Les problèmes sont faits pour être surmontés, la méditation est un des outils efficaces pour vous y aider.
Et comme l’on raisonne solution sur Moralotop et que les uns préfèrent les vidéos quand les autres préfèrent les articles, vous aurez donc… les deux ! Fromage et dessert, en quelque sorte, faites votre marché :
Ci-dessous la première partie de l’interview vidéo d’un spécialiste de la méditation : Moutassem Hammour, (article : Méditer ; Suivez le (bon) guide)
Le problème est récurrent : comprendre son chemin de vie, donner un sens à son existence, se retrouver avec soi, apprendre qui vous êtes, bref, les questionnements sont légion.
Regarder en vous, arrêter sinon le temps, au moins votre activité dans le temps pour réfléchir profondément aux choses. Suivez le guide…
Jean-Luc Hudry : Bonjour à tous. Aujourd’hui une interview de quelqu’un de sympathique et compétent : Moutassem Hammour, mais comme j’aime bien faire les choses différemment des autres, on ne va pas le présenter tout de suite. D’abord il va nous parler de ce qu’il a à nous dire et nous dire ce qu’il offre et puis si cela vous a intéressé alors vous irez voir qui il est. Sachez qu’il a un blog www.pratiquerlameditation.com, blog que je consulte régulièrement et le thème aujourd’hui de notre échange c’est la méditation. Salut Moutassem.
Moutassem Hammour : Salut Jean-Luc
Jean-Luc Hudry : J’espère que tu ne dors pas…
Moutassem Hammour : Ca va pour l’instant je ne dors toujours pas.
JLH : Tu n’es pas en pleine méditation. C’est parfait, tu vas donc pouvoir nous éclairer et je t’ai préparé 10 questions pour faire le tour… de la question sur ce qu’est cette méditation qui est un sujet très à la mode. On en dit beaucoup de choses mais on en sait peu. Alors la première des choses c’est qu’en se penchant sur la définition de la méditation on voit que c’est une action de réfléchir ou de penser profondément à un sujet ou à la réalisation de quelque chose. Et l’on dit par exemple « ce livre ou cette œuvre est le fruit de ses méditations » et puis on dit aussi que c’est une attitude qui consiste à s’absorber dans une réflexion profonde.
Alors ma première question est toute simple : est-ce que tu fais tiennes ces définitions ou est-ce que tu en as une autre ?
MH : C’est tout à fait ça. Comme tu l’as très justement noté, on a ces deux définitions classiques, dans le français classique, qui est méditer sur un concept : on va vraiment approfondir la chose à travers la réflexion, c’est la définition occidentale et après tu as la définition plus orientale, du terme méditer, et cela renvoie à une notion de contemplation et c’est plus l’action d’observer ce qui se passe en soi et que ce que l’on ressent.
Donc effectivement on a ces deux notions qui sont opposées et qui définissent pourtant le même mot.
JLH : Elles sont opposées mais elles ont un point commun j’imagine mais est-ce que dans leur efficacité elles divergent ou pas ?
MH : C’est une très bonne question.
Effectivement on peut les utiliser ensemble et d’ailleurs même la méditation d’un point de vue contemplation, observation des ressentis peut aider la méditation d’un point de vue réflexion. Et donc on peut par exemple prendre le temps de se concentrer sur soi, prendre 5‘ pour se concentrer sur sa respiration, faire une petite séance de méditation et après poser une question sur un projet que l’on a, sur des décisions qu’on doit prendre et effectivement cela peut nous donner plus de clarté, des perspectives nouvelles du sujet sur lequel on est en train de réfléchir.
JLH : Et quand on dit qu’on se pose une question, est-ce qu’on trouve les réponses ?
MH : C’est intéressant aussi. Parfois on pose la question et la réponse ne vient pas tout de suite. L’idée c’est de poser la question et d’écouter. Parce que la plupart du temps on a tendance à reposer la même question je suis coincé(e) dans cette situation qu’est-ce que je fais, ça m’embête d’être coincé(e), comment je vais m’en sortir, si je fais ça, ça va bloquer on a souvent tendance à ressasser sans cesse la même question et la même situation.
