Mojsze (Maurice) Federman est le père de la poète, romancière et dramaturge Vera Feyder. Né en 1905 à Sosnowiec, en Pologne, il émigra à Liège dans les années trente. Il y fréquenta des peintres, des écrivains et y publia ses premiers poèmes écrits en français en 1937. Arrêté en septembre 1942 par la Gestapo, sur dénonciation, il fut déporté à Auschwitz ; il mourra en février 1945 au cours d’un transfert d’Auschwitz à Buchenwald, à quelques jours de la libération des camps nazis.
Une toile grise couvre le jour
Un vent glacial bouleverse les nuages...
Les ombres sont chassées de leur refuge.
La nuit noire m’a pris
dans ses bras aveugles...
Et mon âme se débat encore.....
et déjà les gestes des hyènes
cherchent mes lèvres
aspirent mon souffle
Haleine glaciale, mortelle !Épave
Visage livide
Visage déraciné
Visage sans âge...
Tu m’as frôlé de ton baiser mortel...
J’ai vu tes yeux sans regard
J’ai étreint ton corps inconscient...
J’ai glissé sur la pente d’ennui
dans le néant
Froide est ta demeure...
Demeure sans heure
Où gisent les ombres
Les ombres de mes frèresDe profundis
Je ne laisserai pas de traces
Sur le chemin de la vie,
Je souffrirai...
Et inaperçu,
Je passerai dans l’oubli...
Quand je serai très loin
Qu’il ne restera qu’un point
Comme une étoile à l’horizon,
Que d’immenses espaces
couvriront...
Alors, la nuit gardera
mon cœur détruit...
Les vents emporteront les traces
du passage d’une ombre...
Maurice Federman, Reflets, présenté par Vera Feyder, Éditions Tiresias, 1995, pp. 30, 31, 36.
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