Comme tout cela est filmé par le réalisateur de chefs d'oeuvre comme La revanche d'une blonde, on se doute dès le début que Las Vegas 21 ne fera ni dans la réflexion psychologique (qui est le joueur, pourquoi il joue, que traduisent ses décisions), ni dans le film noir. Problème : même en s'attendant à voir un divertissement familial, on ne peut qu'être consterné par la fadeur d'un tel produit, qui mêle réalisation vaguement clippesque (ralentis, images saccadées, gimmicks en tous genres) et scénario proprement stupide. Car oui, il y a un twist final, et il est à peu près aussi mauvais et prévisible que celui du consternant Ca$h. Les deux films partagent d'ailleurs ce même esprit fait de coolitude forcée et de fausse noirceur très téléfilmique. Comme s'il suffisait de parler d'arnaque et/ou de casino pour séduire le public. Résultat : mené par le transparent Jim Sturgess (dont la prestation gâchait récemment la comédie musicale beatlesienne Across the universe), lui-même mal entouré par des acteurs aussi peu charismatiques que Kate Bosworth, Las Vegas 21 est un film tout flasque, qui étale des rebondissements foireux sur deux longues heures de vide pathétique. Il est toujours douloureux de voir un type comme Kevin Spacey perdre son temps avec ce genre de projet, lui qui tend à se faire rare à l'écran. En gentil mentor qui finit évidemment par dévoiler sa face sombre (de toute façon, c'est dans la bande-annonce), il semble s'ennuyer autant que nous, même lorsqu'il s'amuse à porter la perruque.
Ni les amoureux des maths ni les fans de black jack ne trouveront leur compte devant ce spectacle insignifiant qui réduit les sciences à une simple affaire de chiffres et les cartes à une simple affaire... de cartes (alors que c'est bien plus que ça). S'il existait un panthéon des films de flambe, Las Vegas 21 resterait éternellement à la porte, ce qui laisserait peut-être assez de temps à Luketic et ses sbires pour comprendre qu'il ne faut pas prendre le spectateur pour un ahuri.
2/10