Lauréat de la première édition du MIT TR35 Belgique, Jerôme Wertz travaille à améliorer la sécurité de ceux victimes de somnolence au volant grâce à un logiciel capable de quantifier l'état de veille d'un individu.
Un innovateur ? De prime abord, Jérôme Wertz ne se destinait pas à intégrer le monde scientifique : " je me suis d'abord lancé dans des études d'ingénierie industrielle àl'Institut Gramme de Liège. " Un programme qui conduit naturellement vers les domaines de la technique et de la gestion. Néanmoins, ce sera dans cet établissement que Jérôme fera la connaissance de Jacques Verly, professeur dans le département d'électrotechnique et d'informatique. Très curieux de nature, Jérôme rejoint l'équipe du professeur en 2007 : " J'ai commencé comme chercheur pendant un an, et ai ensuite évolué vers le poste de chef de projet. "
Pendant 5 ans, l'équipe développe une technologie visant à quantifier l'état de veille d'une personne en activité. S'en suit la création de Phasya, car l'équipe " n'avait pas envie de laisser ces recherches dans un tiroir universitaire " et dans le but de passer de la théorie à la pratique, décide donc " de créer une entreprise pour commercialiser cette technologie " Pendant ce temps, Jérôme entreprend une formation en gestion pour appuyer ses connaissances de base en entreprise. L'équipe scientifique se lance donc dans l'aventure entrepreneuriale avec comme objectif premier, non pas le profit, mais l'amélioration de la vie des individus.
Une innovation ? La technologie développée par l'équipe de Phasya permet donc de quantifier le niveau d'éveil ou de somnolence d'une personne, " en se basant sur l'analyse de paramètres oculaires ". Un fonctionnement entièrement basé sur une caméra à haute vitesse, " qui permet de prendre des images de l'œil ensuite analysées par notre logiciel, qui extrait enfin l'état de veille de la personne ". Sur la base de cet état, le logiciel y associe un niveau. " Le logiciel dispose d'une échelle qui évalue la gravité de la situation et/ou la dangerosité de la personne observée ".
Dans le futur, Jérôme imagine que cette technologie pourra être applicable à travers nombre de supports : " on pourrait imaginer l'intégration de cette caméra haute vitesse dans une paire de lunette, ou directement dans l'habitacle de la voiture ". Encore au-delà, le système développé par Phasya pourrait même être applicable " à d'autres secteurs que l'automobile, comme l'industrie, et particulièrement au sein des centrales nucléaires, là où beaucoup d'acteurs ont besoin d'être attentifs dans leur travail "
Quel impact ? L'impact de cette technologie résiderait principalement dans la prévention et la réduction des accidents dus à la somnolence au volant. Une cause qui touche particulièrement Jérôme, puisqu'un membre de famille fut une victime de ce fléau : " Notre objectif ultime, c'est évidemment de contribuer à sauver des vies ". Un projet somme toute plus que réalisable, puisque la technologie élaborée par Phasya viendrait s'intégrer à des structures déjà existantes (lunettes, voitures), en s'épargnant, de ce fait, la longue période qu'implique la " création " d'un produit. Ce qui permet une disposition immédiate de la technologie à ceux qui en ont réellement besoin.
Et à l'avenir ? Pour l'instant l'équipe de Phasya garde les pieds sur terre : " notre ambition première reste d'arriver à se positionner en Belgique et à bien développer nos premiers contrats pour nous permettre de construire un capital. " En gardant bien sûr un œil sur l'international : " nous ne sommes pas focalisés sur l'Europe " confie Jérôme. En ce qui concerne la technologie, " l'équipe travaille en collaboration avec l'université de Liège à potentiellement étendre la technologie à l'analyse des mouvements du visage et de l'activité du cerveau ". En termes d'objectifs, il sont encore flous pour l'entreprise : " il est difficile d'avoir un objectif précis et chiffré car les perspectives sont en constante évolution " Néanmoins, Jérôme se fixe un seul et même but : " Notre mission ne se cantonne pas à développer la technologie, nous souhaitons fondamentalement améliorer la sécurité des gens. "