Le jeune Michaël fait la connaissance de Hanna alors qu'il n'a que quinze ans. Il est fasciné par cette femme plus âgée qui lui ouvre rapidement l'espace de ses bras. Durant six mois, ils vivent une relation harmonieuse, relation cimentée par la lecture à haute voix que le jeune Michaël fait tous les jours. Puis Hanna disparaît du jour au lendemain.
Sept ans plus tard, Michaël étudiant en droit assiste au procés de cinq criminelles gardiennes de camps de concentration. Parmi elles, Hanna. Il suit alors jour après jour les avancées du procés en tentant de comprendre la femme qu'il a aimée, et en s'interrogeant sur les dérives de son époque qui l'ont menée sur le banc des accusés. Né après guerre le jeune Michaël adopte un point de vue unique sur la Shoah, porté par ce qui fut son grand amour pour Hanna, il analyse sa honte avec recul et intelligence.
"Quelque consistance que puisse avoir, ou ne pas avoir, moralement et juridiquement, la culpabilité collective, pour ma génération d'étudiants ce fut une réalité vécue.Elle ne concernait pas uniquement ce qui s'était passé sous le Troisième Reich. Que des tombes juives soient barbouillées de croix gammées, que tant d'anciens nazis fassent carrière dans les tribunaux, l'administration et les universités, que la République fédérale ne reconnaisse pas l'Etat d'Israël, que l'émigration et la résistance tiennent moins de place dans les livres que la collaboration et la soumission : tout cela nous remplissait de honte, même quand nous pouvions montrer du doigt les coupables." p. 190
Le rapport entre comprendre et juger s'avère ténu, la peur d'avoir honte d'être jugé plaçant chacun face à ses responsabilités. En cela, Hanna demeure un personnage relativem ent énigmatique, ne faisant preuve d'aucun remords, comme si elle ne comprenait pas ce qu'elle a accompli. Ainsi, l'importance des mots, de la littérature, de la connaissance rédemptrice qu'ils apportent est au centre du roman, ces mots qui auraient pu la sauver, ces mots qui, peut-être pourront encore l'aider, si ce n'est pas trop tard...
Un très gros succés pour ce roman traduit en 39 langues et inclus aux programmes scolaires de littérature de la Shoah.
Le liseur, Bernhard Schlink, traduit de l'allemand par Bernard Lortholary, Folio, 1999, 256 p., 7.50 euros