On voulait tout casser // De Philippe Guillard. Avec Kad Merad, Charles Berling et Benoît Magimel.
Après Le Fils à Jo (2010), Philippe Guillard revient avec une comédie dramatique de potes. C’est très classique, très balisé et surtout, cela a un très gros problème. C’est une bande de cinq amis et pourtant, on a l’impression qu’ils ne sont que quatre. Je me demande si c’était imposé par le contrat de Kad Merad ou bien si le scénario a complètement occulté son personnage mais Kiki est probablement le personnage le plus fantomatique de On voulait tout casser et pourtant, c’est de ce personnage que tout part. On a donc l’impression qu’il est là sans être là. Durant une bonne partie de ce film les personnages ne lui adressent presque pas la parole, il est alors mis de côté comme si le pauvre Kad Merad, pourtant là pour jouer une composition dramatique, n’était pas capable de le faire (alors que l’on sait pertinemment qu’il a déjà très bien joué des rôles plus dramatiques que celui-ci). Mais le problème avec On voulait tout casser c’est que le film a beau être sympa d’apparence, le fond vient à manquer. On se retrouve alors avec un film ramolli par des personnages perdus qui errent entre barbecues et scènes de vol de scooter. Si c’est ça de la bonne comédie de potes française… alors je veux que l’on m’explique un peu ce qu’il y a de bien là dedans.
Cinq amis depuis plus de trente ans, ayant renoncé depuis longtemps à leurs rêves d’adolescents, découvrent un beau jour que le plus assagi de la bande plaque tout pour faire son tour du monde en bateau. En comprenant ce que cache cette décision soudaine, cela réveille leurs plus vieux rêves... Où sont passés leurs 20 ans... Ceux de l'époque où ils voulaient tout casser.
En fouillant un peu, on a envie de sauver quelqu’un et ce n’est pas forcément celui que l’on aurait imaginé au départ. C’est Jean François Cayrey (Jamais de la vie, Des lendemains qui chantent). Ce dernier est drôle. Entre sa bibliothèque qu’il veut remplir avec des livres qu’il n’a jamais lu, le vol du scooter de son fils (et du meilleur ami de ce dernier) sans parler de tout un tas d’autres choses, on se retrouve donc avec un élément comique efficace. Ce n’est pas la première fois que je le trouve bon mais il faut tout de même remarquer qu’il sait clairement bien s’y prendre pour nous faire rire ici, à défaut de quelqu’un d’autre. Charles Berling est d’un soupe au lait ridicule, Kad Merad est un fantôme, Benoît Magimel perd petit à petit du talent qu’il avait il y a quelques temps encore au cinéma et puis Vincent Moscato tente de faire le pitre et de nous amuser dans le rôle de clown, sauf que malheureusement ce n’est peut-être pas aussi efficace que l’on n’aurait probablement pu le souhaiter. Ensuite, On voulait tout casser est quelque chose que l’on a déjà vu (sauf le postulat de départ sur le cancer) avec Le Coeur des Hommes ou encore des séries comme Mes Amis Mes Amours Mes Emmerdes. Mais au moins, cette dernière, série de TF1, a su mélanger le comique avec le dramatique sans trop d’encombres.
Alors que pour le coup, On voulait tout casser a énormément de mal à émouvoir. Jamais durant les 1h30 de film ce dernier ne parvient à provoquer une émotion. Ce que je trouve également d’assez désolant c’est de voir que le cinéma français est figé ces derniers temps sur une chose : l’amitié. Après Nos Femmes et Entre Amis ces dernières semaines, on se retrouve donc avec une énième histoire d’amis de longue date qui se retrouvent, qui tentent de passer du bon temps et puis c’est tout. C’est un registre qui a pu fonctionner par le passé sauf que j’ai envie de dire stop car la corde est usée et je ne pense pas que j’aurais plus apprécié On voulait tout casser s’il était sorti avant Nos Femmes (que j’ai trouvé plutôt correct) ou Entre Amis (souvent désolant). On voulait tout casser a au moins le mérite de ne pas être une démonstration de moyens dans des lieux paradisiaques et qui est devenu quelque chose de ridicule ces dernières années dans les comédies dramatiques de ce genre là. Comme si les français avaient envie qu’on leur colle sous le nez le bonheur chiffré de certains acteurs du cinéma français (car c’est souvent ça dans le fond).
Note : 2/10. En bref, une sorte de remake de film de fantômes où ce dernier serait celui de qui toute l’histoire part, engoncé dans une comédie dramatique de potes bien franchouillarde dans le plus mauvais sens du terme. Heureusement, Jean François Cayrey a quelques bonnes répliques, cela s’arrêtera là.