Yvan Hladky
Accepter son propre enjeu, ce n'est pas si simple.
Naturellement, chacun de nous se considère comme un auteur méconnu, jamais aperçu par les scouts littéraires, critiques, éditeurs ou lecteurs possibles. Comment çà ? Moi non. En priorité l'on doit vouloir, non pour être imprimé à tout prix, mais pour se prouver à soi-même qu'on peut le faire. Lutter contre sa propre insignifiance offensive, se dire, " C'est une lutte, un Le rédacteur m'a supplié la dernière fois que je l'ai rencontré en juin dernier de lui confier enfin des extraits existants de mes Tmon stylo Parker Arrow, de ma montre Rosskopf, les lacets trop longs des chaussures du brocanteur, le portail de l'Institut des relations internationales, la description du vieux resto des vents aujourd'hui inexistante de la gare de Salvator Dali, à ma place préférée de la terrasse Vas-y, ne crois-tu pas que tu es meilleur que celui-là qui vient de gagner le Prix Goncourt ? " Oui, si l'on peut se permettre de vraiment le vouloir, il faut y croire et l'on verra bien. Voilà je vous avoue, j'écris un livre déjà attendu, pressé par mon rédacteur et éditeur... Je l'ai dans ma tête ce livre, je peux feuilleter les quelques 200 premières pages, voir les chapitres et même caresser la reliure de mon bouquin virtuel. Elle existe alors que dans ma tête, cette œuvre tant attendue. Un jour, j'ai dicté les résumés de 12 ou 13 chapitres au long d'une nuit, je l'ai fait. Mais pourquoi devrais-je vraiment écrire, formater et imprimer ? Pourquoi ? Combat intérieur comme l'a défini Georges Bataille, un de mes auteurs préférés. Naturellement j'ai plusieurs auteurs préférés, je les garde dans ma bibliothèque et dans ma tête, et si j'ai atteint un équilibre entre le " mien et l'acquis " j'offre spontanément le livre (Le Procès de Kafka en scénario d'André Gide par exemple) à quelqu'un afin qu'il puisse en profiter lui aussi. De cette façon je participe comme je peux à une certaine intertextualité des idées à publier. Kunst die Dinge ruhen zu lassen. L'art de laisser les choses reposer. Les chapitres existent, même les détails minuscules des vêtements des personnes, les marques de ransports-éclair (C'est le titre de mon livre) pour les publier dans une revue réputée. Alors voyons, j'en parle trop et je ne fais rien ? Non, un autre, Arthur Schopenhauer, m'a soufflé une sage idée de Balthasaar Gracian : Et alors, pour ce vertige de posséder, mais pas l'écrire encore, nous payons ce que j'appelle l'impôt sur la valeur ajoutée. L'on le porte avec soi-même, l'on en prouve la transtextualité, les syllogismes postmodernes... En bref, c'est une construction compliquée, mais il faut l'avoir dans la tête. Et un jour, disons à Perpignan sur la Rose Au chat, de même que le discours avec mon grand père, un garçon de dix-neuf ans en 1881, pour alarmer les pompiers avant d'arriver sur le Pont Ferdinand 1 er. Tout le voyage de Perpignan à Vienne, les wagons de l'époque 1880, les voyageurs de mon compartiment, le chapeau à plume de faisan de la dame aux yeux verts, oui tout ceci existe, je peux m'en souvenir, parce que c'est mon vécu dont je fais le compte-rendu littéraire. Je préfère le laisser reposer encore. Et, voilà, vécu, peu de fiction, les aventures que je porte en moi, se sont déroulées comme je vais l'écrire... Naturellement chacun aurait pu l'écrire, s'il m'avait accompagné pendant ce voyage durant quelques secondes seulement. la Contrescarpe , toutes ces places sont dignes d'être présentes à la naissance de mon livre. Un livre pour un seul lecteur, pour quelqu'un quelque part ? Non cette fois-ci pour être lu par tous et toutes. Aux deux Magots, même Le Luxembourg avec la vue ouverte sur la rue Soufflot, L'Irlandais à
Ici un petit extrait pour voir si la préface future va déjà retenir l'attention du lecteur, c'est à dire la vôtre :
Le besoin d'écrire l'indicible, l'expérience de l'instant, tout cela s'amasse un certain temps, inexprimé, au fond de notre conscience dormante.Le vertige palpitant mon dos, ma feuille de papier sous mon nez, mon bic à la main, je vais l'écrire, mon livre à moi, bien à moi. Tout d'un coup de foudre une éruption du volcan intérieur s'empare de vous hors de vous.Prenez vite un BIC pour noter cette idée sur le bord d'un journal au café du coin et vous deviendrez l'esclave de votre propre texte. Ecrire à Perpignan ? Oui, quandil faut écrire. Mais écrire quoi ? Ce qu'on attend de vous, ce que serait conforme aux normes d'une société restrictive, fasciste, communiste, ultra religieuse ou celle des lois du marché, société démocratique ? Pour faire fortune avec mes écrits, et me permettre le luxe d'un footballeur ou d'un tennismen ? Ou écrire de-soi pour-soi, pour un seul lecteur, pour quelqu'un quelque part ? La "vraie" littérature n'a que peu de thèmes : L'amour, 'érotisme, solitude, angoisse, mal, le miroir intérieur du bonheur et malheur, tout autre risque de devenir un amas de banalités ou de fausses glorifications. Tout est permis, il n'y a pas de règles à respecter sauf l'orthographe. Le "vrai auteur" doit avoir l'audace de prouver à lui-même la vérité de ses propres pensées, son intérieur occulte et accepter son propre enjeu, les dés sont jetés, autrement son oeuvre n'est absolument rien. Ecrire son angoisse, écrire son vertige. Se submerger dans l'écriture, ne jamais remonter, la trappe est refermée, il n'y a pas de sortie de secours, votre texte s'empare de vous. Nous devons payer pour chaque volupté. La liberté d'écrire ce qu'on entend de son intérieur le plus profond a un haut prix, des fois même capital. Ne jamais se prostituer pour plaire ! Nous sommes l'enjeu, la victoire et la perte. L'écriture "et" le vertige. L'écriture "est" le vertige !
Les idées de création de ce roman-nouvelle et les extraits publiés en avant-première ne sont que des impulsions à être traitées pour obtenir un effet de transtextualité postmoderne. Mais attention, voir la note suivante :
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