Quatrième de couverture :
J’ai souvent repensé à la mise en place du piège qui allait se refermer sur nous. À cet étrange ballet à quatre, dans lequel parfois s’immisçait un étranger. À ces va-et-vient d’une maison à l’autre, du jardin à la chambre, de la fraîcheur de la véranda à la chaleur de la plage ; ces déplacements infimes que nous accomplissions et qui tissaient à leur manière une toile où nous allions nous empêtrer. À cette langueur de juillet, lorsqu’on succombe à la paresse et que le désir s’insinue. À ces abandons progressifs : de la morale, du discernement, du sens commun. Nous aurions pu facilement tout empêcher mais aucun d’entre nous n’a pris la décision d’arrêter la machine folle. Aucun d’entre nous n’y a songé. »
Dans le registre implacable de la tragédie, Philippe Besson revisite la règle des trois unités : de lieu, de temps et d’action. Racontant la façon, à la fois désinvolte et rageuse, dont un jeune homme passe imperceptiblement de l’hostilité sourde à la haine pure et dangereuse envers son père, il nous offre un roman tout en nuances et en violence contenue.
Il y a du drame et de l'émotion dans ce roman qui tient le lecteur en haleine et ne le lâche plus jusqu'à la dernière page. Confrontation, opposition entre un père et un fils qui se retrouvent pour des vacances d'été dans la maison familiale. Un huis clos oppressant et qui va mal finir.
La citation :
À l’adolescence, d’ordinaire, on ne contient pas ses fureurs. On les exprime. Même dans le désordre, même en se montrant injuste. On est dans la véhémence. Sans se soucier de renverser les tables. De causer des dégâts
Ce que j’en pense :
Même si malheureusement Philippe Besson ne reviendra sans doute jamais aux grandes réussites littéraires de ses débuts ( Un garçon d’Italie, En l'absence des hommes, Son frère), son avant dernier roman- avant Vivre vite publié chez Julliard en début 2015, La Maison Atlantique que j’ai lu en poche- paru en début d'année chez 10/18- lors de mes dernières vacances ( un roman à lire à la plage, pour être encore plus aux prises avec l’ambiance de l’intrigue) est plutôt un bon cru d’un auteur qui nous a habitué à quelques romans assez ratés, particulièrement superficiels et peu crédibles.
Ici, ce huis clos entre un père et son fils dans le cadre pourtant idéal d’une maison de vacances sur la façade atlantique fonctionne pas mal du tout. En effet, ce père et de son fils se retrouvent dans la maison familiale pour renouer des liens distendus (le fils accuse à demi mot le père d’avoir été responsable du suicide de la mère du garçon), mais qui vont être perturbés par l'arrivée d'un couple dans la maison voisine, car le père ne pourra s’empêcher de jouer de son charme de séducteur pour détruire le couple au grand dam de son fils, témoin impuissant et malheureux du drame qui se joue.
Le roman vire parfois à l’exercice de style un peu hitchcockien mais il n’empêche : on est pris par le mécanisme d’engrenage mis au point par Besson et on tourne les pages avec grand intérêt, impatient de connaitre le dénouement qu’on devinera forcément tragique. Une écriture plus simple que d’habitude pour de courts chapitres qui font habilement monter la pression et un vrai plaisir de lecture à conseiller pour cet été que vous les passiez sur l’Atlantique ou ailleurs !!