Fumer du cannabis à l’adolescence a principalement été associé à des effets sur la structure même du cerveau -encore en développement- et à des conséquences néfastes sur les fonctions cognitives. Plus récemment, une étude présentée à l’European Congress of Endocrinology a élargi ses effets délétères au développement plus global, cérébral, mais aussi sexuel, avec une puberté plus précoce et physiologique, avec une taille plus petite. Face à un contexte de libéralisation croissante, les chercheurs de l’Université de Montréal et du CHU Sainte-Justine ont expérimenté des interventions pour prévenir, de réduire ou de retarder la consommation de cannabis chez les jeunes à risque.
L’étude a suivi, durant 2 ans, 1.038 jeunes britanniques, élèves de 3è, à risque élevé –déterminé selon un test d’évaluation de la personnalité- et leurs professeurs dans 21 écoles secondaires de Londres. Ces jeunes participants ont été invités à suivre 2 séances de thérapie cognitivo-comportementale de 90 minutes, adaptées à leur type de personnalité. Ces séances basées sur des scénarii réels expliqués par d’autres jeunes à risque étaient conçues pour donner des exemples de mécanismes de gestion du risque.
· 25 % des jeunes participants ont commencé à consommer du cannabis pendant l’étude,
· l’intervention est associée à
- une réduction de 33 % des taux de consommation de cannabis dans les 6 premiers mois,
- une réduction de la fréquence de consommation durant les 6 mois suivants,
- chez les jeunes à risque le plus élevé, à une réduction de 75 % des taux de consommation de cannabis pendant les 6 premiers mois puis une réduction importante de la fréquence dans les mois suivants.
Les chercheurs concluent que ce type de programme peut réellement permettre :
· de retarder l’âge de l’expérimentation,
· de réduire la fréquence de consommation chez les jeunes usagers,
· de prévenir la consommation chez les adolescents les plus à risque, » c’est-à-dire en recherche de sensations fortes « .
Quelques traits de personnalité
· » amateur de sensations fortes « ,
· Niveau faible d’inhibitions,
· faible tolérance à l’ennui, sont donc confirmés comme prédisposant à la consommation, cependant les chercheurs envisagent d’autres recherches pour préciser les motivations et élaborer des programmes d’intervention encore plus ciblés.
Mais d’ores et déjà, preuve est faite de l’efficacité possible d’interventions brèves et ciblées, effectuées par des professeurs formés, capables de freiner l’expérimentation et la consommation des jeunes.
Source:Addiction May, 2015 DOI: 10.1111/add.12991Can Cannabis Use be Prevented by Targeting Personality Risk in Schools? 24-Month Outcome of the Adventure Trial on Cannabis Use: A Cluster Randomized Controlled Trial et Communiqué UdeM La consommation de cannabis peut être prévenue, réduite ou retardée (Visuel Fotolia)
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