mère du football", et que l’Europe était à l’origine de sa création "il y a 111 ans". Une façon de dire que la rupture serait une voie extrême et contre-nature"
Les maîtres du monde ont eu la peau de Sepp Blatter(Le Temps.ch) : "Pourquoi n’a-t-on pas attendu les conclusions de la justice? La justice? Hum… De quelle justice s’agit-il? La justice américaine, dont la compétence territoriale couvrirait également le sol suisse? On pourrait émettre des réserves là-dessus. Mais passons. [...] Michel Platini a pris la tête du mouvement anti-Blatter. Tandis que la rumeur associe étroitement son nom à l’affaire liée au Qatar, Platini n’a pas quitté ses fonctions à l’UEFA pour autant. L’ancien joueur de Nancy, qui, du jour au lendemain, s’est mué en pourfendeur féroce de son «ami» le président de la FIFA, fait figure de demi-dieu aux yeux de certains médias qui lui vouent une inexplicable docilité moutonnière. [...] Qu’on l’aime ou pas, il faut dire que ce Suisse a beaucoup fait pour l’Afrique et d’autres régions du monde. Sous ses mandats successifs, des sièges de fédérations ont été construits ici et là, des stades sont sortis de terre, le continent a accueilli une Coupe du monde de football, l’immixtion de dirigeants politiques dans la gestion des fédérations est désormais sanctionnée par la FIFA, une vraie politique de redistribution de revenus générés par cette instance a été mise en œuvre, etc. Grâce à qui? Les hauts responsables du football africain ont joué à fond la carte de l’expérience, au lieu de confier les clés de la FIFA à un jeune prince jordanien inexpérimenté et inconnu du grand public, et dont la candidature a été sournoisement poussée par l’UEFA. [...] Peut-on rappeler que pendant des décennies, l’organisation du Mondial n’était l’affaire que de l’Europe et du continent américain, comme si les autres régions du monde comptaient pour du beurre? Sous Blatter, le Japon et la Corée du Sud ont aussi eu leur part de rêve, en organisant conjointement cette compétition en 2002. Se souvient-on qu’en 1974, le Zaïre (actuelle RDC) était le seul représentant de l’Afrique au tournoi final? Sait-on qu’auparavant, il y avait eu des coupes dites «du monde» sans la moindre sélection africaine? Peut-on signaler que jusqu’ici, et malgré les vrais efforts de rééquilibrage entrepris par la FIFA, l’Europe reste le continent le plus représenté à la phase finale? Cette affaire est révélatrice de la fracture qui existe entre ce qu’on appelle l’Occident et le reste du monde. [...] Si on sait que derrière le football, de gros intérêts financiers sont en jeu, on peut comprendre l’âpreté de cette lutte. L’UEFA – donc indirectement l’Europe –, avec le soutien des Etats-Unis, tenait à imposer sa volonté au reste des quelque 7 milliards d’êtres humains qui peuplent la Terre. Sauf que la FIFA a ceci de particulier que tous ses 209 membres ont le même poids. Une fédération, une voix. On a beau s’appeler les Etats-Unis, la Chine, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Russie, le Brésil, le Lesotho ou le Honduras, c’est pareil. Il n’y a ni passe-droit, ni droit de veto. La FIFA n’est pas le Conseil de sécurité des Nations unies, où des pouvoirs étendus ont été indûment accordés à cinq membres permanents qui en abusent à leur guise. L’Afrique, qui pèse un milliard d’âmes, est reléguée au simple rang de faire-valoir au sein de l’exécutif onusien. Le maintien de cet archaïsme est une aberration."
