Un logiciel de reconnaissance faciale, capable, en analysant l’expression du visage de l’enfant, d’évaluer son niveau de douleur, c’est l’alternative aux échelles d’évaluation déclaratives, proposée par une équipe de l’Université de Californie – San Diego. Un développement, présenté dans la revue Pediatrics, qui s’avère ici valide et plus objectif et précis que les échelles existantes et qui permet, désormais, de la « regarder en face ».
L’évaluation précise de la douleur, un principe fondamental de la prestation de soins : Le contrôle de la douleur est important, chez l’enfant comme chez l’adulte –et même plus chez l’enfant en bas âge, incapable encore de bien exprimer ses sensations. Ce contrôle par l’équipe de soins est important non seulement pour le confort du patient, mais aussi pour sa récupération. De précédentes études ont montré que le sous-traitement de la douleur est associé à des résultats chirurgicaux indésirables.
- Les difficultés de communication liées à l’âge vont rendre les méthodes d’évaluation de la douleur pédiatrique existante problématique. La norme de référence actuelle est basée sur l’auto-déclaration, les jeunes patients étant invités à préciser leur douleur sur une échelle de 0 à 10. Mais en pédiatrie, seule une minorité d’enfants peuvent répondre avec la précision nécessaire. Les plus jeunes n’ont pas encore développé les capacités cognitives et conceptuelles nécessaires.
- D’autres modes d’évaluations de la douleur clinique, par contribution des infirmières ou des parents, sont parfois utilisés à la place des échelles d’auto-évaluation. Cependant, plusieurs études ont montré que ces méthodes ne sont pas forcément fiables, en particulier chez les patients pédiatriques. Et si les parents sont généralement en phase avec les niveaux de douleur de leurs enfants, ils ne sont pas toujours disponibles.
- Enfin, dans un service, les moments de contrôles de la douleur sont planifiés, en général toutes les 4 à 8 heures en fonction de la sévérité de l’état du patient, et peuvent ne pas coïncider avec les moments de douleur aiguë nécessitant une intervention immédiate.
Les chercheurs ont testé le logiciel de vidéo en analysant les expressions faciales de 50 jeunes, âgés de 5 à 18 ans, qui avaient subi une appendicectomie laparoscopique à l’hôpital. Les chercheurs ont filmé les participants lors de 3 visites post-chirurgie, dans les 24 heures, suivant l’intervention, puis 1 jour plus tard, puis 2 à 4 semaines plus tard. L’équipe de recherche a déterminé la précision du logiciel vidéo par rapport à l’auto-déclaration par l’enfant et par rapport aux estimations par les parents et les infirmières. L’analyse en comparaison des autres évaluations, en particulier des données cliniques apportées par l’équipe de soin, montre que le logiciel apporte les » bons » niveaux de douleur pour chaque participant : » Dans l’ensemble, la technologie aboutit à des mesures cohérentes avec l’évaluation des parents et meilleures que les évaluations des infirmières. Elle montre aussi de fortes corrélations avec les scores auto-déclarés.
Au-delà de la précision, une mesure en continu : Le logiciel permet d’exploiter les données en temps réel et en continu permettant d’intervenir de manière plus cohérente et adaptée, et, en particulier,lorsque les parents ne sont pas disponibles pour alerter le personnel médical.
Le logiciel pourrait de plus être utilisé pour suivre d’autres formes de douleur clinique, comme la douleur chronique et chez des patients de tous âges. Il pourrait alors être facilement intégré dans les protocoles et processus cliniques et permettre d’améliorer encore la prise en charge de la douleur.
Source: Pediatrics (In Press) et UC San Diego Staring Pain in the Face – Software “Reads” Kids’ Expressions to Measure Pain Levels (Visuel@Courtesy of the UC San Diego School of Medicine)