Ce qui peut être intéressant c’est de poser la question et d’écouter tout simplement. Parfois la réponse peut venir sous la forme d’une intuition parfois c’est une réponse un peu plus claire et quelquefois c’est quelques heures plus tard, quelques jours plus tard on a des idées qui surgissent qui vont venir répondre à la situation dans laquelle on est et à la question qu’on a pu poser.
JLH : Est-ce que tu sais qu’il y a beaucoup de gens qui pratiquent ça le soir en s’endormant : ils ont une question à poser, ils disent que c’est « l’univers » qui va répondre à leur question. On se rapproche un peu de ça ?
MH : Oui, c’est comme les chercheurs, les physiciens, les mathématiciens… ils réfléchissent sur un problème ils creusent intellectuellement ils essaient de voir tous les paramètres, ils mettent ça de côté ils vont dormir…
JLH : Ils vont boire un verre…
MH : Ils vont boire un verre, ils font autre chose et la réponse surgit à un moment comme venue de nulle part.
JLH : Ça a un petit côté magique ?
MH : Disons que ça donne accès à quelque chose par lequel on ne va pas avoir accès seulement à travers l’intellect. On voit les limites de l’intellect et c’est intéressant de voir cet angle un peu différemment.
JLH : Sur cette question de la méditation il y a beaucoup de croyances, il en est une qui est assez répandue me semble-t-il, c’est qu’on a l’impression qu’il faut être moine tibétain pour pouvoir méditer ou qu’il faut être complètement zen ou habiter au fin fond du Népal pour méditer : est-ce que tu soutiens cette croyance ou bien est-ce qu’au contraire on peut méditer à Juvisy-sur-Orge ?
MH : La première fois que j’ai été exposé à la méditation j’avais 19 ans, j’habitais à l’époque à Paris, j’ai eu l’appel d’un cousin éloigné que je ne voyais que très rarement car il habitait à l’étranger et il me dit Je suis de passage à Paris, ce serait sympa qu’on puisse se voir.
Je l’ai rencontré et c’est à peine si je l’ai reconnu, il avait une barbe, il était aminci. Je lui ai dit D’où tu viens ? Qu’est-ce que tu deviens ? Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que tu racontes de beau ?
Il me dit Je reviens du Népal, j’ai fait une retraite là-bas et pendant plusieurs semaines on se levait à 4h du matin, on ne mangeait que des légumes, on ne se parlait pas, on ne se regardait pas dans les yeux et on méditait et on s’asseyait sans rien faire.
JLH : Ça donne envie… 😉
MH : Ca fait rêver… et moi à 19 ans, je trouvais que c’était intéressant. Je n’avais pas vraiment de références par rapport à ça. Ça me semblait quelque chose d’étrange mais il y a quelque chose dans ce concept qui m’a intrigué où je me suis dit : ça peut faire du bien. Après c’est des années plus tard que j’ai redécouvert la méditation. Et bien sûr on peut méditer sans aller dans un monastère, au Népal ou dans l’Himalaya et on peut l’appliquer à notre quotidien et prendre 10-15’ chaque jour pour avoir une pratique régulière, sans s’isoler ou s’extraire du monde.
JLH : Et comment expliques tu qu’on ait en Occident vraiment besoin d’aller chercher ce genre de pratiques dites « orientales », ou qu’on ait besoin d’aller chercher la médecine chinoise. Est-ce qu’il y a un manque chez nous ? Est-ce qu’on est superficiels ? Est ce qu’on n’est pas assez profonds pour avoir tout ce qu’il nous faut ? Pourquoi va-t-on toujours chercher ailleurs ?
MH : C’est une bonne question. Est-ce que c’est l’aspect exotique est-ce que c’est de l’ésotérisme ? Est-ce que c’est la solution presque magique parce que moins on en sait plus on va s’imaginer que si on va dans cette direction ça va répondre à nos besoins, ça va répondre à tous nos problèmes. Dès qu’on fait la démarche d’aller là-bas ou de faire ces explorations, on se rend compte qu’il y a des difficultés, des aspects qu’on ne va pas aimer : dormir par terre ça ne va pas plaire à tout le monde, se lever tôt le matin, ça ne va pas plaire à tout le monde, c’est plus une illusion, la perception que les gens peuvent en avoir qui va les attirer vers cette direction sans forcément savoir en quoi ça consiste.
