A l'heure où l'on parle beaucoup d'alléger les programmes scolaires du Latin et du Grec, voici une occasion rêvée d'aller admirer les trésors découverts dans les tombes aristocratiques de Bulgarie pour se replonger aux sources mêmes de notre civilisation occidentale. Une façon aussi de changer notre regard sur cette région d'Europe à la réputation bien flétrie par sa longue période sous domination soviétique mais qui joua jadis un rôle commercial important au carrefour des mondes perse, macédonien, grec, romain et enfin celte.
L'histoire de la Thrace antique - région située au nord de la mer Egée, à l'ouest de la mer noire, entre Grecs, Macédoniens, Perses et Scythes - qui nous est contée ici couvre la période de 479 avant J-C (bataille de Platées, fin des guerres médiques et départ des Perses) à 278 avant J-C et l'arrivée des Celtes.
Les guerres médiques : cela ne dit plus rien à personne ... Pour moi, il reste un souvenir littéraire vraiment confus. Mais qui remonte à la surface : l'Anabase de Xenophon, les récits d'Hérodote, Thucydide ...
Evidemment, cela date d'un autre siècle mais c'était tellement dépaysant !
C'est la culture hellène qui domine, dans les décors des poteries comme dans la sculpture, mais on voit aussi l'influence perse achéménide. Le royaume des Odryses mis en lumière ar l'exposition est l'un des mieux structurés : il noue des alliances avec les Macédoniens, les colonies greques, puis combat aux côtés d'Alexandre le grand.
On reste confondu devant la richesse et l'habileté des artisans qui conçurent ces merveilleux objets commandés par une aristocratie guerrière et raffinée : bijoux, couronnes de feuilles de chêne en or arachnéennes (à fixer sur les casques de combat ou de parade), armes - des casques et des cnémides (protège-tibias) en argent et incrutations d'or - colliers de perles ouvragées, jetons de jeu, articles de toilette ... Moi qui suis fan de joaillerie, je remarque la parenté des formes à travers les siècles. Dans une vitrine, on remarque aussi une série d'appliques d'harnachement (à détailler ...ici à droite) en argent doré du milieu du IVème siècle, tout à fait étonnantes.
La pièce la plus spectaculaire - avec la vitrine chargée d'une vaisselle d'or absolument fantastique, avec des rytons (vases à vin en forme de corne) à têtes d'animaux - est la tête en bronze grandeur nature du roi Seuthès III. Il vous regarde de ses yeux en pâte de verre, sa barbe et se cheveux ondulés ont l'air de vibrer ... Saisissante.
Un petit regret cependant : l'espace dévolu à une telle exposition par le plus grand musée du monde est vraiment restreint. On manque d'air ... Impression d'étouffement déjà ressenti lors de la visite de l'exposition consacrée récemment à Rhodes.
L'épopée des rois thraces, découvertes archéologiques en Bulgarie, jusqu'au 20 juillet au musée du Louvre, espace Richelieu, fermé le mardi.