[Critique] Maggie

Par Régis Marton @LeBlurayphile

Maggie

Un film de : Henry Hobson

Avec : Arnold Schwarzenegger, Abigail Breslin, Joely Richardson, Laura Cayouette, Denise Williamson, J.D. Evermore, Raeden Greer, Dana Gourrier, Amy Brassette, Aiden Flowers, Wayne Pére, Taylor Murphy, Bryce Romero, P.J. Marshall, John L. Armijo, Douglas M. Griffin, Ashley Nicole Hudson, Brett Baker, Tim Bell, Mattie Liptak, Ken Massey, Duane Cothren, Liann Pattison, Haylie Creppel, Jodie Moore, Colin Walker (II)

Dans un avenir proche, le monde civilisé est ravagé par une pandémie qui a transformé ses victimes en créatures assimilables à des zombies. La situation semble être contenu grâce au travail en commun des forces de l’ordre ayant imposé un état de quarantaine permanant et des médecins obligé d’éradiquer les malades qu’ils sont incapables de soigner. Mais, au fin fond du Missouri, la jeune Maggie se retrouve infectée suite à une morsure. Pour Wade, son père, voir sa fille ainsi condamnée va être un dur moment à passer.

Faire pleurer plutôt que frissonner

Il avait affronté un sorcier démoniaque, des robots polymorphes, des tueurs psychopathes, un extraterrestre surarmé, un Batman gay, des terroristes de tous bords, les services secrets martiens, un candidat démocrate… mais jamais encore Schwarzie n’a eu affaire à des zombies. Aux vues des nombreuses séries B que le sujet a suscité ces dernières années (même si, il faut le reconnaître, le phénomène s’est essoufflé), on pouvait craindre, ou espérer -c’est selon-, un film d’action aussi gore que testostéroné. Mais, pour son premier film, Henry Hobson a décidé de faire l’exact opposé. Que l’on apprécie ou non la série Walking Dead et ses scénarios mollassons, il faut lui reconnaître d’avoir su transformer le genre du film de zombie, que le cinéma main-stream pour adolescents avait privé de tout son pouvoir symbolique, en un support à des enjeux survivalistes et à des drames plus humains face à une forme de fatalité. C’est dans cette optique, que Maggie pose une hypothèse qui rompt avec les codes classiques du genre, faisant que la transformation de la victime infectée ne se fasse pas instantanément mais s’étende sur plusieurs semaines. Le défi était alors de faire de ces mort-vivants cannibales un argument de tragédie, auquel est venu se greffer une seconde difficulté, celui de donner à l’ancien Mister-Univers, maintenant âgé de plus de 66 ans, son premier rôle dramatique.

Un film de zombie qui emprunte plus à Terrence Malick qu’à George Romero

Le moins que l’on puisse de la construction du scénario conçu par Scott John est qu’elle respecte la règle des trois actes. Le premier tiers pose les enjeux et les règles de son univers tout en mettant le personnage de Wade face au déni de la mort annoncée de sa fille. Une partie dans laquelle Schwarzie est omniprésent, affronte ses voisins devenus des zombies dans l’unique scène d’action du film et s’achève sur un plan outrancier de sa larmichette quand il admet la fatalité. Dans le second tiers en revanche, Schwarzie est quasiment invisible et l’argument « zombie » devient obsolète puisqu’il se concentre sur le drame vécu par la jeune fille (interprétée par Abigail Breslin, celle-là même qui dézinguait des morts-vivants dans Zombieland) dans un traitement tire-larme certes émouvant mais où l’adolescente pourrait tout aussi bien souffrir d’un cancer du pancréas. Le dernier tiers, où se pose enfin la question sous-jacente de l’euthanasie, essaie de mêler à son drame intimiste des gimmicks de films d’horreur (justifié par le fait que Maggie ait achevé sa mutation), lui faisant perdre beaucoup de son intensité émotionnelle. L’ensemble est filmé dans de vastes décors champêtres, qui participent pour beaucoup à l’isolation du huis-clos, et dans des lumières crépusculaires purement magnifiques. Et pourtant le chef opérateur ne réussit pas à alterner ses scènes nocturnes et ses splendides couchers de soleil avec ses scènes plus lumineuses, celles-ci (et en particulier le plan final) apparaissant comme aussi laiteuses que des publicités pour Dove.

Une expérience d’acteur oubliable

Malgré l’idée ingénieuse de prendre à contre-pied la figure horrifique-qui-ne-fait-plus-peur-à-personne du zombie et l’image de Schwarzenegger, Maggie souffre d’une écriture et d’une mise en scène contemplative dont la lourdeur et l’inexpérience échouent à rendre l’histoire attendrissante. La prestation de l’acteur, qui a tellement tenu à participer au projet qu’il a participé à son financement, reste terriblement monolithique et laisse transparaitre un sentiment de malaise. Les deux plans où il pleure sont filmés avec une telle grossièreté qu’ils en sont d’un mauvais gout grotesque. Les amateurs du « Gouvernator » apprécieront de le voir essayer tant bien que mal d’être crédible dans ce rôle à contre-emploi. Tellement à contre-emploi que l’on ne peut s’empêcher de sourire en entendant un antagoniste lui lâcher un « I’ll be back ! ». Certaines images de son personnage errent seul dans les champs de blé au clair de lune pourront alimenter son album photo mais en aucun plaider en défense de son talent d’acteur. Si l’on était optimiste, on espérerait au moins qu’il aide à mettre définitivement fin à la mode des films de zombies grand public, mais c’est l’annonce d’un World War Z 2 qui vient enterrer nos espoir.

Nos attentes pour la sortie blu-ray

Une version courte du film…

Crédits Images : Metropolitan Films