Après cinq siècles, peut-être, d'une course folle, les forces du changement sont mortes. C'est ce que dit Trinh Xuan Thuan (billet précédent). L'Occident hyper individualiste est "réductionniste". Il ne voit pas la richesse du monde, sa beauté. Il ne comprend pas qu'il est "holiste". Il est aveugle à son aspect incertain, chaotique, qui est le propre de la liberté. Il veut l'expliquer, le déterminer, le dominer. Et cette erreur, extraordinairement destructrice à long terme, est formidablement fructueuse à court terme. Elle lui a permis, en quelques siècles, de transformer la planète. Et elle a forcé des cultures apparemment plus sages à s'adapter, ou à crever.
Dans une série de billets, j'ai dit que nous étions sous la coupe de la technocratie, devenue oligarchie. Les deux phénomènes sont liés. La technocratie, écrit Max Weber, est la conséquence naturelle du "désenchantement du monde". L'homme croyant avoir percé ses lois, il sait ce qui est bien. Tout le travail de l'humanité ne consiste donc plus qu'à appliquer le plan qui en résulte. C'est le rôle d'un bureaucratie.
Les crises que nous connaissons viennent de là ? L'élan s'est brisé. Il a rencontré le mur de l'absurde. Désormais ce qui a séduit l'humanité et provoqué sa transformation, la science et la technologie, nous fait peur. Elles ont pris une vie qui leur est propre. Elles menacent l'humanité. Celle-ci va devoir être créatrice, si elle ne veut pas être détruite ?
(En démarrant ce blog, je ne m'attendais pas à déboucher sur ce type d'idée...)