Les données océanographiques collectées par des animaux marins
Afin de déterminer si, et à quelles vitesses, l'océan mondial se réchauffe et les calottes glaciaires Antarctique et du Groenland fondent il est nécessaire de disposer, et d'accéder, à un réseau de mesure exhaustif. Les animaux marins plongeurs constituent aujourd'hui une composante essentielle du système d'observation de l'Océan Mondial en collectant desdonnées océanographiques dans des régions difficiles d'accès tout particulièrement dans les régions polaires. Avec le portail MEOP, issu d'une collaboration internationale, ces données deviennent à compter du 1er juin 2015 facilement accessibles et utilisables et cela à un moment où un nombre croissant de travaux étudient d'une part les changements océanographiques affectant les océans polaires et d'autre part le rôle de ces océans dans la régulation du climat de notre planète
Eléphant de mer équipée d'une balise Argos avec capteurs de température et salinité aux iles Kerguelen
©CNRS Photothèque/CEBC / Jean-Baptiste PONS
Depuis le 1er juin 2015, le portail MEOP (http://www.meop.net) permet aux centres de données océanographiques et aux chercheurs d'accéder aux profils de température et salinité, présents et à venir, et échantillonnés par des animaux marins dans l'océan mondial et tout particulièrement pour les océans polaires où l'on constate un véritable déficit d'observation. Le consortium international MEOP (Marine mammals Exploring the Ocean Pole-to-pole), initialement formé pendant l'Année Polaire Internationale en 2008-2009 et regroupant des participants de dix pays (Afrique du Sud, Allemagne, Australie, Brésil, Canada, Chine, Etats Unis, France, Grande Bretagne, Norvège), vise à coordonner à l'échelle internationale les activités de déploiements de balises, le traitement de la qualité des données océanographiques et leur distribution. 320000 profils océanographiques ainsi collectés par 763 balises déployées sont ainsi regroupés et librement mis à la disposition de la communauté internationale. Ces profils validés, corrigés et édités garantissent un niveau minimal de qualité de 0.02 °C en température et 0.05 PSU en salinité.
Légende de l'image
Quand les animaux plongeurs nous aident à observer les océans.
Classiquement les données hydrographiques (notamment température et salinité) sont obtenues en effectuant des profils CTD à partir de navire océanographiques ou en utilisant des profileurs autonomes Argo. Cependant il existe de nombreuses régions océaniques où, compte tenu des conditions locales, notamment la présence de banquise, il existe un réel déficit de données in-situ avec des conséquences sensibles sur la qualité des résultats et des projections issues des modèles Océan-Climat. Les animaux plongeurs équipés de balises s'avèrent être une aide précieuse dans l'observation de ces régions.Au niveau international, depuis 2004 plusieurs centaines d'animaux plongeurs, principalement des phoques antarctiques et arctiques, ont été équipés de balises Argos développées par le Sea Mammal Research Unit de l'Université de Saint Andrews en Ecosse. Certaines des espèces étudiées se déplacent sur des milliers de kilomètres tout en plongeant continuellement et profondément, généralement entre 400 et 800 m, mais parfois jusqu'à 2000 m. Ces balises permettent d'étudier simultanément l'écologie en mer (déplacement, comportement de plongées, succès de pêche...) de ces animaux tout en collectant de précieuses données océanographiques. L'objectif général des études est d'essayer d'évaluer comment ces animaux répondent écologiquement aux changements des conditions océanographiques de leur milieu de vie. Au fils des années, ces animaux sont devenus une source essentielle et reconnue de profils de température et de salinité à de très grandes échelles. Ainsi par exemple, les éléphants de mer et les phoques de Weddell constituent la principale source de données océanographiques (98 % des profils T/S) pour l'océan austral
Une base de données unique, de qualité contrôlée, disponible dans un format standard
L'utilisation de ces données océanographiques était compromise du fait de leur dispersionentre de multiples centres de données nationaux. En outre, ces données, collectées pour répondre à des questions écologiques, pouvaient présenter des niveaux de qualité assez hétérogènes selon les niveaux de post-traitement effectués. Par exemple, la salinité, mesurée par induction peut présenter dans certain cas un offset (décalage) qu'il est alors nécessaire de corriger. Enfin, le format de distribution de ces données ne correspondait pas à celui généralement utilisé par la communauté océanographique. Tous ces éléments compliquaient singulièrement l'utilisation de ces données, reconnues par ailleurs comme étant de très grande valeur, par les océanographes.MEOPS-CTD SH datset:292206 profiles, 81 deployments, 661 tags
Fort de ce constat, et à l'initiative de F. Roquet (Département de Météorologie, Université de Stockholm) et de C. Guinet du Centre d'études biologiques de Chizé (CEBC / Univ. La Rochelle), responsable du Système d'Observation Mammifères Marins Echantillonneurs du Milieu Océanique), un effort majeur a été entrepris afin de procéder pour le compte des producteurs de données océanographiques issues d'études d'animaux marins et à l'échelle internationale à éditer, valider et corriger ces données. Ce travail a été réalisé par F. Roquet avec l'aide de B. Picard (Ingénieur financé par le CNES-TOSCA, CEBC-CNRS). Par ailleurs l'ensemble de ces données mis dans un format proche du format standard Argo-NetCDF sera accessible à partir du 1er juin depuis le nouveau portail MEOP (http://www.meop.net) où il peut être librement téléchargé par l'ensemble des utilisateurs (centres de données nationaux, centres d'océanographie opérationnelle tel que Coriolis et sa base CORA, chercheurs...) et avec un niveau de qualité garanti. La base MEOP-CTD sera actualisée sur une base annuelle.
Source: CNRS-INEE Mardi 2 Juin 2015
La composante française du programme d’étude de l’écologie et de collecte de profils océanographiques par des phoques austraux (SO-MEMO) rattachée au SOERE-CTDO2 (PI G. Reverdin) est soutenue par le CNES-TOSCA, l’IPEV, la Fondation Total, l’ANR et le CNRS. Ce programme bénéficie en outre du soutien du centre de donnée CORIOLIS, du SHOM et des campagnes BOUSSOLE pour la calibration des balises.Contact communicationBruno Michaud, Centre d'études biologiques de Chizé (CEBC - CNRS / Université de La Rochelle)Tél. : 05.49.09.67.43
Mél : bruno.michaud@cebc.cnrs.fr
http://www.cnrs.fr/inee/communication/breves/b120.html