Homo Solubilis
Noosphère
La plus sombre consisterait à traduire cette installation comme une scène infernale à la manière d'une punition divine où les êtres humains seraient autant de suppliciés exhibés à la foule des assujettis au diktat de l'information invisible et totalitaire. La plus heureuse voudrait y déceler l'élan collectif d'une société humaine tendant, comme l'envisageait Pierre Teilhard de Chardin, vers la noosphère, sphère de la pensée humaine convergeant vers un point Oméga, l'émergence de la cognition humaine transformant fondamentalement la biosphère. Avec cette seconde lecture, l'installation de Bernard Alain Brux offrirait alors l'espoir d'une dynamique élancée vers cet objectif d’une humanité en voie de « planétisation» pour peu qu'elle soit en mesure d' éliminer les excès d'une mondialisation sauvage incontrôlée.
Lorsque Teilhard de Chardin décrivait cette « pellicule de pensée enveloppant la Terre, formée des communications humaines », internet n'avais pas encore pris cette place décisive dans nos vies. Venu du design industriel, l'artiste Bernard Alain Brux consacre désormais entièrement son activité à cet univers de l'information sous toutes ses formes. Avec ses "Déchirures" , ces sculptures papier déchirées, pliées, entrelacées, l'artiste soumet la Toile de l'information à sa volonté. A la collégiale Saint-Pïerre le Puellier l’œuvre mise en place, traversée par la lumière tombant des voûtes, séduit par sa légèreté dans cette architecture Romane. Elle habite totalement l' espace de la nef centrale, accepte notre intrusion comme dans un pénétrable contemporain. Alors se pose presque physiquement une autre question : quelle place subsiste pour la dimension personnelle dans cette constellation troublante où l'être humain se dissout dans le magma invisible du "Big Data" ?
Photos de l'auteur.
Homo Solubilis, installation de Bernard Alain Brux
Du 29 mai au 26 Juillet 2015
Collégiale Saint-Pïerre le Puellier
45000 Orléans