Hier soir, David S. Ware se produisait sur le scène du théâtre Garonne à Toulouse. A ses côtés, William Parker, l'éternel compagnon contrebassiste, Warren Smith à la batterie et Joe Morris à la guitare et, de ce quartet, on retiendra une musique exigeante et introspective. Car Ware ne communique pas, sinon pour donner, de manière très brève d'ailleurs, le nom des musiciens: pas de présentation de morceaux, pas de clin d'œil au public, pas d'affect. Ni bonsoir, ni au revoir, pas non plus de "je suis content d'être ici". Car si le public est là, c'est parce qu'il souhaite être ici. A lui d'entrer dans l'univers de cette musique rugueuse, obsessionnelle, difficile. La structure est identique d'un morceau à l'autre: Ware initie au ténor, suit Joe Morris qui reprend le thème et choruse. Le morceau mature jusqu'au chorus de Ware qui le conclut. Ne recherchez pas non plus de son délicat. Le ténor et la contrebasse sonnent gras, gros. Peu importe ce fichu son. Bien qu'on puisse reconnaitre le son de Ware au bout de quelques notes seulement: le saxophoniste "au gros son" comme il l'avait déclaré dans un numéro de Jazzman dans une discussion avec Sonny Rollins.
L'espace est saturé de sons, nombreux, divers, furtifs ou longs, qui traduisent l'engagement extrêmement fort de chacun des musiciens. Car S. Ware sur scène, c'est une multitude de moments d'expression personnelle mise en quartet. Hier soir, l'espace était saturé de sons.
Gilles et Marie-Françoise