Donc je crois que c’est l’un des attraits de cette vision orientale du bien-être et de la santé, après je pense aussi que ça a beaucoup à offrir, c’est souvent des pratiques qui sont millénaires, qui sont construites sur un certain pragmatisme, sur les résultats. Ça a survécu le test du temps. Et si aujourd’hui c’est parvenu jusqu’en Occident c’est que ça a aussi peut être quelque chose à nous offrir.
JLH : Sans doute. En sachant peut-être aussi que toute pratique a ses limites et que malgré tout, eux-mêmes, je pense au Tibet notamment lorsqu’il y avait eu des manifestations de Tibétains qui perdaient leur calme, alors qu’ils sont censés le conserver, face aux Chinois, il y avait eu il y a quelques années de gros affrontements et je me disais que cela montrait bien qu’il n’y avait sur terre aucune pratique qui puisse permettre 100% d’efficacité et c’est peut-être le mystère de la vie et ça c’est simplement génial. Mais cela nous entraîne plus loin que la méditation.
Alors revenons sur la méditation il y a déjà beaucoup à dire.Question : Comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir, peut-on, Moutassem, méditer sans le savoir ?
MH : Là aussi c’est une très bonne observation.
Par exemple tu pars en voyage, tu dois porter un sac lourd, tu prends ta valise, tu veux la mettre dans ta voiture, tu la prends bien en main, on serre bien la valise, on fait un effort pour la porter, on va sentir la contracture de certains muscles, il va peut-être y avoir des points douloureux dans le dos, la respiration va s’adapter à l’effort et la personne va être totalement présente à ce qu’elle fait. En quelque sorte à chaque fois que l’on est pleinement présent à ce que l’on fait c’est une sorte de méditation. La méditation, c’est tout simplement être attentif à ce qui se passe en soi, les ressentis, la respiration, les mouvements, la posture et cela on peut le faire de façon active ou de façon immobile. Souvent quand on parle de méditation on s’imagine une personne assise en tailleur, immobile. Pourquoi est-ce que c’est souvent associé à la méditation ? Parce que c’est plus difficile d’apprendre à faire du vélo sur un terrain cabossé, donc pour apprendre à faire du vélo tu le fais sur un beau terrain plat.
Là c’est pareil ce qu’on veut pour réapprendre à ramener l’attention vers soi, c’est être dans un cadre où l’on va être peu stimulé. Ex : je demande d’écrire un article, de répondre à une question et en même temps il y a la télé qui est allumée, ton enfant te pose une question, si la personne est sans cesse sollicitée elle va avoir beaucoup plus de mal à ramener son attention vers elle. C’est pour cela que souvent la méditation se fait au calme, dans un cadre avec peu de sollicitations et de manière immobile pour éviter de s’éparpiller à travers le mouvement et de rester là pleinement présent avec ses ressentis.
JLH : Donc méditer à la Gare de Lyon un jour de départ en vacances ce n’est peut-être pas le top…
MH : Ce n’est peut-être pas l’idéal pour commencer. Si tu as l’habitude de méditer tu peux prendre 2-3 respirations pour te recentrer et gérer le retard du train mais c’est vrai que pour commencer mieux vaut commencer dans un cadre beaucoup plus calme.
JLH : En t’écoutant, c’est passionnant, je suis en train de me rendre compte que je donne un exercice aux gens que j’accompagne, je ne savais pas que c’était de la méditation, tu vas me dire si c’en est ou pas. C’est un exercice extrêmement simple et extrêmement difficile : il s’agit de fixer un objet sans laisser filtrer la moindre pensée. Juste regarder comme regarderait un enfant, sans jugement, quand il découvre avec ses grands yeux.
Le but de cet exercice c’est apprendre à ne rien faire pendant quelques minutes, est-ce que cela s’assimile selon toi à de la méditation ou pas ?
