Découvrir un nouveau poète
c’est comme découvrir une nouvelle fleur sauvage
dehors dans les bois. On ne trouve pas
son nom dans les livres sur les fleurs, et
aucun de vos interlocuteurs ne croit
à sa couleur étrange ou à sa façon
de laisser ses feuilles pousser en rangées évasées
sur toute la longueur de la page. De fait
la page elle-même sent le vin rouge
renversé et le moisi comme la mer
les jours de brume – l’odeur de la vérité
et du mensonge.
Et les mots sont si familiers,
si étrangement nouveaux, des mots
que vous auriez pu quasiment écrire vous-même, si seulement
il y avait eu dans votre rêve un crayon
ou une plume ou même un pinceau,
si seulement il y avait eu une fleur.
*
Finding a new poet
is like finding a new wildflower
out in the woods. You don’t see
its name in the flower books, and
nobody you tell believes
in its odd color or the way
its leaves grow in splayed rows
down the whole length of the page. In fact
the very page smells of spilled
red wine and the mustiness of the sea
on a foggy day – the odor of truth
and of lying.
And the words are so familiar,
so strangely new, words
you almost wrote yourself, if only
in your dream there had been a pencil
or a pen or even a paintbrush,
if only there had been a flower.
***
Linda Pastan (née à New York en 1932) – Heroes in Disguise (1991) – Traduit de l’anglais par Raymond Farina