« Là-bas, on serait à l’abri. Une angoisse fugitive se lisait sous le hâle des visages : dire qu’il faudrait sans trêve partir à la recherche d’un endroit que la guerre avait épargné et que ces oasis deviendraient de plus en plus rares… Sur la Côte, le rationnement commençait. Ne penser à rien pour ne pas perdre le moral. Ces journées oisives vous donnaient parfois la sensation d’être en résidence surveillée. On devait faire le vide dans sa tête. Se laisser doucement engourdir par le soleil et le balancement des palmiers sous la brise… Fermer les yeux. »
Patrick Modiano, Voyage de noces, Gallimard, ed p.57