MH : Oui tout à fait ; tu peux regarder un objet, une fleur, une flamme, c’est une pratique de la méditation. Cela dit regarder un objet immobile et garder son attention dessus c’est extrêmement difficile car notre attention a tellement tendance à partir dans tous les sens et à se focaliser sur des stimulus extérieurs, et surtout au niveau des pensées qui vont et viennent par rapport au futur, par rapport au passé. C’est pourquoi souvent en méditation on commence à se focaliser sur quelque chose de répétitif ; c’est pour cela que l’on va se concentrer plus facilement sur la respiration. Comme ça l’attention elle reste vigilante. Par exemple ressentir le mouvement de l’air qui glisse dans les narines et qui ressort : Il y a ce mouvement continu, la respiration est toujours là, tu as toujours un motif pour te concentrer mais c’est quelque chose qui est constamment en mouvement, donc beaucoup plus facile à regarder.
Pour reprendre l’exemple de l’objet à fixer tu peux dire « fixez cet objet, imaginez qu’il ait une couleur et qu’il soit de couleur rouge ; maintenant imaginez que vous preniez un pinceau et que vous le peigniez en bleu, ensuite un autre pinceau peignez le en violet, faites un peu tourner cet objet ». L’attention va être plus facilement focalisée dessus. Il ne va pas y avoir de pensées qui vont venir, l’attention va être focalisée sur quelque chose qui est là mais néanmoins qui évolue car sinon c’est très difficile de rester concentré sur un objet immobile.
JLH : Sauf qu’on risque de se mélanger les pinceaux… 😉
MH : 😉 Donc effectivement ton exercice est un exercice de méditation.
JLH : Et en plus c’est très difficile et quand je dis aux gens de le faire 2 minutes, je sais très bien qu’ils n’y arriveront pas au-delà de 30-40 secondes. Mais ceux qui arrivent au bout de 30-40 secondes, en retirent un vrai bienfait. A condition de le répéter de temps en temps. Mais c’est un vrai exercice. On a l’impression de se retirer du monde en quelques secondes. Revenons à autre chose, j’ai une question très simple : à quel problème essentiel répond la méditation ? Quand tu vois tous les gens que tu accompagnes, quel est le type de problème qui revient le plus souvent ? Qu’est-ce que veulent régler les gens (s’il y a des problèmes que l’on peut catégoriser…) ?
MH : Il y a 2 façons d’aborder ta question : La méditation c’est pour qui ? A qui peut–elle être bénéfique ? A cette question la méditation peut faire du bien à tout le monde, c’est un peu comme bien manger, manger sainement, faire une activité physique, apprendre à concentrer son attention sur ses ressentis, ça fait du bien à tout le monde. Par contre tout le monde n’est pas disposé aujourd’hui à méditer. Donc pour poser la question autrement c’est : Comment savoir si la méditation est faite pour moi aujourd’hui et si je peux bénéficier de la méditation ?
La réponse va être plus nuancée. Néanmoins il y a des dynamiques dans lesquelles la personne va se trouver qui peuvent indiquer qu’elle va certainement bénéficier de la méditation.
Quelles sont ces dynamiques ? D’une part cette personne est arrivée à un point où elle a conscience, que son bien-être, la qualité de sa vie est principalement déterminée par ses actions, par sa perception des choses. Elle est arrivée à cette prise de conscience. Cette prise de conscience n’est pas forcément mise en action mais au fond d’elle-même elle sait que « ma vie aujourd’hui c’est en grande partie moi qui peux la changer, qui peux l’améliorer ». Ça c’est la première prise de conscience.
Le second point c’est que dans le fait de méditer elle se dit intuitivement « ça peut me faire du bien ». Je repense à un ami qui n’avait jamais médité. Il me dit : J’’ai envie de commencer car ça semble logique . Donc la personne a déjà intégré le fait que la méditation peut lui faire du bien.
Et le 3ème point qui indique qu’une personne est prête à méditer, c’est quand elle réalise que les solutions du passé ne semblent plus marcher aujourd’hui, c’est-à-dire que ce qui lui faisait du bien auparavant ne répond plus à un besoin essentiel aujourd’hui. Il y a comme une espèce d’insatisfaction, elle recherche quelque chose de plus profond, de plus fondamental. En général lorsqu’une personne réunit ces 3 éléments, tu sais qu’elle risque de profiter de la méditation et surtout méditer régulièrement car c’est cela qui va amener le plus de résultats.
Prochainement la suite retranscrite de l’interview.
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