Tel un animal de foire, voici notre fille MiniPrincesse, trois ans tout juste, revêtue de ses plus beaux atours pour THE entretien.
L’entretien de sélection d’entrée à l’école primaire (qui ici commence à quatre ans, il faut suivre).
L’entretien dont, si nous étions de vrais Anglais, nous saurions qu’ici se joue tout l’avenir de notre fille.
J’exagère ? A peine.
Le raisonnement est simple comme bonjour.
Vous souhaitez donner à votre enfant les meilleures chances dans la vie de citoyen britannique ?
Vous voulez donc que votre enfant fasse Oxford ou Cambridge , sa majorité venue ?
Alors, il existe pour ainsi dire UNE route. Ou, devrais-je plutôt dire, une autoroute.
Cette autoroute commence à la naissance – inscription dans THE crèche/maternelle qui préparera la prunelle de vos yeux à l’examen d’entrée à THE école primaire bon teint, qui elle-même chantera les louanges de votre enfant afin de le faire entrer dans THE secondaire qu’il faut (pour plus de détails, me contacter, je suis désormais capable d’écrire une somme sur le sujet)
Une autoroute donc, avec plusieurs sorties mais peu de points d’entrée.
Et à supposer que vous ayez les moyens de régler le péage :
– 15 000 à 20 000 livres par an, que dis-je, jusqu’à 30 000 pour les meilleurs établissements (comment donc croyez-vous que Kate Middleton a reussi a mettre le grappin sur le futur roi d’Angleterre ?)
– à multiplier par les années ou vous souhaitez envoyer votre enfant à l’école
– et à multiplier par le nombre d’enfants à qui vous souhaitez offrir la chance de fréquenter la crème de la crème (en français dans le texte)
– ne pas oublier les petits frais tels que cours particuliers intensifs (non inclus), uniforme, séances de polo et autres invitations au bal des débutantes.
Ami lecteur, si vous n’êtes pas millionnaire… passez votre chemin.
Passer mon chemin, c’est justement ce que je me dis que j’aurais dû faire, en ce pluvieux mardi matin ou ma fille, d’ordinaire si boute-en-train, me dévisage avec un air de chien battu (et mouillé).
J’ai eu beau évoquer THE entretien d’un ton badin (« Je vais t’emmener jouer dans une école de grands, tu verras, tu vas bien t’amuser »), ma fille ne s’en laisse pas conter. Fine mouche, il ne lui a pas échappé que, si Maman s’est absentée du travail pour l’emmener « jouer », il y a baleine sous caillou.
– Tu vas rester jouer avec moi, Maman ?
– Euh… non, ma chérie, c’est un jeu réservé aux enfants, je resterai un peu a l’écart pendant ce temps.
Autant avouer qu’en termes de préparation, Prince et moi nous posons là. Il se murmure que THE examen comporte des questions éliminatoires sur les noms des différents dinosaures. Balivernes, avons-nous pensé, balayant ces ridicules rumeurs. Et puis, quand bien même, souligne à juste titre mon époux, si notre fille connait le mot anglais pour « diplodocus » et pas « rectangle », ça risque d’éveiller les soupçons.
En guise de préparation, nous faisons donc réviser à MiniPrincesse les cinq mots d’anglais qu’elle connaît.
Ah, l’ambiguïté du parent immigré désorganisé et toujours pas sûr de vouloir véritablement s’intégrer dans son pays d’adoption.
Allez, je prends mon courage à deux mains, ma fille qui chouine dans les bras, et pénètre dans l’imposant bâtiment victorien.
Suite et fin demain !