Alors on peut dire que ce livre, j'en avais entendu parler ! Dès que j'ai enfin su qu'il allait sortir tel jour et à tel date, j'étais pile poil à l'heure au rendez-vous, à tel point que je dus attendre que le libraire le déballe de ses cartons. Oui, ce livre suscitait déjà intérêt et polémique. Premièrement sans doute pour le talent indiscutable de l'écrivain, mais aussi pour son caractère interpelant. Le titre du livre déjà, un question toute simple mais qui, curieusement, provoque toujours une réaction ou une autre chez celui qui l'entend. Que ce soit de la moquerie (ben tiens, et faut-il boire de l'eau aussi tant qu'on y est ? Ou manger des carottes ???), de l'interrogation (euh... je n''y avais jamais songé auparavant, laisse-moi réfléchir, mais ne s'agit-il pas de l'ordre des choses ? C'est pour notre santé, même si je sais que toi tu n'en manges pas, mais quand même blablabla), de l'indignation (Evidemment que non ! Meat is murder !!! Et ta carotte tu sais où tu peux te la m**** !).
Et on peut dire que ce livre tient ses promesses. Des propos objectifs, tenus par un personnage qui fait simplement part au lecteur de ses découvertes. Il s'est posé la question, a voulu enquêter par lui-même et ils nous entraîne avec lui dans sa découverte des coulisses de l'industrie de l'élevage. Il partage avec nous ses questionnements, ses chocs, mais il tient à connaître toutes les versions. C'est ainsi que l'on asssiste aux témoignages les plus improbables, de ceux qu'on ne lirait jamais dans un livre de propagande végétarienne ou spéciste : un éleveur industriel, un couple de petits éleveurs de bétail dont la femme est végétarienne, un végétalien qui construit des abattoirs, une militante qui l'embarque en pleine nuit par effraction dans une ferme de 'volailles', etc. Bref, un ouvrage plutôt complet, se basant sur des faits et des expériences vécues par l'auteur lui-même, alliant humour, tendresse et prise de conscience.
Pourquoi j'aime ?
Ce livre est l'ouvrage idéal à conseiller aux plus réticents à ce genre de sujet. L'auteur ne se positionne pas une seconde en grand défenseur de la cause végétarienne. Il ne fait que poser les faits et partager ses expériences dont les conclusions se font d'elles-mêmes. L'humour, l'ouverture d'esprit qui accompage le récit le rende d'autant plus agréable à lire qu'il interpelle plutôt qu'il ne culpabilise. C'est également le premier livre qui a réussi à me présenter toute une série de faits chiffrés et de résultats d'étude sans jamais finir par m'assommer. Bref, ce livre se lit comme vous auriez une discussion avec un ami autour d'un verre. Et cet ami s'appelle Jonathan Safran Foer.
Extraits :
J'ai passé les vingt-six premières années de ma vie à ne pas aimer les animaux. Je les trouvais gênants, sales, différents au point d'être inaccessibles, dangereusement imprévisibles et tout simplement inutiles. [...] Je ne comprenais pas - je n'aimais pas - les gens qui s'émerveillaient devant les chiens. J'ai même probablement développé un léger préjugé à l'encontre des aveugles. P.33
Je ne saurais dire le nombre de fois où, ayant dit à quelqu'un que j'étais végétarien, mon intelocuteur ou interlocutrice a réagi en pointant une inconsistance dans mon style de vie ou en essayant de trouver une faille dans une argumentation que je n'avaiss pas développée (j'ai souvent eu l'impression que mon végétarisme était plus important à leurs yeux qu'aux miens). P.47
Il est toujours possible de réveiller quelqu'un qui dort, mais aucun vacarme ne réveillera quelqu'un qui fait mine de dormir. P131
Mais aujourdhui, manger comme tout le monde, c'est verser une goutte d'eau supplémentaire dans le vase. Ce n'est peut-être pas notre goutte qui le fera déborder, mais cet acte se répétera - chaque jour de nos vies, et peut-être chaque jour de la vie de nos enfants, des enfants de nos enfants... p.322