FIFA: le sport va-t-il officiellement entrer en politique ?(Russie Politics) : "Les sommes en jeu sont énormes, l'on parle de 150 milliards de pots-de-vin. La compétence de la justice américaine, peut surprendre, car ils ne sont pas parties prenantes, les faits ne se sont pas déroulés sur leur territoire. Mais selon la législation américaine, la justice des Etats Unis peut être compétente pour des faits qui ne se sont pas déroulés sur son territoire, de manière très large, il suffit que de l'argent ait transité par des banques américaines. C'est le principe d'extraterritorialité. [...] Selon McCain, laisser le championnat en Russie c'est "proposer une aide financière au régime politique de Poutine". Il est vrai que retirer le Mondial à la Russie alors que les travaux sont très avancés, sans donc donner la possibilité de les rentabiliser, serait un coup très dur pour le budget russe, beaucoup plus efficace que les sanctions. Mais là on se demande quel est le rapport entre le rejet viscéral du régime politique russe actuel avec les problèmes de corruption qui concerne des faits sans aucun rapport. Soit, le fondement est criminel, soit il est politique. Après cela, on peut légitimement s'interroger sur le caractère indépendant de l'action en justice menée. Et sur l'indépendance théoriquement possible d'une justice extraterritoriale, qui va obligatoirement choisir quand, où et contre qui frapper, car un Etat ne peut prétendre à résoudre tous les problèmes de justice dans le monde, il fera donc des choix en fonction de ses intérêts. En ce sens, l'on comprend mieux la réaction exaspérée du Ministère des affaires étrangères russe qui demande en substance aux Etats Unis d'arrêter de se servir du principe d'extraterritorialité de la justice pour régler leurs affaires politiques."
Fifa scandal: Why the US is policing a global game(BBC) : "Speaking to reporters just hours after the arrests in Switzerland, FBI Director James Comey set out why the US was able to act. "If you touch our shores with your corrupt enterprise, whether that is through meetings or through using our world class financial system, you will be held accountable for that corruption," he said. As it turns out, the US charges accuse many of those football officials of doing both. [...] The charges largely relate to "the systematic payment of bribes and kickbacks" that were paid by marketing executives who wanted to increase their chances at winning contracts for the rights to market and sell media access to tournaments. These bribes were at times organised during meetings in the US, and some of the money was transferred through US bank accounts. [...] The Miami offices of Concacaf, the football federation under Fifa that governs the game in North and Central America and the Caribbean, were raided by FBI agents early on Wednesday. Two of the people who have been charged - Jeffrey Webb and Jack Warner - are the current and past heads of Concacaf, respectively. [...] It is not clear what specifically the authorities are looking for in these raids, but many of the charges that were revealed today involve bribery and kickback schemes. These schemes are related to the media and marketing rights for World Cup qualifying games in the Concacaf region, as well as the Concacaf Gold Cup, the Concacaf Champions League, and several others."
Don't Forget: Sepp Blatter's Odds-On Replacement Is Also Pretty Terrible(Mother Jones) : "Michel Platini, the legendary former French midfielder who now runs Europe's soccer governing body, is already the oddsmaker's favorite to become the next head of FIFA. He also kind of sucks. [...] But the UEFA head was also a vocal supporter of the Qatar 2022 World Cup bid that toppled Blatter and has so far killed hundreds of the guest workers building stadiums and other infrastructure for the tournament. Months after the vote, Platini's son, Laurent, was made chief executive of a Qatari sports equipment company called Burrda; Platini denies any links between the vote and his son's job. [...] As Philippe Auclair pointed out in 2013 in soccer magazine Eight By Eight, such statements make Platini "the only FIFA executive-committee member to go on the record defending his choice." Other great moments from Platini's time in office include soft-pedaling his own policies aimed at reining in rich clubs—one of them a Qatari-owned Paris juggernaut—and warning players not to leave games in protest against the racist chants that plague games in numerous European countries—including Russia, the host of the next World Cup."
Sport, Politics, and Market Power (World Policy) : "Let’s start with the latest and most obvious: sport is big business, often corrupt. More than two decades ago, I assigned my students in a course on “business power in politics” at Vanderbilt University to each research a different industry and describe any cartels and how they operated. Whereas most economics textbooks say cartels are unusual and unstable, that is not what my students found. They researched dozens of different industries worldwide and not one of them came back to me and complained that finding cartels is difficult. They are everywhere organizing against the mythical free market of economists. [...] However, I do expect financial interests to invest in better email encryption to make it harder for regulators to uncover “the smoking gun” in the future. [...] The old kind of cartel was primarily interested in raising prices by agreement among producers, often enforced by their creditor banks. Cartel members jointly cut output and thus raised prices. This sort of cartel is still common, but the extreme financialization of the economy in recent decades has made another kind of cartel profitable [...] As long as you are confident of your power to move the price of something, you can bet first using derivatives, then take whatever action moves the price your way.[...] The biggest danger in manipulating prices is not that government regulators will catch you in the act. That is pretty rare and the penalties usually rather light. The biggest danger is that some other powerful private interests will detect your position and run against it in various ways. This potent though episodic private regulatory force within capitalism is what John Kenneth Galbraith called “countervailing power.”