Les interprètes salariés de l’Institut des Jeunes Sourds de Bourg-la-Reine (dont je fais partie) se sont mis en grève samedi 30 mai.
C’est une première dans l’histoire de cet Institut et un évènement très rare pour notre profession.
Décider de ne pas traduire une journée durant laquelle les parents viennent rencontrer les équipes pédagogiques (journée nommée « Recueil des Attentes ») pour faire le bilan de l’année écoulée et envisager l’avenir pour leurs enfants ne se prend pas sur un coup de tête.
Depuis plusieurs mois, les interprètes F/LSF réclament auprès de la direction de l’association Œuvres d’Avenir, qui chapeaute l’Institut, une hausse de leurs rémunérations et une évolution de leur statut.
Comme dans la majorité de ces Instituts, les interprètes en langue des signes dépendent de la Convention 66 : lors d’un entretien d’embauche, il est demandé à l’interprète d’être titulaire d’un diplôme de niveau I – master 2 (bac + 5) d’interprétation en langue des signes (ce qui est logique). Pourtant sa rémunération continue d’être alignée sur des métiers de niveau III (bac + 2) soit moins de 1300€ net par mois pour un jeune diplômé.
Des courriers ont été rédigés, une réunion a eu lieu, différents organismes ont été interpellés (Agence Régionale de la Santé, Conseil régional…) mais à ce jour rien. Pas une proposition concrète, pas de calendrier sur des évolutions possibles, pas de chiffrages des possibilités financières de l’Association.
Rien sauf une vague promesse « d’essayer d’évoquer la question lors d’une future rencontre avec l’Agence Régionale de la Santé ».
Pourtant en Ile-de-France, les interprètes en langue des signes travaillant dans d’autres instituts ont pu renégocier depuis longtemps leur salaire et statut à la hausse. D’où cet appel à la grève, samedi 30 mai qui fut suivi à 100% par les interprètes salariés. Ils ont profité de leur présence dans l’établissement pour informer les autres professionnels (professeurs, corps médical, employés et cadres administratifs…) , les familles et les élèves sur les motifs de cette grève et de la légitimité de ce combat.
Ce n’est qu’une première étape et ce mouvement a d’abord permis de montrer à la direction la volonté de voir aboutir leurs revendications au plus vite et pour commencer, que ces exigences soient inscrites à l’ordre du jour de la prochaine réunion qui aura lieu entre Œuvres d’Avenir et l’Agence Régionale de la Santé (ARS) début Juillet.
Vous pouvez soutenir leur action en signant la pétition en ligne :
http://ppfr.it/ilsengreve